La fusion des Régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, un flop financier ?

Lors de la fusion des Régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon au 1er janvier 2016, l’objectif était de faire des économies. Jeudi 31 mai, des élus de l’opposition ont dénoncé la gestion financière de la présidente de la nouvelle grande Région Occitanie, Carole Delga. Ils mettent en avant la non-utilisation de l’hémicycle toulousain qui engendre la location de salles pour tenir les assemblées plénières pour un coût qui se chiffre en millions d’euros.
L'hémicycle toulousain doit-il être rénové ? (Crédits : Rémi Benoit)

Créer des Régions plus puissantes à l'échelle européenne et réaliser des économies, tels étaient les deux grands objectifs de la fusion des Régions opérée au 1er janvier 2016 à travers la loi NOTRe. Les Régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon ont fusionné pour ne faire plus qu'une, sous le nom Occitanie. Sans surprise, Toulouse a été désignée comme la capitale régionale, avec cependant un partage des sièges régionaux des diverses structures entre la Ville rose et Montpellier.

D'ailleurs, c'est dans cette dernière que se tiennent depuis le 15 avril 2016 les assemblées plénières de la Région Occitanie réunissant les 158 élus de l'instance. Avant cela, les deux premières assemblées plénières s'étaient tenues dans l'hémicycle toulousain. Depuis, plus aucun événement de ce genre ne s'est déroulé à Toulouse et la Région loue des salles pour effectuer ses assemblées. Ce choix a été dénoncé jeudi 31 mai par des élus de l'opposition appartement au groupe UEDC (Union des élus de la droite et du centre).

"Le coût a été de plus de 64 000 euros pour celle au Corum de Montpellier le 15 avril 2016, mais pour celle du 30 juin 2017 au Parc des expositions de Montpellier la facture est de 137 000 eurod. C'est donc un coût non négligeable que nous avons évalué sur l'ensemble du mandat à environ 3 millions d'euros", détaille Élisabeth Pouchelon, élue régionale de l'UEDC.

En effet, pour Carole Delga, les deux hémicycles à Toulouse et Montpellier ne sont pas adaptés pour accueillir 158 conseillers régionaux, ce qui oblige à de telles locations. Selon ces élus de l'opposition, la présidente du Conseil Régional aurait plusieurs fois expliqué oralement que les coûts de réfection des hémicycles seraient de 8 millions d'euros à Toulouse et 10 millions à Montpellier sur la base de devis. Mais d'après l'UEDC, ces documents n'existeraient finalement pas et pour obtenir ces chiffres, la Région aurait fait elle-même des estimations avec ses services.

800 000 euros de travaux seulement nécessaires à Toulouse ?

De plus, d'après Jean-Pierre Estrampes, l'architecte qui a conçu le Conseil Régional de Toulouse, seulement quelques centaines de milliers d'euros seraient nécessaires pour accueillir dans de bonnes conditions les assemblées plénières à Toulouse.

"Huit millions d'euros ? C'est une plaisanterie. Une telle somme ne se justifie absolument pas sauf si vous plaquez d'or les sièges de la salle et que vous y rajoutez de l'ivoire. Quand Carole Delga a été élue, je lui ai fait un courrier pour lui rappeler que j'étais l'architecte de ce bâtiment et la loi de propriété intellectuelle qui va avec. Aucun architecte ne peut donc réaliser des travaux sans mon autorisation. Je lui ai dit que j'avais des idées de modifications de l'hémicycle toulousain tout à fait simples pour l'adapter afin de recevoir la totalité des élus régionaux. On serait sur des travaux mineurs portant uniquement sur le mobilier. On ne toucherait pas à l'édifice", tient à préciser l'architecte qui n'a jamais reçu de réponse à son courrier d'après lui.

Selon les documents fournis à la presse jeudi 31 mai par le groupe UEDC, en se basant sur les estimations de Jean-Pierre Estrampes, les travaux pourraient coûter entre 120 000 et 800 000 euros hors taxe, afin d'y ajouter les 48 pupitres manquants. Ce qui reviendrait alors moins cher que la location de salles à Montpellier.

"Notre but n'est pas de tout rapatrier à Toulouse, mais d'avoir une bonne gestion de l'argent publique et d'autre part nous avons complètement dépossédé l'Hôtel de Région de Toulouse. On souhaite que ce choix politique soit réexaminé et que les quatre plénières annuelles aient lieu à Toulouse, tout en maintenant les commissions permanentes mensuelles à Montpellier", propose Anne-Sophie Monestier-Charrié, une autre élue de l'opposition.

Quelques heures après ces déclarations, la présidente de la Région a tenu à réagir dans un communiqué pour rappeler ses engagements.

"Je l'ai toujours dit et répété pendant la campagne électorale : la fusion a fait de Toulouse la capitale de la Région, mais je tiens à ce que Montpellier soit le siège de nos réunions délibératives pour garantir l'équilibre territorial. Je tiens donc parole. Non de façon obstinée mais avec des arguments réalistes. Les deux anciens hémicycles (trop petits pour accueillir la nouvelle assemblée) accueillent nos commissions permanentes et sont mis à disposition pour des associations, des colloques, des événements, et ce, 1 jour sur 2 en 2017. L'heure n'est pas à construire un nouvel hémicycle pour 158 élus, et ce, d'autant que le président de la République s'interroge sur la baisse du nombre d'élus locaux ! J'ai d'autres priorités", a ainsi rappelé Carole Delga, avant son voyage au Japon.

Lire aussi : Carole Delga s'envole à son tour au Japon

Par ailleurs, dans son communiqué, la présidente de la Région met en avant sa "gestion rigoureuse" avec des dépenses de fonctionnement contenues (moins de 1% d'augmentation par an selon elle) qui permet notamment la gratuité des livres scolaires des lycéens.

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