La LGV Toulouse-Bordeaux "en bonne voie", malgré des trous dans son financement

Après plusieurs semaines de négociations, 23 collectivités locales (sur 26 concernées) se sont engagées de manière favorable et sur le plan financement dans GPSO, qui comprend la construction de la LGV entre Toulouse et Bordeaux. Néanmoins quelques flous restent encore à résoudre, comme les 235 millions d'euros qui manquent dans la part prévue des collectivités locales. Le préfet coordinateur du projet, Étienne Guyot, se montre néanmoins optimiste pour la suite.
La LGV entre Toulouse et Bordeaux fait actuellement l'objet d'un protocole de financement.
La LGV entre Toulouse et Bordeaux fait actuellement l'objet d'un protocole de financement. (Crédits : Laurent Cerino / ADE)

Après le conseil départemental du Lot-et-Garonne, la communauté d'agglomération du Grand Dax, c'est au tour de la communauté d'agglomération du Pays basque de voter contre le GPSO. Sans oublier le fait que le département des Pyrénées-Orientales a voté moins que la somme qui lui été demandée, tout comme les collectivités de la Gironde.

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Pour mémoire, cet acronyme signifie Grand Projet du Sud-Ouest, qui rassemble la construction d'une LGV entre Toulouse et Bordeaux, et une autre liaison entre la capitale girondine et Dax. Dans ce contexte, autour d'un projet estimé à 14,3 milliards d'euros dont 10,3 pour la partie Bordeaux-Toulouse, le préfet coordinateur du projet Étienne Guyot a tenu à faire un point d'étape sur le plan de financement qui doit être bouclé tout prochainement.

"GPSO est en bonne voie et je tiens ainsi à saluer l'engagement de la plupart des collectivités territoriales. Il démontre l'intérêt fondamental du projet pour les deux territoires, les régions Nouvelle-Aquitaine et l'Occitanie (...) Je me réjouis qu'au moins 23 collectivités sur 26 se soient engagées dans ce projet. 94% de la part du financement des collectivités locales est assurée", a notamment exposé le préfet.

Depuis la réunion de présentation du potentiel plan de financement fin novembre, toutes les collectivités locales concernées se positionnées en conseil. En seulement un mois de travail avec elles, Étienne Guyot préfère "voir le verre à trois quart plein" face à la majorité de votes positifs. "Nous sommes proches du but", ajoute-t-il.

235 millions d'euros à trouver à cout terme pour les collectivités

Bien que proches d'un accord global et complet comme le souligne le préfet, qui veut mettre en avant "une dynamique positive", quelques trous dans la raquette, et pas des moindres, subsistent. Tout d'abord, la part de subventions de l'Europe dans GPSO n'est toujours pas assurée alors qu'il est prévu que cela représente 20% du coût total, auxquels il faut ajouter les 40% de l'État et les 40% des collectivités locales.

"Le montant des subventions de l'Union Européenne qui figure au présent protocole est indicatif et sera ajusté une fois que les montants de subventions accordés au projet GPSO dans le cadre du mécanisme d'interconnexion pour l'Europe (programmation à venir) seront communiqués", précise le protocole de financement.

Un flou à additionner au fait que les refus de certaines collectivités locales provoque, dans leur part de financement, un trou de 336,4 millions d'euros brut, ou 235,5 millions d'euros net. La différence entre le brut et le net s'explique par l'apport des recettes fiscales nouvelles et spécialement créées pour financer la part des collectivités locales à GPSO. Pas moins de 960 millions d'euros doivent être ainsi récoltés de la sorte, sur 40 ans, pour financer la LGV entre Toulouse et Bordeaux.

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"Il reste en net 2,4% du projet de la part des collectivités territoriales à trouver. J'appelle donc les collectivités locales à leurs responsabilités, pour trouver des solutions et boucler le tour de table sur la part des collectivités. C'est à elles de faire des propositions au gouvernement", n'a pas manqué souligner Étienne Guyot, en faisant notamment référence aux deux conseils régionaux.

Malgré ces manques dans les caisses, le directeur de projet, Guy Kauffman, l'assure : "nous avons un plan de financement suffisamment établit (pour avancer)".

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Plusieurs scénarios envisagés pour faire des économies

Néanmoins, pour combler les éventuels besoins financiers, le protocole de financement entre tous les protagonistes du dossier prévoit un ordre de priorités pour y répondre. Tout d'abord, une recherche d'économies "à programme constant" sera faite, avant d'envisager "une recherche d'économies préservant les fonctionnalités essentielles du projet".

Dans les coulisses, ce second scénario génère des craintes autour de la potentielle gare nouvelle prévue à Agen dans le cadre de LGV entre Toulouse et Bordeaux, après le refus du conseil département du Lot-et-Garonne de financer GPSO. "La déclaration d'utilité publique prévoit une gare à Agen et deux collectivités de ce territoire ont voté de manière différente sur ce projet. Le Département contre au contraire de la communauté d'agglomération d'Agen, quant à elle favorable. Dans ce cas, il va falloir que quelqu'un prenne les 75 millions d'euros du conseil départemental, donc nous attendons des propositions", répond diplomatiquement Étienne Guyot qui ne veut pas évoquer, pour le moment, le retrait de cette gare dans le projet.

Par ailleurs, les acteurs du dossier ne ferment pas la porte, en troisième recours, à "une mobilisation accrue des ressources fiscales", avant de remettre la main au pot en dernier recourt. Là encore il est évoqué, si besoin, la création d'une taxe spéciale sur les bureaux (TSB), comme elle existe déjà en région parisienne pour financer le Grand Paris Express.

Si un tel scénario devait se produire, celui-ci sera alors acté par un comité de pilotage sous l'égide du préfet de la région Occitanie, rassemblant les financeurs et le maître d'ouvrage. La plupart de ces acteurs doivent aussi se retrouver au sein d'un établissement public local dédié au projet GPSO, qui doit voir le jour avant fin avril 2022 avec des compétences élargies à de l'ingénierie. Si le calendrier est tenu, la LGV entre Toulouse et Bordeaux pourrait voir le jour d'ici 2032.

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