Grandes et petites manœuvres chez Les Républicains 31 à la veille de l'élection interne

Le 31 janvier prochain, pour la première fois, les adhérents Les Républicains voteront pour élire directement leur président de fédération. En Haute-Garonne, la présidente par intérim Laurence Arribagé est pour l'heure la seule candidate en lice. Mais les scores décevants de la droite aux régionales ont laissé des traces. Ses adversaires politiques demandent une nouvelle gouvernance tandis que les élus ont déjà les yeux rivés sur les législatives de 2017.
Laurence Arribagé est présidente par intérim de la fédération Les Républicains 31 depuis juin 2015 après le départ du maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc.

C'est un scrutin inédit au sein du parti Les Républicains. Dans trois semaines, les adhérents seront invités à élire leur président de fédération. Jusqu'à présent, les adhérents votaient pour leurs délégués de circonscription, qui élisaient à leur tour le président. Désormais, pour se présenter en Haute-Garonne, les candidats doivent réunir les parrainages d'au moins 5 % des adhérents à jour de leur cotisation sur au moins la moitié des 10 circonscriptions du département, soit 182 parrainages. Alors que les candidatures seront closes lundi 11 janvier dans l'après-midi, Laurence Arribagé, présidente par intérim de la fédération depuis le départ en juin 2015 de Jean-Luc Moudenc, est pour l'instant la seule à être allée au bout de la démarche. Si a priori l'issue du scrutin du 31 janvier s'annonce sans suspense, la fédération de Haute-Garonne se trouve pourtant dans une situation délicate. Et l'autorité de sa présidente, remise en cause.

Le poids des défaites électorales

Première source de crispation : les résultats décevants de la droite aux élections régionales des 6 et 13 décembre derniers. Au soir du premier tour, Dominique Reynié, la tête de liste régionale LR est arrivé en troisième position au premier tour avec 18,84 % des voix en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées derrière Louis Aliot et Carole Delga. C'est le deuxième plus mauvais score des Républicains en France après celui de la Corse et la région est la seule où la droite est en troisième position dans une triangulaire avec le Front National. En Haute-Garonne, la liste menée par Vincent Terrail-Novès et Élisabeth Pouchelon a réalisé 21 % des voix au second tour, cinq points derrière le candidat FN Louis Aliot et plus de 30 points derrière la socialiste Carole Delga.

Au soir du premier tour, dans le QG toulousain de Dominique Reynié, ni le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc, ni Laurence Arribagé, ni Vincent Terrail-Novès n'étaient présents au moment où le chef de file régional exprimait sa "déception évidente" face au score de la droite. Dans l'entre-deux-tours, les cadres locaux du parti avaient cependant affiché publiquement leur soutien à la liste d'union de la droite.

Une gouvernance remise en cause

Dès le 18 décembre, la conseillère régionale LR Élisabeth Pouchelon a annoncé sa démission de son poste de déléguée de la 9e circonscription de Haute-Garonne. "Entièrement concentrée sur la campagne des régionales ces derniers mois, je n'ai jamais voulu polémiquer, mais le fonctionnement du bureau de la fédération des Républicains 31 a profondément changé depuis le départ de Jean-Luc Moudenc", a-t-elle expliqué dans une lettre envoyée aux adhérents. Malgré ces attaques visant directement Laurence Arribagé, Élisabeth Pouchelon n'a pas voulu  se présenter aux élections des instances départementales : "Je me suis mise en retrait du parti et je ne souhaite pas commenter ces élections internes".

Elisabeth Pouchelon n'est pas la seule à formuler des critiques sur le fonctionnement de son parti dans le département.

"Quand je vois aujourd'hui tout ce qui se passe autour du parti Les Républicains j'ai plutôt envie de m'en détacher que de m'y impliquer", lance de son côté Vincent Terrail-Novès, maire LR de Balma et conseiller régional.

Préférant se concentrer sur son mandat municipal, l'élu indique qu'il "n'a aucun intérêt à présenter sa candidature à la présidence de la fédération", mais n'épargne pas le mode de gouvernance mis en place par Laurence Arribagé : "Lorsque Philippe Douste-Blazy présidait la fédération, le bureau politique se réunissait régulièrement pour débattre de la ligne politique. Ce n'est pas le cas actuellement. Il ne suffit pas de lancer un appel à l'unité pour avancer, il faut aussi entendre les différentes sensibilités politiques représentées au sein du parti".

