Toulouse, le débat sur les finances de la Ville rebondit

Le compte administratif 2014 de la Ville de Toulouse vient d'être publié et fait état d'une épargne brute de 28,8 millions d'euros, plus élevée que prévue. Un argument qui tombe à point nommé pour l'opposition municipale, accusée depuis un an par la droite d'avoir "dilapidé l'épargne" sous le mandat de Pierre Cohen. Mais l'actuelle municipalité de Jean-Luc Moudenc (Les Républicains), arrivée au Capitole en avril 2014, affirme que c'est grâce à son action que le scénario catastrophe annoncé n'a pas eu lieu.
Pierre Cohen et Jean-Luc Moudenc s'affrontent une nouvelle fois sur la question des finances

La situation financière de la Ville de Toulouse, objet d'un débat houleux entre la majorité de Jean-Luc Moudenc (Les Républicains) et l'opposition menée par le PS Pierre Cohen, connaît un nouveau rebondissement. Ce vendredi, en conseil municipal, chacune des deux parties a repris à son compte une nouvelle pièce du dossier : le compte administratif 2014.

Ce document est le bilan financier de la collectivité. Il présente les résultats de l'exercice, et retrace ainsi l'intégralité des réalisations effectives en dépenses et en recettes.

Principal enseignement du document : en 2014, l'épargne brute de la collectivité s'établit à 28,8 millions d'euros, en baisse de 12 % par rapport à 2013. Pour autant, ce n'est pas la catastrophe attendue. Il est communément admis qu'une ville de la taille de Toulouse doit avoir un "matelas" d'environ 20 millions d'euros. Pour rappel, Jean-Luc Moudenc, qui accuse Pierre Cohen d'avoir "dilapidé l'épargne" de la Ville, a fait voter une augmentation des impôts de 15 % le 10 avril dernier.

"Jean-Luc Moudenc doit annuler la hausse des impôts"

"Ce compte administratif est la preuve flagrante que nous ne sommes pas en faillite. Jean-Luc Moudenc doit avouer la fin du scénario qu'il a mis en place depuis un an", affirme Pierre Cohen, ancien maire PS de Toulouse et conseiller municipal d'opposition. Pierre Lacaze, conseiller municipal PCF, va plus loin :

"Jean-Luc Moudenc doit annuler la hausse des impôts, car elle représente une injustice terrible. Accumuler des recettes jusqu'à 120 millions d'euros, ça ne sert à rien."

Pendant le conseil municipal, une manifestation réunissant plusieurs centaines de personnes est venue soutenir ces propos. "Aujourd'hui, les gens manifestent, mais ce sera pire à l'automne, quand ils paieront les impôts locaux et feront les chèques pour la cantine", s'alarme Pierre Lacaze, évoquant la hausse des tarifs des cantines scolaires.

Manifestation

--> Plusieurs centaines de manifestants ont protesté contre la politique de Jean-Luc Moudenc sous les fenêtres du Capitole ce vendredi 19 juin. Impôts, fermeture de TLT, politique éducative, hausse des tarifs : les revendications sont nombreuses.

"C'est normal qu'il y ait des manifestations, répond Jean-Luc Moudenc. Les gens sont mécontents et moi aussi je suis mécontent car la situation financière de la ville n'a jamais été aussi catastrophique. Mais je ne me contente pas d'être mécontent. Je prends des dispositions désagréables, impopulaires, mais indispensables."

"Je note par ailleurs que l'opposition, dans toute sa vacuité, ne propose rien, mais se raccroche aux wagons des syndicats et des associations."

Sur le fond, Sacha Briand, adjoint en charge des Finances, répond catégoriquement :

"Si la situation n'est pas aussi catastrophique que prévu, c'est uniquement parce que nous avons mené une politique de recherche constante d'économies depuis que nous sommes arrivés au Capitole. Sans notre action, l'épargne était de - 3,4 %. Nous ne pouvons pas annuler la hausse des impôts. L'objectif prévu pour l'épargne en 2015 est de 40 millions d'euros. Si nous enlevons les 30 millions d'euros de recettes fiscales prévues, on tombe à 10 millions d'euros."

La hausse des impôts, une stratégie électorale ?

Devant la baisse des dotations de l'État, qu'aurait fait l'opposition si elle avait gagné les élections de 2014 ? Interrogé sur la stratégie qu'il aurait adopté s'il avait remporté le Capitole il y a un an, Pierre Cohen répond dans un premier temps qu'il n'a pas à fournir de stratégie, "car [il n'est] pas aux responsabilités". Néanmoins, l'ancien maire admet qu'il aurait peut-être également augmenté les impôts "mais de 4%, pas plus".
Selon le socialiste, derrière des mesures impopulaires prises en début de mandat, Jean-Luc Moudenc préparerait déjà le scrutin de 2020 :

"Il augmente les impôts dès son arrivée au pouvoir. Dans six ans, les Toulousains auront oublié et Jean-Luc Moudenc se sera constitué un matelas d'épargne suffisant pour distribuer l'argent juste avant l'élection de 2020. À moins qu'il ne mette tout dans sa 3e ligne de métro ?"

"Oui, pourquoi pas la 3e ligne de métro, répond le maire de Toulouse. Nous ne constituons pas de l'épargne pour rien, mais pour investir. Ma priorité est de mettre en place notre projet."

Le débat sur le compte administratif rappelle en tous points celui qui a eu lieu en conseil municipal le 27 juin 2014 lors de la présentation par Sacha Briand d'un audit sur les finances de la ville : tout le monde est d'accord sur les chiffres mais personne ne les interprète de la même manière.

Les principaux enseignements du compte administratif 2014


L'épargne brute de la collectivité s'établit à 28,8 M€ (en baisse de 12 % par rapport à 2013). Elle est à son plus bas niveau depuis 2008.

L'emprunt atteint 55 M€. Il était de 15 M€ en 2013 et inexistant auparavant.

Le plan d'économies de la municipalité a permis de dégager 6,3 M€ d'économie. Il comprend pêle-mêle la réduction du recours au personnel saisonniers, la réduction des frais de Toulouse Plage, ou encore le report d'ouvertures de crèches.

Les recettes ont stagné en 2014 (+0,9 %) et les dépenses ont augmenté de 3,4 %. C'est ce que l'on appelle « l'effet ciseau ».

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Commentaire 1
à écrit le 22/06/2015 à 23:29
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Promesses aucunes augmentations d"impôts si je suis élu maire de toulouse?

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