Si le gouvernement travaille actuellement sur une réforme du financement des CFA, un autre chantier mobilise les équipes ministérielles et intimement lié, celui des lycées professionnels. Le président de la République, Emmanuel Macron, érige cette réforme des lycées professionnels parmi ses priorités.

En déplacement à Toulouse au lycée des métiers de l'hôtellerie et du tourisme d'Occitanie, vendredi 2 septembre, le ministre de l'Éducation et de la Jeunesse a réitéré sa volonté et celle du gouvernement "d'affermir la voie professionnelle" dans la formation de la jeunesse. Selon le membre du gouvernement, l'enjeu est tout d'abord sociologique.

"L'excellence scolaire a de multiples voies. Aujourd'hui, en France, nous avons un système historiquement fait pour produire des élites. Nous devons donc multiplier les voies d'excellence et de réussite voire de valorisation sociale", a notamment justifié à l'occasion d'une table ronde avec des apprentis, des lycéens en formation professionnelle, des formateurs et des entreprises.

Cette mission a été particulièrement confiée à Carole Grandjean, la ministre délégué de l'Enseignement et de la Formation professionnels, qui a la double tutelle ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse et ministère du Travail.

Le membre du gouvernement mettre en avant la formation professionnelle (Crédits : Rémi Benoit).

Mettre fin aux "voies de garage"

La réforme de la formation professionnelle scolaire doit tout d'abord permettre de faire le tri entre les formations qui fonctionnent et celles qui n'offrent que peu de débouchés professionnels aux élèves concernés. "Dans les lycées professionnels, il y a des voies d'excellence et des voies de garage qui offrent peu de débouchés aux élèves", a commenté Pap Ndiaye lors de cette même table ronde à Toulouse, avant de se reprendre devant les journalistes.

"Je n'aime pas ce terme de voies de garage car on peut donner le sentiment de stigmatiser les personnes mais ce sont des filières qui ne correspondent plus aux besoins de l'économie aujourd'hui. Sur l'ensemble du pays, nous avons des écarts très importants en taux d'insertion entre certaines filières. D'une manière générale, nous sommes à un taux d'employabilité de 53% pour les lycées professionnels en France, ce qui est beaucoup moins que les CFA", développe le ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse.

Des taux d'insertion irréguliers entre les filières seraient à l'origine en partie de la volonté de réformer les lycées professionnels (Crédits : Rémi Benoit).

Pour revoir la carte des formations professionnelles en milieu scolaire, son ministère a engagé des discussions avec l'association Régions de France, présidée actuellement par la socialiste Carole Delga, en raison du fait que ce sont les conseils régionaux qui ont la gestion des lycées (professionnels) dans leurs compétences. Le ministre a également rencontré et échangé au sujet de cette réforme future avec François Bonneau, le président socialiste de la région Centre-Val de Loire.

"Il faut progresser de façon prudente car il y a des enjeux locaux et beaucoup de facteurs à prendre en considération comme l'ancienneté de certaines filières", ajoute Pap Ndiaye.

Des stages plus longs pour les élèves

Lors de son déplacement à Toulouse, le ministre a notamment été confronté à un chef d'entreprise qui préfère recruter des apprentis plutôt que des lycéens en formation professionnelle car les périodes de présence en entreprise sont trop courtes pour les seconds à son goût. La réforme en gestation des lycées professionnels devrait corriger ce point.

"L'objectif de la réforme est d'offrir de plus longues périodes de stages pour les classes de terminal, tout en confortant les cours fondamentaux dans ces cursus", lui a fait savoir Pap Ndiaye après que le dirigeant ait livré son témoignage.

En offrant notamment davantage que deux mois de stage comme c'est le cas actuellement pour les élèves de terminal, le nouveau ministre espère grossir les effectifs de ces établissements. "Sur 20 ans, nous observons une diminution des élèves en lycée professionnel. Ils sont environ 630.000 actuellement contre 800.000 auparavant. Il faut faire attention à ce signal", commente-t-il sans vouloir céder à la panique.

Le projet de loi de la réforme devrait être dévoilé au cours de l'année 2023 selon le ministère.