Louis Aliot, Carole Delga, Dominique Reynié : leurs propositions pour l'économie

Le second tour des régionales en Languedoc-Roussillon sera une triangulaire. En effet, Louis Aliot (FN), arrivé en tête du premier tour, affrontera la socialiste Carole Delga (alliée à l'EELV Gérard Onesta) et le LR Dominique Reynié, qui a décidé de maintenir sa liste. Que proposent-ils pour le développement économique de la région? Alors que l'économie est une des compétences majeures de la future région, l'aide aux entreprises est au cœur des trois programmes.

Difficile de chiffrer, de commenter ou d'analyser les propositions économiques des candidats aux régionales. En effet, que ce soit pour Louis Aliot, Carole Delga ou Dominique Reynié, certaines propositions contenues dans les programmes sont imprécises, ou vagues. Voici néanmoins leurs principaux projets.

Louis Aliot : "Le patriotisme économique"

Louis Aliot

                           © photo Rémi Benoit

En matière d'économie, la priorité du candidat FN est de soutenir les PME et TPE locales :

"La Région peut introduire un certain nombre de dispositifs comme les avances remboursables (une mesure déjà en place, NDLR), les prêts à taux zéro, un fond d'investissement régional (une action déjà menée dans le Nord-Pas-de-Calais cette année, et souhaitée également par Carole Delga et Dominique Reynié, NDLR) ou encore un fonds de capital risque (qui existe déjà avec Irdi Gestion NDLR).

D'autre part, la collectivité doit également s'engager en faveur du patriotisme économique, notamment en privilégiant les entreprises régionales dans l'attribution des marchés public locaux" (une stratégie strictement encadrée par le code des collectivités territoriales, NDLR).

Le candidat frontiste propose ainsi de lancer une politique de grands travaux "par un investissement massif dans la rénovation, le logement, les équipements publics et les infrastructures en favorisant partout l'allotissement permettant l'accès direct des PME et des TPE", et de "conditionner la participation régionale à un investissement à l'accès direct des PME et des TPE à ce marché".

Parmi ses propositions figurent également le développement des prêts à taux zéro pour les entreprises qui présentent des projets avec créations d'emplois, et l'interdiction des suppressions d'emplois dans les entreprises subventionnées par la Région (à l'heure actuelle, les contrats d'appui de la Région sont accordés aux entreprises sous garantie d'un maintien ou d'une augmentation de l'emploi).

Ayant axé sa campagne sur la ruralité, Louis Aliot veut également soutenir l'agriculture :

"J'envisage de créer une plateforme numérique qui mettent en relation les producteurs locaux et les consommateurs et collectivités. Dans ce projet comme dans bien d'autres, la Région mettra sa notoriété au service des acteurs économiques."

En matière de transports, le candidat frontiste se prononce pour un "rééquilibrage rail / route", sans préciser en faveur de quel mode de transport. Il propose notamment d'"entretenir et rénover les réseaux routiers abandonnés et en relancer de nouveaux pour désenclaver les territoires", et d'"accélérer les études et la réalisation du TGV Bordeaux-Narbonne et Montpellier-Perpignan".

Carole Delga, PS : "un plan Marshall"

                          © photo Rémi Benoit

La candidate socialiste propose notamment le lancement d'un "plan Marshall" pour les infrastructures, consistant à mobiliser des enveloppes déjà fixées (350 millions d'euros, avec le concours de l'État et de l'Europe) afin "de continuer à investir" : sur le rail avec des priorités comme les axes Castelnaudary-Carcassonne, Narbonne-Montpellier, ou Toulouse-Tarbes, et sur la route, avec les travaux sur la RN88 (déjà financée en partie sous le mandat de Martin Malvy, NDLR). Elle veut aussi favoriser l'accès des TPE à ces marchés publics (comme Louis Aliot), en leur réservant une part de la commande régionale au moyen d'allotissements ciblés, et en mettant en place un système d'avances forfaitaires de 15 % sans garantie.

