François Hollande en Ariège pour rencontrer les éleveurs et anti-ours

Présent hier soir à Foix pour une réunion publique, François Hollande, candidat aux primaires de la gauche, était ce matin à Auzat. Il a d'abord visité l'ancien site industriel de Péchiney avant de rencontrer des éleveurs de montagne dans une estive. Appelant à une concertation sur la question de l'ours, il a appelé au développement des activités montagnardes et éludé le cas DSK.

Mercredi soir, plus de 300 personnes avaient assisté à Foix à sa réunion publique. Ce jeudi matin, à l'invitation des élus, et notamment du maire d'Auzat Bernard Piquemal, François Hollande s'est rendu sur le site de l'ancienne usine Péchiney. Cette vallée, menacée par la suppression des services publics, a vécu pendant plus de 100 ans autour de cette fabrique d'aluminium qui a représentée jusqu'à 95% des emplois de la vallée. Abandonné en 2003, le site est aujourd'hui une base de sports et de loisirs. Sur la piste d'athlétisme entourant le terrain synthétique, l'ancien premier secrétaire du Parti Socialiste, clairement en campagne, s'est exclamé : "Je suis engagé dans un autre type de course".

Il a ensuite visité le plus grand mur d'escalade des Pyrénées et a salué "les efforts et le choix fait pour redynamiser une vallée délaissée par une industrie qui avait façonnée le pays". Malgré un pas rapide du fait d'un calendrier chargé, le président du Conseil général de Corrèze, en meeting à Colombes ce jeudi soir, s'est montré très accessible, acceptant les photographies avec le sourire. Entouré notamment du conseiller général Henri Nayrou, du conseiller régional Marc Carballido et du sénateur Jean-Pierre Bel, mais en l'absence de Kader Arif, son principal soutien dans la région, François Hollande est ensuite allé à la rencontre des éleveurs dans une estive à 1 500 mètres d'altitude, sur le site de Carla. Un nom qui n'a pas manqué de le faire sourire.

Médaillé par la confrérie des bergers

François Hollande a été accueilli par des chants de bergers. Interpellé sur l'introduction de l'ours, la préservation de la biodiversité, les problématiques d'aménagement du territoire et d'économie rurale, il est apparu très à l'écoute. "Le rôle d'un candidat n'est pas seulement de faire des propositions ou des promesses, c'est de comprendre des réalités. Il n'est pas possible d'intervenir sur la montagne, le pastoralisme ou le développement économique s'il n'y a pas discussion. Une campagne électorale, c'est une démarche de dialogue et ensuite de prise de responsabilité", a-t-il expliqué. Avant de recevoir une médaille de la confrérie des bergers, le candidat n'a pas résisté à ironiser sur son parcours, affirmant "avoir été berger d'un parti politique, ce qui est un peu différent même s'il y avait quelques brebis égarées".

Reprenant un air plus sérieux, François Hollande a ensuite rappelé que "le grand enjeu est l'attractivité de ces territoires, qui sont une richesse pour le pays". Il a ainsi encouragé le développement d'activités industrielles, commerciales, artisanales, agricoles et surtout touristiques. "En venant ici, je voulais démontrer que dans ce haut lieu de la montagne pyrénéenne, il pouvait y avoir conciliation entre plusieurs activités dont le pastoralisme. Sur un sujet comme celui de l'ours, il existe même si ce n'est pas celui qui passionne le plus nos concitoyens et il est vécu parfois douloureusement par les gens de la région. Il faut une concertation pour éviter les conflits."

"Ne pas se servir de l'agriculture
comme d'une variable d'ajustement"

François Hollande a également souligné l'importance de l'homme et du pastoralisme dans la préservation des paysages montagnards, déclarant notamment qu'"il ne faut pas opposer écologie et agriculture". Des propos qui ont plu à Philippe Lacube, l'un des éleveurs venus parler avec le candidat : "Ce qui m'intéresse, c'est qu'il place l'homme au centre de la nature, car l'homme ici est exemplaire. Les Pyrénées sont la zone qui compte le plus de sites Natura 2000 en Europe."

D'après François Hollande, "on voit bien le potentiel touristique, écologique, économique. C'est pourquoi il faut une politique publique qui doit être tracée par l'État. Nous devons montrer que la montagne est un territoire vivant. La montagne doit être une zone de vitalité sur le plan économique, touristique, agricole et notamment pastoral car la production ovine est en danger depuis plusieurs années." Interrogé sur une possible politique protectionniste, François Hollande a expliqué qu'il ne fallait pas "se servir de l'agriculture comme d'une variable d'ajustement des grandes négociations commerciales comme c'est souvent le cas. Il faut que nous ayons non seulement de l'autosuffisance mais aussi que nous puissions exporter en misant sur la qualité."

Le candidat PS n'a pas souhaité réagir à l'affaire DSK, estimant que ces questions ne faisaient pas partie de la campagne présidentielle. Il a gouté à quelques spécialités locales avant de partir au son des chants de berger. Pour Jean-Pierre Bel, sénateur d'Ariège et président du groupe socialiste au Sénat, "cette visite est un grand bonheur parce que je suis très attaché à cette région. Voir quelqu'un qui représente beaucoup d'espérance se déplacer dans un lieu aussi reculé et qui montre qu'il est préoccupé par les difficultés, sans pensée électoraliste puisque la région est très peu peuplée, cela montre ses qualités humaines."

Paul Périé

En photo : François Hollande en discussion avec un éleveur, aux côtés d'Alain Duran, conseiller général de Tarascon et de Bernard Piquemal, maire d'Auzat (© Rémi Benoit)

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