Molex : un accord de sortie de crise signé. L'activité du site prolongée jusqu'au 31 octobre 2009

Les syndicats de Molex et le co-dirigeant du site, Marcus Kerriou, ont signé ce matin en préfecture un accord de fin de crise. Ce dernier confirme la poursuite de l'activité à Villemur-sur-Tarn au-delà du 30 juin, date initialement prévue par la direction américaine. L'usine fermera ses portes quatre mois plus tard, le 31 octobre 2009. En contrepartie, les salariés se sont engagés à relancer la production.

L'avenir du site reste en suspens.

Le préfet de Haute-Garonne, Dominique Bur, et le directeur départemental du Travail, Michel Ducrot, ont joué le rôle de médiateurs lors des négociations. Ce matin en préfecture, quelques instants avant de signer le protocole, Dominique Bur en a évoqué les termes. « Chacune des parties a fait les efforts nécessaires pour aboutir à cet accord. Il a été trouvé vendredi et soumis aux salariés. L'activité, prolongée de quatre mois, permettra de continuer à discuter sur les indemnités de licenciement, améliorer le plan social et travailler sur la revitalisation du bassin d'emploi. » La fermeture du site a été officiellement repoussée au 31 octobre 2009 ; le groupe s'est engagé à payer les salaires des 283 salariés jusqu'à cette date, soit un supplément de 4,5 millions d'euros. Les jours de grève seront indemnisés.

L'accord prévoit en contrepartie le retour à des cadences de production plus soutenues. « Reprendre comme avant est quasiment impossible, note Guy Pavan, délégué CGT. Mais nous tenons à montrer à nos clients que nous sommes responsables. Avant même que l'accord ne soit signé, la production était remontée à 50% de nos capacités. Il sera difficile d'aller plus loin, les employés sont démotivés. » Une période d'observation de 15 jours a été instaurée. A son issue, le co-gérant du site, Marcus Kerriou, et le comité d'entreprise feront un point sur la situation. « Nous sommes dans une logique industrielle. Si nous voulons que ce site vive, il nous faut répondre aux demandes des clients. Si nous honorons leurs commandes, Villemur fonctionnera à 60 ou 70% de ses capacités. » Si ce seuil n'est pas atteint, la direction se réserve le droit de dénoncer l'accord.

Molex Automotive est légalement tenue de verser 1,5 million d'euros consacrés à la reprise ou la réindustrialisation du site. L'accord signé ce matin stipule que le groupe a décidé d'y ajouter 2,5 millions supplémentaires. Au total, 4 millions seront destinés à rechercher d'éventuels repreneurs et à financer cette revitalisation. Le préfet s'est montré prudent ce matin : « Il s'agit d'un accord de sortie de crise pour retrouver les conditions d'un dialogue. Il ne porte pas sur l'avenir du site. Les salariés seront rémunérés jusqu'au 31 octobre mais il reste du travail à accomplir. » Que deviendra le site de production fin 2009 ? Selon Marcus Kerriou, « la direction américaine est prête à céder les murs et les machines à des entreprises qui pourraient se positionner comme concurrentes si elles le souhaitent. Mais Molex gardera ses produits et ses clients. » Les salariés n'y croient guère et mise plutôt sur la diversification de leur activité, vers l'aéronautique par exemple. « Alstom a été approché, Airbus aussi mais il faudrait attendre 2 ans pour les intégrer, explique Denis Parise, secrétaire du CE. Nous souhaitons que le gouvernement prenne ses responsabilités. Il peut exiger que PSA Peugeot Citroën, pour qui nous travaillons à 85% et qui vient de toucher des aides publiques, continue à travailler avec nous. » Un projet de Pôle connectique, issu d'une reprise du site par les salariés eux-mêmes ou d'une nationalisation, revient également dans les conversations.

Robert Castagnac, nommé lundi 4 mai Commissaire à la réindustrialisation de Midi-Pyrénées, pilotera le groupe de travail chargé d'examiner l'avenir du site. Sa mission : attirer des investisseurs potentiels et évaluer les différentes possibilités. « Il faut partir des compétences des salariés et des atouts du site, explique Robert Castagnac. Nous allons procéder à un recensement des idées qui existent. Pour l'instant, nous ne sommes pas encore au stade de projets au sens économique du terme. »

Les débats vont maintenant se déplacer sur le terrain de la Justice. Jeudi 7 mai, le Tribunal de grande instance de Toulouse examinera la procédure en référé intentée par les syndicats. Ces derniers réclament la suspension du plan social « tant que le CE ne dispose pas de tous les éléments sur les véritables raisons ayant conduit à l'annonce de la fermeture », a indiqué Me Jean-Marc Denjean, avocat du comité d'entreprise. La décision du tribunal, si elle allait dans le sens des syndicats, pourrait reporter de plusieurs mois la fermeture du site. De son côté, Marcus Kerriou, séquestré pendant 26 heures en avril, affirmait hier vouloir toujours engager une procédure judiciaire. « Je n'ai simplement pas encore eu le temps de porter plainte, la question de l'accord était prioritaire », a-t-il déclaré ce matin.

Le président de Région, Martin Malvy, a pris acte de « ce répit de quatre mois négocié entre syndicats et direction et approuvé à une très grande majorité par le personnel. Pour autant, l'avenir des 283 salariés est un sujet qui est toujours sur la table, il ne s'agit là que d'un sursis.
Cet accord doit être mis à profit par tous pour rechercher, sans perdre un instant, un repreneur de l'activité. »

En photo : le co-gérant du site de Villemur-sur-Tarn Marcus Kerriou, le préfet Dominique Bur, le directeur départemental du Travail Michel Ducrot et les syndicats ont signé le protocole d'accord.

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