Avec ses boîtiers, Global Smart Rescue rêve d'être “le Google du paramètre environnemental”

Fondée en 2019 à Toulouse, la startup Global Smart Rescue développe un boîtier capable de transmettre des données environnementales afin de prévenir les catastrophes ou d’aider à les maîtriser lorsqu’elles n’ont pu être évitées. Le produit, d’abord destiné aux services de secours, sera également capable de devenir un point d'accès wifi pour permettre à des survivants de signaler leur présence en cas d’interruption des réseaux de télécommunication. En prévision de l'industrialisation de sa solution, la société est à la recherche d’un million d’euros.
Henri Delattre (à gauche) et Bertrand Massat (avec leur boîtier à la main), accompagnés de deux membres de l'équipe technique de Global Smart Rescue.
Henri Delattre (à gauche) et Bertrand Massat (avec leur boîtier à la main), accompagnés de deux membres de l'équipe technique de Global Smart Rescue. (Crédits : Global Smart Rescue)

"Ce que j'imagine pour le futur de notre société, c'est de devenir le Google du paramètre environnemental", lance Henri Delattre, PDG et premier investisseur de Global Smart Rescue. Avec Thierry Fayard (chef technicien en R&D), Bertrand Massat (directeur de la technologie) et Victor Lima (avocat), ils ont cofondé la startup, qui compte désormais cinq salariés, à Toulouse en 2019.

Depuis un an, ils mettent au point le LAB, un boîtier capable de transmettre des éléments avant, pendant, et après une catastrophe. Il est équipé de neuf capteurs de données environnementales : un détecteur de sons, un détecteur infrarouge, un détecteur de gaz, un détecteur de fumée, un détecteur de lumière, un capteur de pression atmosphérique, un capteur d'humidité, un capteur de température et un dispositif de géolocalisation GNSS.

labglobalsmartrescue

Le boîtier est équipé de neuf capteurs de données environnementales. (Crédits : Global Smart Rescue)

En cas d'incident, une intelligence artificielle prévient le détenteur des 'boîtes' et parvient dans la plupart des cas à deviner le type d'événement en cours. L'idée est d'anticiper une catastrophe et d'aider les secours à intervenir efficacement lorsque celle-ci n'a pas pu être évitée.

Lire aussi : Prévisions météorologiques : la startup HD Rain accélère son déploiement en France

Une idée née aux Etats-Unis

Bertrand Massat a eu l'idée à l'origine du projet. Ce survivant de l'ouragan Hugo (qui a sévi en Guadeloupe en 1989) connaît très bien les conséquences dévastatrices des catastrophes naturelles. Il y a trois ans, lorsque les pompiers de New York lui font savoir qu'ils cherchent à améliorer leur gestion des secours en ayant une remontée d'informations provenant du terrain, l'homme prévient son ami Thierry Fayard, actuellement chercheur au CNES, qui conçoit une solution technique innovante et en dépose le brevet. Les années passent et Henri Delattre, qui est détenteur d'une société de négoce d'or d'investissement, est contacté par Thierry pour investir 100.000 euros dans le capital de l'entreprise et cofonder ce qui deviendra Global Smart Rescue. La BPI a également financé le développement du projet à hauteur de 118.000 euros en début d'année 2021.

"Cela faisait longtemps que je voulais participer à un projet technologique qui pourrait avoir un impact sociétal important. Je voulais donner plus de sens à mon travail. Ce boîtier saura sauver des vies, raconte Henri Delattre, PDG de Global Smart Rescue.

Les boîtiers de la startup seront commercialisés autour de 300 euros l'unité avec un abonnement mensuel compris entre 10 et 15 euros. L'efficacité du système repose avant tout sur le nombre de LAB installés dans une même infrastructure, même si chaque boîtier est capable de continuer à envoyer des données en cas de coupure du réseau wifi grâce à la future constellation de nanosatellites Kinéis (destinée à fournir des services d'Internet des objets (IoT) par satellite) qui prendra le relais.

