Lanceur d'étoiles veut devenir le guichet unique de l'innovation aéronautique et spatiale à Toulouse

À Toulouse, onze grands noms de l'écosystème aérospatial et de l'accompagnement de startups ont uni leurs forces pour créer le dispositif Lanceur d'étoiles. Il vise à accélérer des innovations de rupture dans l'aéronautique, le spatial et la défense. Parmi les sept premiers projets accompagnés figurent des concepts de lanceurs ultra-légers, de la transmission sans fil ou encore une plateforme pour limiter le gaspillage de neige artificielle.
Tidav a mis au point un drone résistant aux forts vents.
Tidav a mis au point un drone résistant aux forts vents. (Crédits : Tidav)

Capitale européenne de l'aérospatial, Toulouse n'entend pas se reposer sur ses lauriers et risquer de passer à côté d'une deeptech, autrement dit d'une innovation de rupture. Entre l'essor du NewSpace, la militarisation de l'espace, l'arrivée des taxis volants et la décarbonation du secteur aérien, la filière aéronautique et spatiale vit d'importants chamboulements. « Cette période de transition peut déstabiliser les acteurs établis et nous devons garder un rôle de pionnier dans ces secteurs », estime Olivier Lesbre, directeur général de l'Isae-Supaero.

L'école d'ingénieurs toulousaine fait partie des onze membres du dispositif Lanceur d'étoiles (avec l'Université de Toulouse, Toulouse Tech Transfer, l'incubateur Nubbo, TBS Éducation, l'école des Mines d'Albi, l'Onera, Toulouse INP, l'Université Paul-Sabatier, le Cnes et Aerospace Valley) dévoilé ce 17 février.

La plupart des membres du consortium ont déjà leur propre incubateur de startups. Lanceur d'étoiles ne vise pas à les concurrencer. « Nous serons un hub, un guichet unique sur l'innovation dans les domaines de l'aéronautique, du spatial et de la défense à Toulouse. L'idée, c'est qu'une jeune entreprise n'ait pas besoin de contacter 15 entités différentes pour se développer dans la Ville rose », explique Patrick Cazeneuve, président de Toulouse Tech Transfer.

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La société d'accélération du transfert de technologies de l'Académie de Toulouse est la porte d'entrée unique du dispositif qui se charge de réaliser un premier filtre des startups ou projets candidats. Suivant leur niveau de maturité, elles pourront bénéficier d'une formation de trois à 18 mois à la création d'entreprise via les membres du consortium. L'occasion aussi de « dérisquer » le projet, autrement dit voir si l'innovation tient la route techniquement mais aussi d'un point de vue du marché.

Transmission sans fil, lanceur ultra-léger, prédiction du manteau neigeux

Lancé en septembre 2022, le dispositif Lanceur d'étoiles accompagne depuis sept premières startups avec des ambitions très éclectiques.

Fondée par des ingénieurs de l'Isae-Supaero, Alpha Impulsion développe une technologie de propulsion hybride pour concevoir une fusée ultra-légère. « Ce lanceur sera même plus petit que les microlanceurs actuels et serait deux à trois fois moins cher que les solutions existantes », avance Marius Celette, président de la startup qui travaille sur un premier prototype.

De son côté, Dycsyt s'est appuyé sur quinze années de recherche à l'Isae-Supaero en partenariat avec des acteurs comme l'ESA, le Cnes ou encore l'Onera pour développer un logiciel pour répondre « au problème de la modélisation et du contrôle des systèmes spatiaux flexibles ».« Des perturbations comme le vent solaire peuvent avoir tendance à désorienter un satellite et la précision du pointage de son antenne. Ce problème est d'autant plus présent que les satellites aujourd'hui sont de plus en plus flexibles pour réduire leur masse, ce qui engendre plus de vibrations et de perturbations de la ligne de visée de l'antenne », note Ervan Kassarian. « Notre atout majeur face à tous ces concurrents, c'est la prise en compte des incertitudes paramétriques, des modèles avancés pour les corps flexibles et des modèles avancés aussi de mécanismes pour réduire les itérations dans les calculs et avoir un processus de modélisation plus systématique », ajoute-t-il.

Pour sa part, Tacita Dynamics s'est appuyé sur un brevet développé par l'Isae-Supaero et Liebherr Aerospace pour concevoir des solutions innovantes d'amortissement de vibrations pour réduire l'impact des chocs sur les satellites, les équipements de défense ou encore limiter notamment les troubles musculo-squelettiques (TMS) provoqués par les outils industriels. Quant à Madeintracker, elle compte développer des solutions de traçabilité du cycle de vie du produit à partir de passeports numériques.

Dans un tout autre domaine, des élèves de mastère à l'Isae-Supaero réunis au sein d'Elda Technology veulent limiter le gaspillage de neige de culture dans les stations de ski grâce à une meilleure connaissance du manteau neigeux. À partir des données météo et d'un drone équipé d'un Lidar qui va réaliser une cartographie 3D de la station, la startup sera en mesure de connaître très précisément l'épaisseur de neige sur les pistes et veut même offrir de la prédiction sur plusieurs jours.

Pour sa part, Heliosphere développe un prototype de transmission de puissance sans fil pour alimenter de manière continue et à distance des drones, des robots industriels ou des rovers lunaires. Cette technologie vise à allonger la durée d'autonomie de ces machines. Aujourd'hui, le temps d'autonomie de la plupart des drones du marché est de 30 minutes. Et encore, le vent ou la charge du drone peuvent affecter cette autonomie, fait valoir Bastien Fabre, responsable des opérations de la startup. Le concept de transmission de l'électricité sans fil a le vent en poupe ces dernières années. En octobre dernier, une entreprise néo-zélandaise a fait une démonstration auprès de l'ESA reposant sur ce concept.

Enfin, la jeune société Tidav a inventé un drone capable de garder une attitude neutre face à des vents allant jusqu'à 100 km/h. La technologie intéresse de près de grands comptes pour la surveillance et la maintenance d'éoliennes offshore mais aussi l'observation militaire à distance en pleine mer.

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