Régionales 2015 : le casse-tête de la composition des listes

En septembre débutera la campagne officielle pour les élections régionales, avec des réunions publiques et des débats croisés. En attendant, c'est le temps des castings départementaux. Il faut trouver 158 candidats et 26 suppléants dans les 13 départements de la grande région "Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées". Comment s'opère la sélection des heureux élus ? Quels sont les critères et les procédures de Les Républicains, du PS ou du Front National ? État des lieux.
Les élections régionales auront lieu les 6 et 13 décembre.
Les élections régionales auront lieu les 6 et 13 décembre. (Crédits : Rémi Benoit)

"Europe-Écologie" : cyber recrutement et tradition verte

"Comme d'habitude, chez nous, ce n'est pas simple." La franchise de Guillaume Cros (président du groupe EELV au Conseil régional et directeur de campagne pour les régionales 2015) n'est pas simplement honnête. Elle se vérifie rapidement. La procédure des Verts mêle assemblées générales départementales, commission électorale, conseils politiques régionaux et influence de la tête de liste régionale, Gérard Onesta. Pour la cuvée 2015, il faut même ajouter un cyber recrutement.

En effet, depuis le 26 juin, date d'une présentation à la presse toulousaine, Europe Écologie - Les Verts dispose d'un outil web. Il s'agit d'un site permettant de contribuer à l'élaboration d'un "projet commun". Comme le précise Guillaume Cros, "les contributions vont permettre de voir si certains peuvent apporter quelque chose et ainsi venir alimenter le vivier de nos candidats".

D'après le responsable écologiste, "on sent un frémissement. Il commence à y avoir 300 à 350 contributions. On est surpris du démarrage. Parmi les contributeurs, on pourra repérer des candidats potentiels."

Europe Écologie - Les Verts prévoit de présenter ses listes en septembre. Au terme d'une campagne de collecte de contributions, les Verts signeront éventuellement un accord électoral avec ses partenaires (Front de Gauche et Parti Occitaniste). Mais, en toute hypothèse, la formule originale (et inédite pour des régionales) d'une plateforme contributive va lui permettre de découvrir de nouveaux profils.

Évidemment, il faut relativiser. La démocratie internet n'est pas parfaite. Les contributeurs ne viennent pas de tous les horizons. C'est une vieille règle marketing : seules certaines cibles utilisent un produit très typé. Les agriculteurs qui vont déposer leurs idées sur les "circuits courts" ne seront pas issus de l'agriculture intensive et de la FNSEA.

Parallèlement à cette ouverture vers la société "numérique", les recettes traditionnelles du parti des "Écolos" sont toujours d'actualité. Notamment, le fait que le vote militant est "souverain" mais aussi la place de la tête de liste régionale. Guillaume Cros précise :

"Les militants votent au sein des instances pour désigner les candidats et la tête de liste n'a pas grand chose à dire, il peut juste utiliser sa force de conviction. Ainsi, Gérard Onesta a assuré qu'il ne voulait pas de tête liste député, et il veille par ailleurs au respect de la parité pour les têtes de listes départementales".

Parti socialiste : une alchimie assumée

La fédération PS de Haute-Garonne est la plus importante de Midi-Pyrénées. Elle est également sur un territoire qui pèse un quart de l'électorat midi-pyrénéen. Avec l'Hérault, elle est une place forte socialiste et elle est au cœur des enjeux électoraux. Pour Sébastien Vincini, le 1er secrétaire fédéral, l'établissement des listes départementales, "c'est l'exercice le plus difficile pour un 1er fédéral. Tous mes prédécesseurs me l'ont dit, Kader Arif, Bertrand Auban ou Sébastien Denard".

Alain Fauconnier (ancien directeur de campagne de Martin Malvy) parle également "d'alchimie compliquée". Néanmoins, comme le précise le patron des élections au PS, le député Christophe Borgel, "un texte a été envoyé par les instances nationales aux fédérations départementales dans lequel il est précisé que des critères géographiques et un renouvellement doivent être pris encore en compte".

