Municipales : incursion au coeur du speedating d'Archipel Citoyen à Toulouse

Le collectif Archipel Citoyen, qui a été rejoint par EELV et la France insoumise, a mis au point un processus atypique pour désigner les membres de sa liste pour les élections municipales de Toulouse. Au programme : speedating des volontaires et tirage au sort. Reportage.
Archipel Citoyen a organisé fin juin un speedating des candidats.
Archipel Citoyen a organisé fin juin un speedating des candidats. (Crédits : Rémi Benoit)

C'est la surprise de ce début de campagne des élections municipales à Toulouse. Le collectif Archipel Citoyen, fondé à l'été 2017 par de simples habitants et des élus de la gauche, est sur le point de réaliser l'union des gauches. Après le ralliement en février d'EELV, La France Insoumise, Place Publique (mouvement initié par Raphaël Glucksmann) et le socialiste Romain Cujives ont imité la démarche début juin. Depuis son origine, le collectif veut créer un processus atypique pour désigner les membres de sa liste des candidats. La première innovation rappelle un retour à la démocratie athénienne.

"Il y a quelques jours, nous avons tiré au sort 1000 personnes sur les listes électorales dans 20 quartiers de Toulouse pour les inciter à se porter candidat au scrutin des municipales. Notre objectif est d'avoir 23 personnes tirées au sort dans la liste", explique Arnaud Rivière, l'un des porte-paroles d'Archipel Citoyen.

Les 46 membres restants de la liste seront désignés par un système de vote des membres du collectif d'ici le 31 juillet, comme une sorte de primaire numérique. Plusieurs dizaines de candidats ont déjà commencé à engranger des soutiens (comme les likes sur Facebook) depuis la plateforme en ligne d'Archipel Citoyen. Pour les départager, le mouvement organisait le 27 juin dernier un premier speedating auquel nous avons pu assister. Le rendez-vous est donné à 19h dans le quartier Saint-Cyprien.

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Les candidats présentent leur parcours dans différents cercles de participants (Crédits : Rémi Benoit).

Les participants sont assis, répartis en une dizaine de cercles. Dans chaque cercle, trois personnes portent des pastilles de couleur (bleu, orange, rose) suivant s'ils se sont déjà déclarés candidat ou si leur nom a été suggéré par d'autres membres du collectif depuis la plateforme internet de vote. Le principe est simple : chaque candidat a trois minutes pour se présenter et expliquer les thèmes qui lui tiennent à cœur. Ensuite, les candidats changent de cercle et rebelote.

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Les candidats ont trois minutes pour convaincre (Crédits : Rémi Benoit).

Premier cercle, Olivier Lefebvre se lance. "J'ai 40 ans, deux enfants. Je suis ingénieur et j'ai décidé de reprendre des études de philosophie pour retrouver un peu de sens", entame-t-il. En face, un participant brandit un bout de papier. Déjà une minute écoulée, plus que deux pour convaincre. Le Toulousain reprend, regrettant la direction engagée par la Ville rose depuis quelques années ."On joue à fond la carte de l'attractivité sans penser au reste, notamment à la qualité de vie", lâche-t-il.

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Des bouts de papier signalent aux candidats le temps restant pour s'exprimer (Crédits : Rémi Benoit).

Quelques minutes plus tard, l'urbanisation revient au cœur des débats. "J'habite dans une coopérative d'habitants à la Cartoucherie, donc la densité d'un quartier je connais", illustre à son tour Ludovic Favre. Au cercle voisin, une architecte s'exclame. "J'en avais marre de râler dans mon coin, du coup je me suis dit que je devais participer à la vie municipale".

Pour Arnaud Rivière, le porte-parole, "l'idée du speedating est de permettre à ceux qui n'ont pas de réseau politique de se faire connaître". Archipel Citoyen prévoit aussi d'organiser à l'automne des formations pour préparer les novices à la campagne.

Outre ces simples citoyens, des personnalités encartées dans les partis classiques s'essaient aussi au jeu du speedating. Pas de traitement de faveur pour elles, le processus reste inchangé. "Bonjour, je suis Catherine Jeandel, chercheuse au CNRS en océanographie et engagée dans la cause écologiste depuis des années auprès d'EELV. J'ai aussi été conseillère régionale", lance la scientifique.

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La chercheuse Catherine Jeandel se prête au jeu du speedating (Crédits : Rémi Benoit).

Un peu plus loin, on aperçoit le socialiste Romain Cujives. D'autres figures politiques devraient rejoindre le processus avec le ralliement de la France Insoumise.

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Le socialiste Romain Cujives a récemment rejoint le collectif (Crédit : Rémi Benoit).

Reste à définir comment sera désignée la tête de liste du mouvement. Les partis classiques accepteront-ils de se plier là aussi à un mode de décision horizontal ?Réponse dans quelques mois.

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