Lire aussi : New Space : Kinéis lève 100M€ pour sa constellation dédiée à l'IoT

"Avec ce réseau satellite à bas coût, nous ne pouvons pas envoyer autant de données que par Internet, donc plus vous avez de boîtiers, mieux cela fonctionne. Si le serveur perd le contact avec 30 boîtiers, il va analyser les données qui ont été envoyées jusqu'à ce que se produise l'incident, pour en déduire la nature. Si la température moyenne était supérieure à la normale sur tous ces boîtiers, le serveur va en déduire qu'il s'agit d'une explosion. Les boitiers restants, qui ne seront pas détruits, continueront à envoyer des données pour affiner l'analyse faite par le serveur", explique le cofondateur de la startup toulousaine.

Le dirigeant indique par ailleurs que la destruction d'un boîtier et les conditions de sa perte sont une information essentielle pour mener à bien cette analyse.

Lire aussi : Comat va envoyer dans l'espace son premier moteur pour les nanosatellites

Les LAB comme point d'accès wifi

En reprenant l'exemple d'une explosion, en cas de destruction des antennes des réseaux GSM des opérateurs téléphoniques situées à proximité, les LAB toujours actifs pourront aussi devenir des antennes relais grâce à un réseau GSM intégré. Les survivants d'une catastrophe pourront ainsi s'y connecter (de façon active ou passive) afin de signaler leur localisation aux secours ou pour recevoir des informations gouvernementales. Il faudra néanmoins être situé à une dizaine de mètres d'un boîtier.

"Prenez une catastrophe comme la tempête Alex dans les Alpes-Maritimes l'an dernier. Les réseaux de télécommunication étant coupés, les secours ont été contraints d'aller partout pour vérifier qu'il n'y ait pas de victimes, donc ils ont perdu beaucoup de temps. Avec ce service, ils pourront intervenir là où il faut", cite en exemple Henri Delattre.

Le dirigeant reconnaît que la solution a quand même des limites liées à la technologie et aux comportements humains. Des limites technologiques d'abord, puisque les boîtiers cesseront de transmettre des données au bout de trois jours et parce qu'une marge d'erreur dans l'analyse des données existe. Mais Henri Delattre se veut rassurant sur ce point et fait remarquer que tout système peut être défaillant, y compris ceux des secours. Des centres opérationnels seront donc déployés afin de contrôler a posteriori la qualité d'une analyse. Des limites humaines ensuite, puisqu'à la suite d'un test réalisé à l'université d'Avignon, le cofondateur a réalisé qu'il faut intégrer cet aspect dans la mesure de l'efficacité de l'alerte.

"Il y a une vraie problématique sur la réaction du public à une alerte. L'une des constatations observées par les chercheurs, c'est que les gens ne réagissent pas s'ils ne voient pas le danger. Donc il faut tenir compte de cet élément dans le déclenchement des alertes", reconnaît-il.

Des paramètres qui seront donc pris en compte dans les prochains mois de développement de leur solution technologique.

Une levée d'un million d'euros en vue

La V3 du produit, la dernière en date, fonctionne bien sur toute la partie hardware selon l'entrepreneur. Le software mérite ceci dit quelques points d'amélioration au cours des prochains 24 mois afin d'atteindre le seuil TRL 8 cette année (système de mesure employé pour évaluer le niveau de maturité d'une technologie) et le seuil TRL 9 à la fin de l'année 2022 : les algorithmes devront être entraînés à affiner leur analyse des données, les serveurs devront être renforcés pour être plus rapides et capables de supporter un nombre conséquent de boîtiers, les tests de résistance de la solution imprimée en 3D avec du métal et du titane devront être réalisés, tout comme les tests en condition réelle. La phase d'industrialisation pourra ensuite être lancée à la suite d'une levée de fonds souhaitée d'un million d'euros, avec une première série de 7.000 boîtiers en début d'année 2023.

Lire aussi : Imprimante 3D : eMotion Tech part à la conquête des entreprises

Les cofondateurs prévoient ensuite de proposer plusieurs LAB, avec des capteurs différents en fonction des besoins des clients, et entendent ainsi adapter leur offre. À long terme, le PDG souhaite également adresser son produit aux particuliers, et ainsi créer un empire du paramètre environnemental. Les marchés européens, méditerranéens et américains sont pour l'heure privilégiés afin de parvenir à atteindre un chiffre d'affaires de trois millions d'euros en 2023, et puis, "si tout fonctionne bien, à cinq ans, nous espérons multiplier ce chiffre par des facteurs importants". Réponse dans quelques années...

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.