Universal Hydrogen décroche un premier client en France pour ses kits de conversion à l'hydrogène

En pleine installation de son centre d'ingénierie à Toulouse, la société californienne Universal Hydrogen vient de décrocher une première commande en France pour équiper des avions régionaux ATR de kits de conversion à l'hydrogène. Sept compagnies aériennes dans le monde ont déjà adopté la technologie dont la certification est attendue pour 2025.
Pierre Farjounel et Mark Cousin, anciens d'Airbus, ont rejoint Universal Hydrogen qui vient d'ouvrir un centre d'ingénierie près de l'aéroport Toulouse-Blagnac.
Pierre Farjounel et Mark Cousin, anciens d'Airbus, ont rejoint Universal Hydrogen qui vient d'ouvrir un centre d'ingénierie près de l'aéroport Toulouse-Blagnac. (Crédits : Frédéric Scheiber)

Dans un mois, les équipes d'Universal Hydrogen prendront officiellement leurs quartiers dans un hangar au bord des pistes de l'aéroport Toulouse-Blagnac. La startup californienne fondée par l'ancien CTO d'Airbus Paul Eremenko a annoncé en septembre dernier l'implantation d'un centre d'ingénierie dans la Ville rose.

Lire aussi 6 mnDes anciens d'Airbus choisissent Toulouse pour développer Universal Hydrogen

En attendant de prendre possession des lieux, Universal Hydrogen continue d'engranger les commandes. Elle vient d'annoncer un protocole d'accord avec la compagnie aérienne française Amelia pour l'achat de trois kits de conversion hydrogène de ses ATR 72-600.

Un rétrofit plutôt qu'un nouvel avion

Plutôt que de partir de zéro pour concevoir un nouvel avion pouvant accueillir de l'hydrogène, la startup californienne a eu l'idée de miser sur un rétrofit d'avions régionaux existants de type ATR72 ou Dash 8. Universal Hydrogen se charge de l'installation de piles à combustibles à hydrogène alimentant des moteurs électriques et de l'intégration de modules pour les capsules d'hydrogène.

"Nous allons créer à l'arrière de l'avion un compartiment doté d'une porte d'accès qui pourra accueillir quatre modules contenant chacun deux capsules d'hydrogène (chaque module pèse 400 kg). Il sera possible d'utiliser les équipements dédiés pour charger les bagages dans la soute. Cela permet d'aller vers des carburants alternatifs sans pour autant avoir besoin de demander la permission à des fabricants d'avions", nous expliquait en septembre Mark Cousin, CTO d'Universal Hydrogen et ex-directeur technique du programme Beluga XL d'Airbus.

Un choix technologique qui permettrait à Universal Hydrogen de viser une certification dès 2025, soit dix ans plus tôt que le nouvel avion zéro émission d'Airbus. L'autre avantage de cette solution est que les capsules d'hydrogène peuvent être transportées par le réseau de fret classique vers les aéroports et donc sans nécessiter de créer un circuit de distribution spécifique à proximité des pistes. Universal Hydrogen reste propriétaire des capsules et se chargera de réalimenter les avions d'Amelia en fonction des besoins.

Lire aussi 4 mnAéronautique : Ascendance Flight Technologies dévoile le design de son avion hybride

Hydrogène liquide ou gazeux

La compagnie aura le choix entre deux options : hydrogène liquide ou gazeux. L'hydrogène gazeux permettra à l'appareil de disposer d'un rayon d'action d'environ 700 km soit une heure et demie de vol. L'hydrogène liquide (ou cryogénique) a l'avantage d'élargir le rayon d'action à 1.000 km soit deux heures de vol. L'inconvénient est que la durée de remplissage des capsules va demander près de deux jours et la chaîne de logistique pour acheminer cet hydrogène liquide est beaucoup plus complexe.

En France, Amelia assure actuellement des vols quotidiens pour le compte d'Air France vers Paris, Aurillac, Tarbes-Lourdes et Castres. Le groupe a également lancé son propre réseau avec les lignes Rodez-Orly ou Clermont-Ferrand-Orly.

"Sur les liaisons courtes, l'hydrogène gazeux suffit amplement. Mais Amelia peut aussi opérer certaines lignes charters où les distances sont plus importantes et donc avoir ponctuellement besoin d'hydrogène liquide. L'intérêt de notre solution, c'est que la compagnie aérienne peut sur un même avion utiliser soit les capsules d'hydrogène liquide, soit les capsules d'hydrogène gazeux", souligne François Leveneu, nouveau directeur commercial Europe d'Universal Hydrogen.

Pour le moment, Universal Hydrogen travaille aux Etats-Unis avec le fournisseur des moteurs électriques Magnix et le producteur de piles à combustible et d'hydrogène vert Plug Power. Mais la startup n'écarte pas l'idée de nouer des partenariats locaux pour accompagner le développement de son activité en France.

La compagnie aérienne Amelia devient le premier client d'Universal Hydrogen en France. Mais la jeune société a déjà conquis six autres compagnies dans le monde : Air Nostrum en Espagne, Acia Aero leasing, la startup américaine Connect Airlines, la compagnie cargo ASL, Ravn en Alaska et Icelandair en Islande. Après une première levée de fonds de 20 millions de dollars début 2021, Universal hydrogen a collecté 60 millions supplémentaires en fin d'année.

Pour accompagner cette croissance, Universal Hydrogen qui emploie déjà une dizaine de personnes à Toulouse recherche une dizaine de collaborateurs supplémentaires avec notamment des profils d'ingénieurs sur le stockage de l'hydrogène, l'aérodynamique ou encore l'analyse de charge sur l'avion.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 08/02/2022 à 8:29
Signaler
L'ineffable M. Eremenko est de retour. Allez voir le site de la société....encore du brassage de vent et de la chasse aux subventions.....

à écrit le 07/02/2022 à 17:52
Signaler
Reste plus qu'a produire de l'hydrogène vert.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.