S'agissant de la mobilité, Carole Delga évoque aussi la création d'un "RER métropolitain", qui relierait Narbonne et Nîmes, et le lancement d'un titre unique dans tous les transports publics de la région. Pour financer en partie ces dossiers, elle formule une proposition inédite:

"Je veux lancer le débat autour d'une taxe sur les poids lourds en transit international".

Sur le développement économique, Carole Delga souhaite mettre l'accent sur le numérique, avec la "généralisation de la téléphonie mobile et du très haut débit en territoire rural" et la création de deux cités des startups, à Toulouse et à Montpellier. Celles-ci agrègeraient les accélérateurs, incubateurs et sociétés de capital-risque du territoire, et seraient complétées par des lieux-tiers dans les autres villes moyennes de la future région.

Plus globalement, le développement économique s'appuierait sur un nouveau fonds d'investissement régional afin d'aider les startups à évoluer en PME, et les PME en ETI.

"Il s'agit de permettre à la Région de devenir actionnaire de sociétés en croissance, que les banques n'aident pas à changer d'échelle, et de les consolider sur les fonds propres - pas la trésorerie".

La candidate propose également la création d'un deuxième incubateur régional pour l'économie sociale et solidaire (Catalys existe déjà), l'extension du label Grands Sites à l'ensemble de la région et la rénovation des hébergements touristiques pour une montée en gamme de l'hôtellerie (le tourisme va devenir une compétence partagée entre la Région et le Département).

Dominique Reynié, LR : "le choc d'investissement"

                           © photo Rémi Benoit

Dominique Reynié, tête de liste Les Républicains, veut alerter sur le niveau d'endettement national ("100 % du PIB") et régional ("80 % du budget des deux régions"). C'est 70 % selon l'agence Moody's. Selon des chiffres du gouvernement sur l'endettement des régions, LRMP n'est que la 6e région de France la plus endettée (sur 13) avec 1347,5 millions d'euros d'endettement.

Dominique Reynié envisage néanmoins de créer "un choc d'investissement" dont les effets devront se faire sentir "dès la première année de mandat".

Le politologue propose notamment un plan d'aide pour la route (200 millions d'euros annuels), un plan en faveur du BTP, en déployant 10 000 aides de 10 000 euros, ciblant les primo-accédants, pour élargir l'accession à la propriété.

Sur le développement économique, Dominique Reynié annonce son intention de créer un fonds d'investissement territorial (comme Carole Delga), doté de 200 millions d'euros par an, caractérisé par un effet levier le portant à 1 milliard d'euros par an, en associant divers investisseurs public ou privés.

"Cette politique d'investissement s'appuiera sur de nouveaux outils que seront deux bourses de cotation, créées à Toulouse et à Montpellier (rendues possibles par la loi Macron, NDLR). Nous mettrons l'accent sur les sociétés d'accélération de transferts de technologies (SATT) : il faut relier les investisseurs, qui sont en recherche de projets, et les inventeurs, qui sont en recherche de fonds."

Le candidat LR détermine d'autres cibles d'investissement : la formation professionnelle, l'encouragement à la filière de la voiture propre, la création d'un fonds de garantie contre les aléas climatiques (visant les agriculteurs), un nouveau programme d'aménagement et de rénovation de l'habitat sur le littoral, ou encore une politique de soutien à la filière du cinéma d'animation.

Dominique Reynié promet des arbitrages sur la question de la LGV notamment:

"Les lignes Toulouse-Narbonne et Montpellier-Perpignan me semblent être des chantiers très importants pour souder les deux régions et avoir des axes stratégiques au sein de l'Eurorégion, pointe-t-il. S'agissant de la ligne Bordeaux-Toulouse, il y aura des choix à faire. Si on réunissait les investisseurs de cette ligne, estimée à 8,4 milliards d'euros, autour d'une table aujourd'hui, personne ne viendrait. Si cela persiste, elle ne pourra pas se faire."

Le candidat envisage même un référendum sur la question de la LGV (qui relève néanmoins d'une décision de l'État).

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