Le Plan agriculture diversement accueilli en Midi-Pyrénées

Le président de la République a dévoilé son plan en faveur des agriculteurs le 27 octobre. Il comprend notamment 1 milliard d'euros de prêts sur 5 ans accordés par les banques à un taux bonifié et 650 millions d'euros d'interventions d'urgence. Syndicats agricoles et élus de Midi-Pyrénées réagissent.Jean-Louis Cazaubon, président de la Chambre régionale d'agriculture, n'a pas encore « expertisé les aides dans le détail. Je ne sais pas si on nous vend deux fois la même chose, après les aides annoncées pour les laitiers.

Le président de la République a dévoilé son plan en faveur des agriculteurs le 27 octobre. Il comprend notamment 1 milliard d'euros de prêts sur 5 ans accordés par les banques à un taux bonifié et 650 millions d'euros d'interventions d'urgence. Syndicats agricoles et élus de Midi-Pyrénées réagissent.

Jean-Louis Cazaubon, président de la Chambre régionale d'agriculture, n'a pas encore « expertisé les aides dans le détail. Je ne sais pas si on nous vend deux fois la même chose, après les aides annoncées pour les laitiers. Cela nous permettra de passer le cap, sans doute, mais ça ne prépare pas l'avenir. Il nous faut obtenir de Bruxelles que la Commission européenne revoit sa copie. Nous avons besoin de nouvelles manières de gérer les marchés. Depuis 8 ans, nous sommes soumis au libéralisme. Mais l'alimentaire, ça ne se gère pas comme les produits manufacturés ! Nos produits ne sont pas stockables ! »

William Villeneuve, président gersois du syndicat national Jeunes Agriculteurs, pense que « le discours est bon mais il faut maintenant passer aux actes. Nous avions demandé des mesures conjoncturelles, l'enveloppe n'est pas négligeable même s'il en manque sur certains points. Cela dit, les aides ne viennent pas remplacer des prix justes pour les agriculteurs. Je note des points positifs, notamment sur les orientations structurelles de la filière. Nous demandons que les chefs d'Etats reprennent la main sur la Politique Agricole Commune au détriment de la Commission européenne. »

A Auch, la Coordination rurale estime que « les moyens ne suivent pas les ambitions. Le Président de la République vient de réaffirmer une vision volontariste et décomplexée de l'agriculture. La Coordination se félicite de cet état d'esprit et prend acte du plan d'aide annoncé. Il est indispensable que sa mise en œuvre ne laisse aucun agriculteur en difficulté au bord du chemin, notamment lorsqu'il s'agira d'obtenir des banques qu'elles consentent aux plus fragiles les prêts annoncés. La contractualisation ou les systèmes d'assurances variés ne sauraient permettre à eux seuls des prix rémunérateurs. Il faut désormais aller plus loin pour envisager des solutions de long terme. C'est ce que fera la Coordination dans le cadre de ses propositions pour la Loi de modernisation agricole, par exemple à travers la TVA sociale pour alléger de manière déterminante et durable les charges salariales des agriculteurs. Aller plus loin, et la Coordination regrette que le Président ne l'ait pas fait, c'est aussi appeler à soustraire l'agriculture aux contraintes de l'Organisation Mondiale du Commerce. »

Martin Malvy, président PS du Conseil régional, juge que « le plaidoyer de Nicolas Sarkozy pour la maîtrise de l'offre n'est autre qu'un discours de circonstance. C'est quand il présidait l'Europe que le président de la République aurait du faire évoluer dans le bon sens la Politique Agricole Commune. Quant aux mesures annoncées, elles peuvent avoir quelques effets mineurs, mais ce sera au mieux pour quelques mois. » Le président de Région rappelle que « le revenu moyen agricole en Midi-Pyrénées est à 65 % de la moyenne nationale, 14 100 € par exploitant contre 21 600 €. En intervenant pour que les prêts de trésorerie soient ramenés au taux zéro pour les laitiers et demain éventuellement pour d'autres secteurs, si les banques font un effort, la Région est allée financièrement au maximum de ce qu'elle peut faire. Mais les prêts de trésorerie ne valent que dans l'attente d'un retour à des prix rémunérateurs. Or, ce sont les mécanismes de formation des prix qui doivent être revus sans tarder. »

Brigitte Barèges, député-maire de Montauban et candidate UMP aux Régionales, estime que « le monde agricole a été entendu. Il ne s'agit pas d'un plan à « courte vue » et de « court terme » comme certains détracteurs se plaisent à rappeler. ll s'agit bien d'un soutien exceptionnel sans précédent pour une agriculture en crise. Ce plan attendu par des producteurs touchés de plein fouet par la baisse de leurs revenus représente près de 90 % de l'enveloppe demandée par les agriculteurs de tous les secteurs. Cet après-midi, à l'Assemblée nationale, au cours du débat sur les questions d'actualité, les députés ont reçu l'assurance qu'en ce qui concerne les dettes de trésorerie, une réunion sera organisée par ministre de l'Agriculture d'ici la fin de l'année. Par ailleurs la refonte de la politique agricole sera accélérée. » Brigitte Barèges s'est associée aux propos de Nicolas Sarkozy : « La France a un lien charnel avec son agriculture. La terre fait partie de l'identité nationale. »

Pour Jean-Louis Chauzy, président du Conseil économique et social régional, « la France et l'Europe ont besoin d'une politique agricole et de l'alimentation commune. L'avenir dira si les mesures de soutien sont suffisantes. » Jean-Louis Chauzy rappelle qu'en Midi-Pyrénées, « l'agriculture et l'agroalimentaire représentent deux fois le nombre d'emploi de l'industrie aéronautique, soit 100 000 emplois. Nous devons réaffirmer le droit pour les agriculteurs à pouvoir vivre dignement de leur travail. {...} Les ravages des politiques ultralibérales nécessitent des changements qui doivent s'inscrire dans la durée et pas seulement le temps de la colère. L'organisation et la régulation des marchés, le soutien aux filières doivent faire l'objet de contrats entre l'Europe, l'Etat, les producteurs, les industriels et la grande distribution. Une première conférence nationale en faveur de l'agriculture et de l'industrie agroalimentaire associant les régions devrait être organisée à cet effet. »

En savoir plus :
- Le détail des mesures est accessible sur www.elysee.fr et sur www.agriculture.gouv.fr

En photo : les agriculteurs ont manifesté dans les rues de Toulouse le 16 octobre. (photo Rémi Benoit)

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