Cet "encadrement" statutaire est, évidemment, relatif. Le choix des personnes ne répond pas uniquement à des critères objectifs (sic). La composition des listes est source de critiques et de contestation. C'est le cas actuellement en Haute-Garonne. Sébastien Vincini le reconnaît :

"Il y a une grogne. Je ne suis pas arrivé à obtenir une représentation parfaite de toutes les sensibilités. Je le regrette mais j'ai fait au mieux".

Pour Christophe Borgel, c'est normal. "On ne peut pas constituer une liste au trébuchet des motions internes". Joël Carreiras ne l'entend pas de cette oreille. Sur son Blog, l'ancien adjoint de Pierre Cohen utilise l'ironie et une citation de Virgile pour exprimer ses réserves sur la liste concoctée par les instances fédérales et soumise au vote des militants le 9 juillet prochain :

"Qu'il me soit permis toutefois, en découvrant cette liste au moment même de voter lundi dernier, de m'étonner de l'esprit de rassemblement invoqué pour sa constitution et de méditer ici ces mots de Didon dans Virgile, indiquant que 'choses difficiles et règne nouveau contraignent plutôt, À porter dans de larges limites la garde des frontières' ".

Le Front National : le National décide

Au Front National, comme le précise la tête de liste régionale du parti, Louis Aliot : "les instances départementales proposent une liste. La tête de liste régionale propose la sienne et la Commission Nationale d'Investiture (nationale) tranche".

Dans les autres partis, la tête de liste régionale donne son avis ou mène des arbitrages. Elle barre un nom où rajoute un candidat. Au Front National, la sélection est beaucoup plus centralisée. Elle est même doublement entre les mains de la tête de liste régionale. Louis Aliot est le numéro 2 du FN en plus d'être le leader régional du FN.

Les critères de Louis Aliot ressemblent en revanche aux critères des autres concurrents : "c'est l'expérience et le travail fourni ainsi que les résultats aux élections précédentes et pour les personnalités extérieures, le CV".

Les Républicains : les fédérations et le système de Dominique Reynié

À droite, les instances départementales ont la main mais Dominique Reynié conserve un œil sur les désignations. En effet, comme le précise Bernard Carayon,"il va y avoir des aller-retour entre les propositions des présidents de fédération et le national. Ces désignations sur les places éligibles en particulier seront ensuite soient validées, soient corrigées par la commission nationale d'investiture".

Néanmoins, comme le précise un proche de Dominique Reynié, ce n'est pas aussi simple.

"Il va falloir tenir compte de l'accord national LR-UDI sur une proportion d'environ 70-30 (70% des places pour LR, 30% pour l'UDI). Mais surtout les référents départementaux de Dominique Reynié vont avoir un rôle de facilitateur et de coordonnateur".

Cette dernière précision est essentielle. Dominique Reynié précise : "je n'ai pas à me mêler des listes départementales mais je dois veiller aux grands équilibres". Statutairement, la tête de liste régionale est effectivement exclue du jeu des désignations. Néanmoins, Dominique Reynié a bien compris qu'il ne pouvait pas rester sur le banc de touche. C'est une question de leadership. La locomotive régionale a besoin d'avoir des hommes ou des femmes à lui sur les listes départementales.

 À défaut de faire totalement le casting, Dominique Reynié essaie de conquérir une prérogative que les textes de LR ne lui reconnaissent pas. Sur ce point, ils ressemblent à ses homologues socialistes et écologistes. Une participation trop étroite à la fabrication des listes est matériellement impossible. La tâche est trop lourde et elle est périlleuse. Le risque est d'être rendu responsable des échecs (forcément nombreux et douloureux) qui accompagnent fatalement un processus de sélection.

Cependant, c'est en délivrant les tickets d'entrées pour les régionales que l'autorité politique d'une tête de liste régionale s'affirme et s'affiche. C'est un subtil équilibre que va découvrir, suite à sa récente candidature, le maire de Montpellier, Philippe Saurel. Il va le faire sans le soutien d'un parti et de ses statuts.

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