Le Comptoir d'Anselme sauve une tonne de légumes de la benne en les vendant à prix cassés

À Toulouse, les mangues biscornues ou les avocats jugés trop mûrs par la grande distribution sont vendus à prix réduits par l'épicerie en ligne le Comptoir d'Anselme. En l'espace de six semaines, près d'une tonne de fruits et légumes ont déjà trouvé preneur. Une solution pour lutter contre le gaspillage alimentaire mais aussi pour faire face à l'inflation des prix.
Marie Franco, fondatrice du Comptoir d'Anselme montre les fruits et légumes sauvés de la benne par son initiative.
Marie Franco, fondatrice du Comptoir d'Anselme montre les fruits et légumes sauvés de la benne par son initiative. (Crédits : Rémi Benoit)

À première vue, impossible de comprendre pourquoi ces nectarines ont été refusées par la grande distribution. Jusqu'à ce que Marie Franco pointe du doigt les infimes aspérités du fruit imperceptibles à l'oeil du novice. La fondatrice de l'épicerie en ligne le Comptoir d'Anselme a lancé cet été une gamme "sauve qui peut". Elle y commercialise des fruits et des légumes sur le point d'être jetés alors qu'ils sont en très bon état.

"Cette mangue par exemple a été refusée à la vente à cause de cette pointe biscornue. Nous avons aussi des avocats considérés comme trop mûrs car ils doivent être mangés dans les quatre jours à venir. Aujourd'hui, la grande distribution préfère ne pas mettre en vente des produits avec une date limite de consommation de moins d'une semaine de peur des risques de perte. On se retrouve avec des fruits et des légumes qu'on a fait venir du Pérou mais qu'il faudrait jeter alors qu'ils sont encore parfaitement comestibles ?", s'indigne Marie Franco.

comptoir anselme

Marie Franco trie les fruits et légumes depuis ses locaux au Min de Toulouse qui seront ensuite distribués dans la ville (Crédits : Rémi Benoit).

30% de la production alimentaire jetée en France

D'après l'Ademe, 30% de la production alimentaire est jetée en France chaque année. "Un jour, nous avons reçu une palette de 150 kg de tomates refusée par une grande enseigne. En faisant le tri, il n'y avait que 10 kg à mettre de côté, nous avons pu en remettre à la vente 140 kg", se remémore Marie Franco.

Installée au Min, le "Rungis toulousain", l'entrepreneure se fournit auprès des maraîchers qui viennent sur place chaque matin. Après une étape de tri, les produits sont mis en vente sur le site du Comptoir d'Anselme en petits lots à des prix préférentiels. "Les cinq avocats sont vendus à quatre euros alors que l'unité en épicerie bio est à 1,70 euro, les deux mangues sont à 5 euros alors qu'on en trouve à 4 euros pièce en magasin ... ", énumère-t-elle.

Lire aussiLe Min de Toulouse inaugure sa pépinière alimentaire

Un argument auquel les consommateurs sont plus sensibles face une inflation galopante des derniers mois. Une fois vendus, les produits sont livrés à domicile dès l'après-midi pour une commande tôt le matin sinon le lendemain.

Le concept séduit puisque en l'espace de six semaines, 860 kg de fruits et légumes ont déjà trouvé preneur. Le Comptoir d'Anselme est aussi gagnant dans l'équation. "Notre modèle économique repose sur le fait de vendre des produits par petits lots et aussi dans l'organisation efficace du tri des fruits et légumes", estime Marie Franco.

comptoir anselme

Une palette de fruits et légumes prête pour la livraison à domicile (Crédits : Rémi Benoit).

Après un parcours au ministère des Affaires étrangères et un poste auprès d'un entrepreneur haïtien, la cheffe d'entreprise a fondé en 2018 le Comptoir d'Anselme en commençant par vendre des produits locaux en ligne. Avec le confinement, l'activité explose. "En deux semaines, notre chiffre d'affaires a été multiplié par dix et l'effectif est monté à dix personnes", se souvient la cheffe d'entreprise.

Mais depuis le déconfinement, comme d'autres acteurs de l'alimentation locale, l'enseigne fait face à une nette diminution de son chiffre d'affaires (qui devrait atteindre 300.000 euros cette année). Alors Marie Franco rivalise d'imagination pour lutter contre le gaspillage. Avant le "Sauve qui peut", elle avait déjà lancé il y a deux ans une gamme "moche mais bon" pour vendre des légumes trop gros ou trop petits et qui ne pouvaient pas être vendus en grande surface.

Lire aussiLe Toulousain Hector le Collector crée de l'énergie verte avec les biodéchets des professionnels

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.