À Toulouse, Madame Colette soulage l'endométriose avec la première ceinture bouillotte

Fondée en 2022, l'entreprise toulousaine a conçu Wendy, une ceinture bouillotte qui atténue les douleurs menstruelles et des personnes atteintes d'endométriose. Conçu à partir de bouteilles en plastique revalorisées en tissu, le produit est quasi invisible sous les vêtements. Madame Colette veut aller plus loin et vient de lancer une campagne de crowdfunding pour financer la production du premier legging bouillotte.
En France, une femme sur dix souffre d'endométriose.
En France, une femme sur dix souffre d'endométriose. (Crédits : Reuters)

En France, l'endométriose touche environ 10 % des femmes en âge de procréer, soit entre 1,5 à 2,5 millions de femmes. Cette maladie gynécologique chronique se caractérise par le développement d'une muqueuse utérine (l'endomètre) en dehors de l'utérus, colonisant d'autres organes avoisinants. Complexe et aux symptômes variés selon les personnes touchées, elle se traduit le plus souvent par des douleurs pelviennes, durant les règles et les rapports sexuels.

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Atteinte de cette pathologie encore trop peu connue du grand public et parfois tabou, une Toulousaine a mis au point un outil pour soulager ces douleurs et plus globalement les crampes menstruelles. Leïla Royer a imaginé Wendy, une ceinture bouillotte chauffante qui permet de calmer les douleurs dans les zones pelvienne et dorsale en simultanée. Quasiment invisible, elle peut être portée sous les vêtements tout en assurant à celle qui la porte une liberté de mouvements, contrairement aux bouillottes à eau traditionnelles qui ne peuvent être utilisées qu'en position assise ou allongée. La ceinture de la marque toulousaine Madame Colette a un design pensé pour qu'aucune sensation de lourdeur ne se fasse ressentir et pour être portée en public, en toute discrétion.

 « L'endométriose a eu un impact sur tous les aspects de ma vie, privée et professionnelle. Lorsque que j'avais des crises au travail, mis à part le système archaïque de la bouillotte à eau que l'on pose discrètement sur son ventre au bureau, il n'y avait pas d'autres alternatives. Étant hyperactive, cela me pénalisait beaucoup. Je ne pouvais plus voyager comme je le voulais et devais réorganiser mon quotidien selon mes douleurs.

J'en ai parlé sur les réseaux sociaux et très vite, je me suis rendu compte que nous étions une femme sur dix à être dans ce cas en France. Nous étions beaucoup à nous poser des questions, sentir esseulées et dans l'incompréhension face à cette maladie qui est un handicap invisible et mal compris. Pour calmer les douleurs, nous n'avions pas de bouillotte que l'on puisse attacher et qui agit tout autour du corps », raconte l'ancienne manager RH chez Airbus, qui a cofondé avec son mari, Réal Royer, la marque Madame Colette en mai 2022.

 Inclusion et réinsertion sociale

Éco-responsable, Wendy est réalisée avec du polyester recyclé conçu à partir de bouteilles en plastique revalorisées en tissu. À l'intérieur, se trouvent six compartiments (tout autour du corps) dans lesquels se glissent des coussins remplis de graines de lin, un oléagineux aux vertus antalgiques et « malléable ». Ces coussinets de graines de lin, issues du Nord de la France, se réchauffent au micro-ondes, au four ou sur un radiateur et ont une durée de restitution de la chaleur comprise entre 30 et 45 minutes. La ceinture bouillotte de Madame Colette se porte et tient de manière autonome autour de la taille grâce à son système ajustable et s'adapte à différentes morphologies (du 34 au 52). « Avant commercialisation, elle a été testée par un panel d'une soixantaine de femmes qui l'ont validée et adoptée », assure Leïla Royer.

Le produit de la marque toulousaine est assemblé par les détenues des centres pénitentiaires de Marseille et Seysses. Les coussins de graines de lin sont quant à eux réalisés dans des ESAT (Établissement et service d'aide par le travail) en Occitanie, par des personnes en situation de handicap.

Commercialisée depuis janvier dernier, Wendy est vendue au prix de 49 euros. Les différents coloris sont disponibles sur le e-shop de Madame Colette. Depuis peu, le produit est également distribué en physique au sein des Parapharmacies Lafayette de Toulouse et en ligne sur des plateformes e-commerce comme Nature & Découvertes ou Ankorstore.

 « L'objectif est d'avoir plus de points de distribution et que le produit soit palpable pour les clients. Nous visons principalement les pharmacies, les parapharmacies ainsi que les magasins spécialisés autour des règles qui voient le jour depuis peu », remarque la dirigeante.

Depuis son lancement commercial, la société a écoulé plus de 400 ceintures. Pour sa première année d'activité, Madame Colette s'est fixée comme objectif d'atteindre les 285.000 euros de chiffre d'affaires.

Un legging bouillotte en projet

En parallèle, la jeune marque étend sa gamme et propose, depuis peu, des thés et infusions à base de chanvre pour atténuer les crampes menstruelles et d'endométriose. Elle souhaite mettre au point un nouveau produit : le legging bouillotte qui soulage les douleurs menstruelles. « Ce produit n'existe pas du tout. Il va permettre aux femmes d'avoir une certaine flexibilité, d'aller se promener, faire du sport, etc », explique la jeune cheffe d'entreprise. Afin de financer ce projet, la startup a lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme Ulule, fin avril dernier. Madame Colette veut idéalement récolter 11.000 euros, somme qui devrait lui permettre de financer la production et de commercialiser le legging dès cette année.

 « En plus du bien-être, nous sommes également en train de travailler sur l'aspect alimentation qui est important lorsqu'on est atteint d'endométriose et autres pathologies entraînant des règles douloureuses. Nous voulons mettre en place une gamme de produits à base de chanvre. Nous travaillons actuellement avec un fournisseur de la région Occitanie qui fait de la culture bio », détaille la dirigeante.

Depuis novembre 2022, la jeune pousse est incubée au sein d'Incoplex, incubateur toulousain qui accompagne les entrepreneur.e.s de la nouvelle économie à fort impact social ou environnemental. Le couple Royer emploie deux personnes en plus de participer à l'économie solidaire et à la lutte contre l'exclusion et la discrimination des personnes en situation de handicap et de réinsertion. Le couple toulousain qui autofinance son projet depuis le début souhaite lever des fonds auprès d'investisseurs afin d'accélérer le développement de Madame Colette et financer d'autres produits qu'il a en tête, mais qui nécessitent beaucoup de R&D.

 « Malheureusement et heureusement à la fois, c'est un sujet à la mode. Tout le monde veut surfer sur cette vague, notamment les grandes marques. Nous avons nos idées et nous devons les développer assez rapidement et étendre la marque. Nous voulons faire de Madame Colette une référence. Nous souhaitons faire partie des marques reconnues, engagées et à qui on peut faire confiance dans tout ce qui touche aux règles douloureuses », conclut Leïla Royer.

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