KéaBot, l'application toulousaine qui sauve les cosmétiques de la poubelle

La plateforme toulousaine KéaBot propose des produits cosmétiques et de parapharmacie à dates courtes et à prix réduits. Elle permet aux officines de lutter contre le gaspillage et aux utilisateurs de profiter de jolies réductions tout en sauvant un produit encore propre à l'usage des griffes de la poubelle. Lancée il y a près d'un an, l'application prévoit d'atteindre les 500 pharmacies partenaires et de compter 100.000 d'ici la fin de l'année 2023.
À Toulouse, KéaBot propose des produits cosmétiques et de parapharmacie à dates courtes et à prix réduits.
À Toulouse, KéaBot propose des produits cosmétiques et de parapharmacie à dates courtes et à prix réduits. (Crédits : Kéabot)

Chaque année en France, l'équivalent de près de 180 millions d'euros de produits d'hygiène, de soin et de beauté sont jetés ou détruits. Chaque jour, ce sont quatre tonnes de produits cosmétiques qui sont mis à la poubelle dans l'Hexagone (Ifop 2021). C'est à partir de ce constat qu'Arnaud Mallinger a décidé de créer KéaBot, une application qui propose des produits cosmétiques et de parapharmacie, dont la date de péremption approche (moins de 6 mois), issus du sur-stock des officines ou ayant un packaging abîmé. À l'instar de Too good to go ou Phenix avec l'alimentaire, la plateforme anti-gaspillage toulousaine affiche des prix cassés avec des réductions comprises entre -30 % et -50 % par rapport au tarif initial. Une façon de lutter contre le gaspillage tout en soulageant son porte-monnaie.

« J'ai fait des études de pharmacie et je me suis rendu compte que lorsque les commerciaux reprenaient les produits invendus des pharmacies, c'était pour les détruire dans des incinérateurs ou les jeter. Il n'y avait pas de solution », raconte celui qui a fondé KéaBot, en avril 2022.

Simple d'utilisation pour le client et le professionnel

Une fois l'application mobile KéaBot téléchargée (disponible sur App store et Google Play), l'utilisateur sélectionne sa ville et peut consulter les différents articles disponibles à la vente autour de lui et faire ses achats en quelques clics. Dès que le paiement est effectué, il peut retirer sa commande en click & collect dans la pharmacie partenaire à qui il vient de sauver un produit de la benne.

« Les utilisateurs peuvent retrouver des hydratants, des nettoyants, des compléments alimentaires, des vitamines, des produits de phytothérapie, d'aromathérapie, pour bébé, des pansements, etc. Nous avons sauvé un millier de produits jusqu'à maintenant. Il est possible de commander et de payer les produits de plusieurs pharmacies en même temps. Une fois en pharmacie, si le client se rend compte que le produit ne lui convient pas, il peut toujours refuser la vente. Le click & collect permet l'interaction, le conseil, de faire du sport ce qui est une véritable question de santé publique et d'éviter la production de CO2 avec de la livraison », explique Arnaud Mallinger.

 Côté pharmacies, les professionnels peuvent commercialiser leurs invendus en remplissant au préalable un formulaire d'adhésion sur la plateforme. Le pharmacien a ensuite accès à un espace où il bipe les codes-barres et fixe le prix des différents produits pour créer des annonces. Après une vérification des équipes de KéaBot, les références sont en ligne et visibles par les utilisateurs.

« Pour le pharmacien, cela lui offre une porte de sortie lorsque les laboratoires ne souhaitent pas reprendre les produits qui ne se vendent pas. Lorsque le client se présente à la pharmacie pour récupérer sa commande, il peut faire du conseil supplémentaire. Il peut également valoriser son image RSE avec KéaBot. »

Mailler toute la France

Après près d'un an d'existence, la plateforme anti-gaspi toulousaine compte 20.000 utilisateurs et quelque 200 pharmacies partenaires partout en France, dont une quinzaine à Toulouse. D'ici la fin de l'année 2023, l'entreprise vise les 100.000 utilisateurs et les 500 officines partenaires. Des futurs accords, en cours d'évaluation, devraient permettre à la startup d'atteindre ces objectifs. La loi Agec (anti-gaspillage pour une économie circulaire), parue le 1er janvier 2022, donnera également un coup boost à l'activité de la jeune société. Cette dernière interdit aux fournisseurs et distributeurs la destruction de produits non-alimentaires auquel cas ils s'exposent à une sanction financière.

« L'objectif est d'avoir un maillage territorial aussi assez dense et d'être présents dans toutes les grandes villes de France. Mais nous ne refusons pas les zones rurales et sommes ouverts à toutes les pharmacies », précise le jeune entrepreneur. À terme, son ambition est de couvrir tout le marché français et ses 20.000 officines.

Un nouveau service de dons

Pour se faire connaître du grand public, KéaBot a ouvert une boutique éphémère au cœur du centre-ville de Toulouse, le 18 février dernier, de 8 heures à 20 heures. Le temps d'une journée les Toulousains ont ainsi pu profiter de près d'un millier de références pharmaceutiques de marques reconnues comme Bioderma, La Roche Posay, Rogé Cavaillès ou encore Roc, dont la date de péremption était proche et à prix réduits. Cette opération, qui a été un succès, sera réitérée à l'avenir à Toulouse et d'autres métropoles françaises.

Afin d'aller plus loin dans sa démarche et de lutter un peu plus contre le gaspillage, la jeune pousse a lancé, depuis peu, un service de dons. Ce dernier vise à mettre en relation des officines ayant des invendus en dates courtes (un mois) à donner et des associations.

« Parfois, les produits ne se vendent pas, car ce sont des 'nanars' et qu'ils ne sont pas intéressants. Il est plus judicieux de les donner plutôt que d'attendre leur date limite et de devoir les jeter. Nous faisons le pont entre la pharmacie et l'association pour faciliter le processus habituel qui est plus lent et difficile pour les deux parties », estime le fondateur.

Lancer l'appli à l'international

La jeune pousse, qui se rémunère en prenant une commission sur chaque transaction réalisée sur sa plateforme, affichait un petit chiffre d'affaires de 15.000 euros en 2022. Pour l'exercice en cours elle prévoit d'atteindre les 50.000 euros. En 2024, son ambition est d'arriver à un chiffre d'affaires de 250.000 euros, notamment grâce à la future signature d'accords. L'année suivante, son but est de doubler ce résultat. « Ce sont des chiffres qui sont prudents et pessimistes. Nos projections seront certainement revalorisées », assure-t-il.

L'entreprise emploie actuellement trois personnes. Dans les mois à venir, elle devait réaliser un premier tour de table, dont le montant est pour l'instant confidentiel. Cette ouverture de capital devait lui permettre de renforcer son effectif, de fortifier sa stratégie de communication et ainsi sa notoriété auprès du grand public.

s 2024, KéaBot a pour but de se lancer à l'international. La startup ciblera un ou deux pays européens limitrophes, qu'elle ne dévoile pas pour l'instant. Pour financer cette prochaine expansion, la jeune pousse réalisera probablement une levée de fonds au préalable. « Nous avons un troisième service qui verra le jour pour la rentrée prochaine. Il y a énormément de possibilités autour de l'anti-gaspillage et des cosmétiques. Nous avons plein d'idées à développer et qui peuvent intéresser le grand public », se projette Arnaud Mallinger.

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