Une Lettre anonyme

Une lettre anonyme postée le 31 décembre et signée "d'un groupe d'adhérents et de militants indignés et révoltés" va beaucoup plus loin dans la critique. Intitulé "Lettre ouverte à une héritière en politique", ce courrier a été envoyé à plusieurs rédactions toulousaines dont La Tribune Toulouse mais la fédération LR 31 affirme ne pas l'avoir reçu.

La lettre reproche à Laurence Arribagé "un soviétisme et le laisser-aller" dans la gouvernance, estimant que "le capital politique exceptionnel reçu (de Jean-Luc Moudenc, NDLR) se déprécie tragiquement" avec "une forte baisse du nombre d'adhérents LR 31". Ses détracteurs lui reprochent également les résultats des élections départementales et régionales et demandent sa démission.

La défense de Laurence Arribagé

En tout cas, de son côté, Laurence Arribagé dénonce dans une interview accordée à La Tribune Toulouse "des critiques infondées" :

"Employer les mots "soviétisme" ou "autoritaire", c'est bien mal me connaître. D'ailleurs, on me reproche souvent de ne pas être assez autoritaire. La défaite n'est jamais le fait d'une seule personne, surtout sur un scrutin de liste. Je préférerais voir ces gens qui critiquent anonymement faire des propositions et me dire les choses en face".

Laurence Arribagé ajoute : "Le nombre d'adhérents reste constant malgré des épisodes nationaux qui auraient pu nous desservir, comme en 2012. En Haute-Garonne, nous avons 3 771 adhérents à jour au 31 décembre 2015 sachant qu'en 2014, nous étions à 3 550 adhérents".

Par ailleurs, elle promet des changements dans la gouvernance :

"J'aimerais une rencontre avec les adhérents au moins une fois par an dans chaque circonscription. Je souhaite aussi réunir le bureau politique une à deux fois par mois pour fixer le cap. Je m'engage aussi à rendre publics les comptes de la fédération et les cotisations des élus. Ce que l'on demande aux autres, il est important de se l'appliquer à soi-même."

Cette dernière proposition cible certains de ses adversaires politiques. En effet, selon l'entourage de la députée, Élisabeth Pouchelon n'est plus à jour de sa cotisation d'élue depuis deux ans et le maire de Balma Vincent Terrail-Novès n'est, lui, à jour que de sa cotisation de conseiller régional, mais pas de son mandat municipal. "Mon élection à la mairie, je ne la dois pas à la fédération, rétorque-t-il. Les seuls à être venus me soutenir pendant la campagne des municipales, ce sont les adhérents de l'UDI".

Les législatives de 2017 déjà en ligne de mire

Si les esprits se crispent autour de ces élections internes, c'est que les élus locaux commencent déjà à placer leurs pions en vue des élections législatives de 2017. Selon Laurence Arribagé, "il faut entrer dans une période de recrutement. Très vite, il faudra identifier des candidats pour chaque circonscription. Pour l'instant, je suis la seule parlementaire sur dix circonscriptions. Avec une alternance politique en 2017, nous aurons des chances de remporter de nouvelles circonscriptions. Mais encore une fois, il ne faut pas désigner les candidats quatre mois auparavant".

Surtout, en cas de victoire de la droite aux élections présidentielles, Laurence Arribagé, députée et membre du bureau national des Républicains, serait en lice pour un poste de ministre. Dans cette hypothèse, elle devrait laisser son siège de députée à son suppléant, elle qui était déjà la suppléante sur ce poste de Jean-Luc Moudenc. Ses proches prospectent déjà sur le profil idéal. "Bernard Soléra, élu maire de Quint-Fonsegrives avec plus de 60 % des voix, est par exemple un élu loyal et fidèle, pas le genre à lui faire un enfant dans le dos si elle est au gouvernement", murmure-t-on dans son entourage.

Au-delà de cette stratégie politique, les Républicains devront aussi débattre sur le fond. Au soir du second tour des élections régionales, Jean-Luc Moudenc a rappelé que le débat sur la ligne politique est selon lui "un challenge dont le parti ne peut pas faire l'économie. Si nous ne tranchons pas, notre famille politique n'aura pas d'avenir".

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