"J'adore les défis impossibles", lâche avec un grand sourire le secrétaire national du parti Les Républicains. La nouvelle tête de liste LR pour les élections régionales en Occitanie, Aurélien Pradié, sait à quoi s'attendre s'il veut obtenir la présidence de cette région qui penche plutôt à gauche : réaliser une remontada. Celui que tous les sondages donnent en troisième position, avec 13 à 14% des intentions de votes, est assez loin du duo dominant, représenté par la présidente socialiste sortante Carole Delga et le candidat du Rassemblement National, l'eurodéputé Jean-Paul Garraud. Tous deux sont crédités, en moyenne, d'au moins une douzaine de points supplémentaires en comparaison au candidat LR.
Mais pour ce dernier, ce premier tour en Occitanie s'apparente avant tout à une primaire des droites qui ne dit pas son nom. Pour prendre le statut de "seule alternative crédible à Carole Delga" qu'il revendique, Aurélien Pradié devra se défaire de la liste du candidat Vincent Terrail-Novès, soutenu par La République En Marche (10 à 11% des intentions de votes), et surtout affaiblir celle du candidat RN.
"Ce n'est pas le moment de se disperser dans des aventures qui n'ont pas d'avenir. Quand on se présente comme un candidat sans étiquette, tout en voulant masquer le soutien de LREM, c'est une aventure sans avenir. Un candidat du RN qui masque qu'il est du RN pour cacher son extrémisme (leur candidat est un ancien du parti LR, ndlr), c'est aussi une candidature sans avenir. L'objectif de l'extrême droite est de faire un coup politique sur le dos des habitants de l'Occitanie (...) Avec un projet sérieux et travaillé, je suis certain qu'au deuxième tour c'est avec nous que le match se jouera", lance Aurélien Pradié, à la tête de la liste "Du courage pour l'Occitanie!".
Une élection dans l'élection que le maire (LR) de Toulouse et soutien au candidat de sa famille politique, Jean-Luc Moudenc, regrette "à titre personnel". "J'aurais préféré qu'il y ait une grande union comme nous l'avons fait lors des élections municipales à Toulouse. Mais dès l'été dernier, les deux formations m'ont partagé une volonté différente", ajoute Jean-Luc Moudenc. Une fois ce choix arrêté, la stratégie de l'entre-deux tours l'est également.
Jean-Luc Moudenc et Aurélien Pradié ont affiché leur union, lundi 15 mars, à Toulouse (Crédits : Rémi Benoit).
"Les listes que nous présenterons au premier tour seront les mêmes qu'au second, par respect pour les électeurs. Il n'y aura pas de tambouille politique dans l'entre-deux tours et j'insiste sur ce point. D'ailleurs, j'invite les autres candidats à annoncer clairement leurs intentions à ce sujet", pointe du doigt Aurélien Pradié, en référence à une gauche dispersée au premier tour alors qu'elle pourrait fusionner au second en fonction du contexte politique.
"Il est temps d'avoir une respiration"
Cette gauche qu'il sous-entend sans la nommer, il l'attaque aussi quand il s'agit de la gestion de la nouvelle grande région opérée en 2016. "Dans sa gestion, cette fusion a été ratée", lance Aurélien Pradié. Et pour cela, celui qui est aussi député du Lot s'appuie notamment sur un rapport de la Cour des comptes à ce sujet.
"La situation de monopole politique n'est bonne pour personne... Lorsque pendant près d'un quart de siècle, vous gérez entre amis, vous prenez forcément des mauvaises habitudes. Donc, il est temps d'avoir une respiration. Je ferai des propositions très concrètes pour assainir la gestion de la collectivité. Mais un exemple illustre cette mauvaise gestion. Le niveau d'endettement de cette région depuis le début du mandat de Carole Delga a bondi de 48%. Ce n'est pas un petit sujet car il réduit les marges de manoeuvre futures", regrette le candidat de la droite.
Parmi ces propositions à venir, l'une d'entre-elles concerna l'aménagement "d'un des deux hôtels de région à Toulouse et Montpellier, voire les deux", pour accueillir les assemblées plénières de la région Occitanie. Aujourd'hui, chaque rassemblement des élus régionaux coûte plusieurs centaines de milliers d'euros chaque année à la collectivité en raison de la location d'une salle adaptée.
"Mais les économies générées n'ont d'intérêt que pour investir utilement par la suite", ajoute Aurélien Pradié. Le candidat à la présidence de l'Occitanie veut ainsi ériger "trois grandes causes régionales qui mobiliseront toutes les forces du territoire". La première d'entre elles sera le handicap. Pour cette raison, le premier déplacement de campagne officiel du candidat aux élections régionales en Occitanie s'est déroulé à l'Institut des Jeunes Aveugles de Toulouse. Les deux autres grandes causes seront connues au fil de la campagne.
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