Sommet de l'aviation : plus de 40 pays signent la déclaration de Toulouse visant la neutralité carbone

À l'issue du sommet de l'aviation, 42 pays ont signé ce vendredi 4 février la déclaration de Toulouse, un texte qui prône un objectif de zéro émission nette du transport aérien à l'horizon 2050 en s'appuyant sur le renouvellement des flottes et les carburants d'aviation durables. De nombreux acteurs de la filière comme Airbus et Dassault ainsi que des aéroports ont rejoint le mouvement. Mais du côté des associations environnementales, on regrette une vision uniquement axée autour d'innovations technologiques sans décroissance du trafic aérien.
Le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari clôturait le sommet de l'aviation organisé à Toulouse ces 3 et 4 février.
Le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari clôturait le sommet de l'aviation organisé à Toulouse ces 3 et 4 février. (Crédits : Rémi Benoit)

Ils espéraient interpeller le ministre des Transports mais sont repartis bredouilles. Une poignée d'étudiants de l'Isae-Supaero s'étaient donné rendez-vous dans l'école voisine de l'Enac qui accueillait ce vendredi 4 février le sommet de l'aviation. "Il y avait une opportunité géniale de faire un sommet européen à Toulouse sur le campus d'une des plus grandes écoles aéronautiques. Mais au final, nous n'avons pas voix au chapitre alors que nous ferons le monde de demain dans le secteur de l'aviation", regrettent Nicolas et Antoine.

Quelques minutes plutôt, Jean-Baptiste Djebbari clôturait le sommet organisé à l'initiative de son ministère dans le cadre de la présidence française du conseil de l'Union européenne. Covid oblige, beaucoup de ministres ont suivi les débats par visio. Seuls sept ministres européens sur les 27 Etats membres ( Chypre, Estonie, Lettonie, Lituanie, Malte, Slovénie et Suède) avaient fait le déplacement dans la Ville rose ainsi que la commissaire européenne aux Transports Adina Vălean et le président de l'OACI (Organisation de l'aviation civile internationale) Juan Carlos Salazar.

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            Clôture du sommet de l'aviation à Toulouse (Crédits : Florine Galéron).

42 pays et près de 150 entreprises signataires

Devant un comité restreint, le ministère des Transports a salué "un moment historique pour l'aviation avec ce qu'il convient désormais d'appeler la Déclaration de Toulouse". 42 pays dont les 27 Etats membres de l'Union européenne mais aussi le Royaume-Uni, les États-unis, le Canada, le Maroc et la Géorgie s'engagent via ce texte en faveur d'un objectif au niveau mondial de zéro émission nette à l'horizon 2050.  

"Pour ce faire, nous mobilisons tous les leviers. Évidemment, l'optimisation des trajectoires de vol et l'électrification des opérations au sol. Nous développerons massivement et de façon organisée cette nouvelle filière des carburants alternatifs au kérosène et nous continuons de développer une nouvelle génération d'avions sobres en carbone", a détaillé le ministre.

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Jean-Baptiste Djebbari, ministre des Transports lors du sommet de l'aviation à Toulouse (Crédits : Florine Galéron).

L'ambition de cette déclaration de Toulouse est de faire adopter lors de la prochaine assemblée générale de l'OACI en septembre prochain un engagement mondial en faveur de la décarbonation du transport aérien. "Pour qu'elle soit équitable, il ne doit pas y avoir de distorsion de concurrence et des stratégies de contournement. Nous devons donc poser des bases au niveau international", ajoute Jean-Baptiste Djebbari. Avant de préciser que "l'OACI compte 193 pays membres, il reste encore un travail de conviction à réaliser" pour convaincre la majorité des nations à rejoindre le mouvement.

Au-delà des pays, le texte a reçu le soutien de 146 entreprises dont de nombreux acteurs du transport aérien : Airbus, Air France-KLM, ATR, Dassault Aviation, Groupe ADP, Safran, Thales... "Pour la première fois, nous voyons émerger un socle commun qui unit les autorités publiques et les représentants de l'ensemble de l'écosystème aéronautique vers une vision commune et cela se passe au cœur même de ce pôle de compétitivité de l'aviation que représente la ville de Toulouse", a souligné de son côté la commissaire européenne aux Transports Adina Vălean.

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 La commissaire européenne aux Transports Adina Vălean lors du sommet de l'aviation à Toulouse (Crédits : Florine Galéron).

Manifestation pour la décroissance du transport aérien

À l'autre bout de la ville, une trentaine de personnes ont manifesté vendredi midi devant l'aéroport de Toulouse à l'appel de Greenpeace, du collectif Pensons l'aéronautique pour Demain ou encore Attac pour demander une décroissance du transport aérien.

"Nous regrettons que ce sommet de l'aviation repose uniquement sur des innovations technologiques en prônant par exemple le remplacement des flottes ou l'essor des biocarburants. Or, les scientifiques, c'est le cas notamment dans le référentiel Aviation Climat publié par l'Isae-Supaero ou dans le rapport du Shift project, nous disent très clairement que si nous voulons suivre la trajectoire de +1.5°C tracée par le GIEC, il faut décroître le trafic aérien", avance Romain Morizet, membre du collectif Pensons l'aéronautique pour demain.

manif aeroport

Manifestation devant l'aéroport (Crédits : Rémi Benoit).

Les associations réclament notamment un moratoire sur le développement du transport aérien et l'abandon de tous les projets de construction ou d'extension des aéroports, mais aussi un plan de reconversion et de diversification des emplois aéronautiques vers la transition écologique. Des revendications déjà exprimées lors de la publication en septembre dernier du rapport "Moins d'avions, plus d'emplois".

Interrogé sur cette place de la technologie dans la décarbonation de l'aviation, le ministère des Transports Jean-Baptiste Djebbari a rétorqué :

"Il n'est pas question de tout miser sur la technologie, mais c'est un pilier important. Quand nous parlons de l'avion à hydrogène, nous parlons de technologies qui existent. Les Soviétiques ont fait voler un avion à hydrogène en 1985. Ce type de technologies ne relève donc pas du miracle. Ce sont des solutions qui peuvent être industrialisées et dont le coût doit être abordable. La technologie a un rôle éminent à jouer dans la décarbonation de l'aviation."

Le ministre conclut en signalant que plusieurs ONG comme the Shift projet ou Transport et Environnement ont rejoint l'Observatoire de l'aviation durable lancé en décembre dernier. Rattachée à la Direction générale de l'aviation civile, cette structure vise à "objectiver l'impact du transport aérien sur le réchauffement climatique".

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Commentaire 1
à écrit le 04/02/2022 à 20:25
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djebbari invoquant les sovietiques... Qu'est ce que j'ai bien fait de faire lapin ^^^^ punaise, j'ai bien fait de survivre. Rien que ça, ça vaut le coup . Merci la vie.

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