Grand emprunt de 35 milliards d'euros, les réactions à Toulouse

Le Président de la République Nicolas Sarkozy a annoncé le 14 décembre ses priorités sur le grand emprunt. Cinq priorités d'avenir ont été définies : l'enseignement supérieur et la formation, la recherche, le soutien à l'industrie et aux PME, le développement durable et le passage à l'économie numérique. Les décideurs toulousains réagissent.

Comme prévu, l'enseignement supérieur et la formation sont au cœur du projet : 11 milliards d'euros y seront consacrés dont près de 8 pour faire « émerger 5 à 10 campus d'excellence ayant les moyens, la taille critique et les liens avec les entreprises qui leur permettront de rivaliser avec les meilleures universités mondiales ». Localement, Toulouse se voit confirmer les 350 millions d'euros en capital et 175 millions d'euros en investissement direct d'ores et déjà affectés à l'université du Mirail, promis par Valérie Pécresse en septembre dernier.

Une excellente nouvelle selon Louis Castex, président du Pres (Pôle de recherche et d'enseignement supérieur) Université de Toulouse l : « La France commence à comprendre que les enjeux économiques à venir passeront nécessairement par l'enseignement et la recherche, s'est-il exprimé. Il faut parier sur notre capacité à innover pour disposer des industries de demain. » Pour le président du Pres, cette manne financière ne constitue toutefois pas une assurance tout risque : « Elle nous donne pas la clé du succès mais nous permet de concourir dans la compétition mondiale. C'est une forte marque de confiance que nous témoigne la Nation. A nous de nous en montrer dignes. »

8 milliards d'euros seront, d'autre part, consacrés à la recherche dont 2,5 milliards pour la santé et les biotechnologies et 3,5 milliards pour la valorisation de la recherche publique. Un des objectifs consiste notamment à créer des instituts de recherche technologiques qui seront des plates-formes interdisciplinaires rassemblant les compétences de l'industrie et de la recherche publique. Un effort salué par Alain Costes, vice-président de la Chambre de commerce et d'industrie de Toulouse (CCIT) et chargé de mission sur les nanotechnologies par le Président de la République : « Ainsi, on connecte véritablement les laboratoires avec les entreprises. Quand on regarde, d'un point de vue applicatif, les potentialités de Toulouse et de Midi-Pyrénées, au niveau aéronautique, spatial, nano et biotechnologique, force est de constater que le canevas proposé est remarquable. »

Martin Malvy, président de Région, s'est montré moins enthousiaste : « On attendait que le Président entre enfin dans le concret après des semaines de généralités sur l'affectation des sommes qui seront mobilisées. Il n'en a rien été. Nicolas Sarkozy s'est contenté de lister des grandes têtes de chapitres qui, pour l'essentiel, étaient déjà connues et s'imposent, grand emprunt ou non ».

Soucieux de revitaliser l'industrie, le chef de l'Etat a également annoncé une enveloppe de 6,5 milliards d'euros pour aider « les filières d'excellence à préparer l'avenir, en particulier l'aéronautique, le spatial, l'automobile et le ferroviaire, autant de domaines où la région Midi-Pyrénées est plutôt bien placée. En matière aéronautique, il s'agit de préparer les aéronefs du futur, moins bruyants et plus économes tandis que dans la domaine spatial, c'est l'amélioration technologique des satellites qui apparaît comme l'enjeu fondamental pour le gouvernement.

La lutte contre le réchauffement climatique étant devenu une priorité nationale, rien de surprenant à ce que le développement durable bénéficie de 5 milliards d'euros en plus de ce qui est déjà prévu dans le cadre du Grenelle de l'Environnement. Des progrès, en matière technologique et industrielle sur les filières décarbonées, sont notamment espérés. Le choix d'attribuer 4,5 milliards d'euros pour le passage à l'économie numérique s'explique par le très fort effet de levier du secteur sur la croissance et l'emploi. Certaines parties du grand emprunt étant allouées sur concours, il ne reste plus qu'à présenter des dossiers et à remporter les appels d'offres qui seront lancées durant le 1er semestre 2010 : « C'est une immense chance mais aussi un redoutable défi à relever, résume Alain Costes. Il s'agit désormais de parvenir à se rassembler et de tirer dans le même sens. Il faut être intelligent pour travailler ensemble. »

Cinq chantiers prioritaires ont été définis par le chef de l'Etat qui a suivi, dans l'ensemble, les préconisations de la commission Juppé-Rocard sur le « grand emprunt » pour un montant global de 35 milliards d'euros. Une somme qui est financée de deux manières : le remboursement des 13 milliards d'euros de fonds propres prêtés par l'Etat aux banques au moment de la crise financière ; un appel au marché à hauteur de 22 milliards d'euros par l'agence France Trésor dans le cadre du programme normal d'emprunt à moyen et long terme, et en fonction des besoins de décaissements. Les dotations budgétaires seront ouvertes début 2010 par une loi de finances rectificatives.

1,5 milliards d'euros seront, par ailleurs, versés à Oséo pour renforcer son action déterminante dans le financement des entreprises innovantes et 500 millions d'euros pour les pôles de compétitivité.

Photo: Rémi Benoit

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