Ubeton, le « TooGoodToGo » du béton voit le jour en Occitanie

Dans un contexte de sobriété écologique, la startup Ubeton se présente comme le « TooGoodToGo » du béton. La jeune société a ainsi pour ambition de limiter l'impact environnemental des surplus de béton grâce à un réseau de centrales à béton partenaires, qui doivent redistribuer cette production à des artisans locaux. Fondée par un ancien responsable d’une agence de transport de BTP, Ubeton projette 300.000 euros de chiffre d'affaires sur son premier exercice.
Ubeton souhaite accroître son réseau à 300 centrales à béton en 2023.
Ubeton souhaite accroître son réseau à 300 centrales à béton en 2023. (Crédits : DR)

La France, deuxième marché européen sur le marché du béton prêt à l'emploi, perd chaque jour l'équivalent de 1.000 camions toupies. Du béton qui devient alors du déchet. Pour limiter cette perte, la jeune entreprise gersoise Ubeton propose au travers de son application web de réemployer le béton et de le fournir à prix cassé à des artisans. Pour faciliter l'émergence de cette solution, la startup prévoit en février de lancer une levée de fonds en pré-seed à hauteur de 250.000 euros qui permettra le recrutement de trois salariés et la poursuite de son développement commercial.

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C'est à la suite de 20 ans de carrière dans le transport puis en tant que responsable d'une agence de transport dans le BTP, qu'Olivier Billa décide de créer son entreprise en août 2022. Durant sa carrière dans le bâtiment, le fondateur d'Ubeton a assisté quotidiennement aux pertes liées au béton inutilisé. Lorsqu'un chantier se termine, les camions toupies reviennent très régulièrement avec du béton en surplus.

« J'ai eu une prise de conscience, je ne pouvais plus me réjouir de cette situation, il fallait que je fasse quelque chose. J'ai travaillé au départ avec mes fonds sans créer la société, j'ai vendu mes motos et j'ai tout misé dessus, à l'instar du logo "U bet on" », témoigne le fondateur d'Ubeton.

La société de deux salariés aujourd'hui repose sur un modèle économique d'abonnement, proposé aux centrales à béton. Le prix de l'abonnement est variable selon le volume qui sera distribué par les centrales, allant d'une cinquantaine à plusieurs centaines d'euros. Cet abonnement doit leur permettre de redistribuer à des artisans locaux leurs surplus de production. Aucune commission n'est prise, un point important permettant « d'éviter une perturbation des relations entre centrales et artisans à la recherche de ce matériau très rapidement » d'après le fondateur.

Une solution disponible en deux heures

L'offre d'Ubeton est principalement destinée aux artisans pour leur besoin récurrent de béton. En passant par la plateforme, ils gagnent jusqu'à 40% du prix initial. Un geste environnemental simple, permettant un gain de temps et d'argent. Le projet fonctionne exclusivement grâce au réseau de centrales à bétons partenaires. Lorsqu'un surplus de béton revient à la centrale, un algorithme avertit les artisans à proximité par SMS. Une fois avertis, ils indiquent (ou non) leur intérêt et la course contre la montre démarre. Au-delà de deux heures après la production, le béton devient inutilisable. En moyenne, le surplus de béton est livré en 30 minutes. Ubeton permettrait ainsi d'économiser 230kg de CO2 par m3 acheté.

« En France, 2.000.000 de m3 de béton sont recyclés par an, cette manœuvre nécessite de l'énergie et gaspille malgré tout du ciment et du sable (ressource non renouvelable). Pour donner un ordre d'idée, cela représente six tours Montparnasse remplies de bétons qui sont recyclés chaque année », déclare Olivier Billa, fondateur d'Ubeton.

En Occitanie, une dizaine de centrales à béton partenaires vont être activées dès février. D'après le fondateur, cela représenterait une économie de 20.000 m3 de béton annuellement. La startup souhaiterait se déployer dans un premier temps dans la région Occitanie et conquérir les 250 centrales présentes sur le territoire. Toutefois, le marché ne se limite pas à la région, il existe en France près de 1.900 centrales à béton.

« Nous aimerions nous implanter d'abord en Occitanie, puis s'étendre au national en commençant par le Nord, le Grand-Est, la Bretagne, etc. Nous avons également reçu des demandes de pays d'Afrique du Nord. Nous préférons tester à une échelle plus petite, améliorer le produit avant de s'étendre par la suite », indique le fondateur.

Des grosses entreprises difficiles à conquérir

Malgré le fait qu'Ubeton soit principalement destiné aux artisans, Olivier Billa ne s'en cache pas, il veut séduire les grandes entreprises du BTP. Néanmoins, il a fait preuve d'un constat qui témoigne de la difficulté à faire changer les choses.

« Les petites entreprises sont les plus sensibles à la démarche environnementale. Les grosses structures, quant à elles, ont plus de mal à bouger. Il faut convaincre plus de monde, ils voient plus la difficulté que l'opportunité », estime l'entrepreneur.

Olivier Billa est en contact avec certaines structures du bâtiment. Nonobstant, le fondateur espère qu'un changement de mentalité va s'opérer au cours de prochaines années afin de débloquer la situation.

Pour cette première année de commercialisation, Ubeton vise un chiffre d'affaires de 250.000 euros et cherche à étendre son réseau de centrales à béton pour atteindre les 300.000 euros d'ici la fin d'année 2023. Dans le futur, la SAS aimerait déployer sa solution sur d'autres marchés du bâtiment.

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