Cancer du sein : le CHU de Toulouse teste la prothèse mammaire personnalisée d'une startup

Depuis la mi-janvier, le CHU de Toulouse a lancé une étude clinique avec 64 patientes consacrée à une prothèse mammaire externe personnalisée. Produite en France par la startup toulousaine Newteam Medical, cette innovation est surtout destinée à améliorer le confort des femmes touchées par le cancer du sein qui doivent subir une mastectomie, à travers une couleur de prothèse dans le respect du pigment de peau de la personne et un différentiel de poids entre les deux seins réduit quasiment à néant. Cette étude, qui va prendre plusieurs mois, est la première étape vers la constitution d'un dossier pour une prise en charge totale de cette prothèse par le système de santé français. Néanmoins, la MedTech s'apprête déjà à commercialiser sa solution à l'étranger. Les détails.
La prothèse mammaire externe de Newteam Medical est fabriquée dans le respect du pigment de peau de la patiente, notamment.
La prothèse mammaire externe de Newteam Medical est fabriquée dans le respect du pigment de peau de la patiente, notamment. (Crédits : Newteam Medical)

Chaque année, en France, ce sont environ 60.000 nouveaux cas de cancer du sein qui sont détectés (dont 1.500 sont pris en charge par les équipes du CHU de Toulouse). Parmi eux, environ 20.000 femmes doivent recourir à la mastectomie. C'est à cette dernière population qu'a décidé de s'adresser la startup Newteam Medical, installée à Saint-Jory (Haute-Garonne), soit à quelques kilomètres de Toulouse.

"Cette entreprise au départ est une histoire de copines, touchées par un cancer du sein, mais qui par la suite ne trouvent pas de prothèse mammaire externe adaptée à leur morphologie ou qui assure leur bien-être. L'entreprise est alors née en 2011, date à partir de laquelle ont succédé 10 ans de R&D. C'est long, mais dans les MedTech c'est un temps normal", raconte à La Tribune Leonarda Sanchez, la présidente de Newteam Medical.

Entre-temps, la jeune pousse, qui compte pour le moment trois salariés, a déposé trois brevets en Europe, aux États-Unis et en Russie pour protéger son innovation : une prothèse mammaire externe personnalisée. Et désormais, cette technologie fait l'objet d'une étude clinique au sein du CHU de Toulouse, depuis la mi-janvier.

Un produit unique pour un meilleur confort de la patiente

Soutenue en interne par le professeur Charlotte Vaysse, une chirurgienne spécialisée dans le cancer du sein et la reconstruction mammaire, cette étude, la première pour la startup, va faire l'objet d'une observation sur plusieurs mois.

"L'idée est d'observer deux groupes de patientes, composé chacun de 32 membres. Pendant trois mois, un groupe va porter la prothèse Meavanti de Newteam Medical et l'autre dans le même temps portera une prothèse standard. Puis nous inverserons. À l'issue de cette phase d'utilisation, nous soumettrons un questionnaire précis à ces patientes afin de connaître notamment la qualité de vie apportée par cette innovation et démontrer son intérêt médical", explique Charlotte Vaysse.

Concrètement, qu'est-ce-qui différencie cette nouvelle prothèse externe, produite en France par des partenaires de Newteam Medical, et celles déjà présentes sur le marché ? Si, comme les produits déjà existants, elle peut se porter de manière transitoire entre une ablation du sein et une reconstruction mammaire, ou bien de manière définitive au quotidien, en revanche la startup toulousaine mise beaucoup sur le confort et le bien-être pour se faire une place sur ce marché.

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"Nous sommes complètement différents d'une prothèse standard. Nous produisons une prothèse pour chaque patiente car nous reprenons son pigment de peau, les couleurs exactes de son mamelon et de son aréole", tient à souligner la dirigeante de l'entreprise. "La prothèse Maeventi est également composé d'un système de lestage qui permet de réduire le différentiel de poids entre le sein naturel et la prothèse entre 5 et 10 grammes, contre 200 en moyenne pour les produits actuels du marché. Une innovation qui va clairement avoir des bienfaits sur la posture de la patiente au quotidien", ajoute le professeur Vaysse.

Objectif : remboursement total par la Sécu

Cette gamme de prothèse Maeventi de Newteam Medical a néanmoins un coût de 400 euros hors taxe par prothèse, "quel que soit le bonnet", insiste Leonarda Sanchez. Alors, pour mener à bien cette étude clinique décisive pour l'avenir du produit, le duo a dû aller chercher des financements, qu'ils ont obtenu en étant lauréat d'un appel d'offres du CHU de Toulouse, à travers l'Innov'Pôle Santé, sa structure dédiée à accompagner l'innovation et des projets d'entreprises aux bienfaits cliniques démontrés.

"Nous accompagnons les innovations du moment qu'elles bénéficient à nos patients. Et à travers le financement de cette étude, nous voulons vérifier le caractère innovant du produit, son rapport bénéfice-risque et son influence sur son apport sur le bien-être des patientes, tout en sachant qu'au préalable le dossier a été évalué et validé par un conseil scientifique, comme pour chaque dossier. Aujourd'hui, nous accompagnons 109 projets d'innovation médicale, avec une enveloppe de 300.000 euros chaque année. En cas de nécessité de financements supplémentaires, nous pourrons accompagner le professeur Vaysse et l'entreprise pour identifier de nouvelles sources de financement ou bien les accompagner dans la construction du dossier de la gratuité", tient à faire savoir Sophie Depoutre, la coordinatrice de cette structure qui a vu le jour en 2019.

Car tout l'enjeu de l'étude clinique menée au CHU de Toulouse est là : "apporter une caution scientifique à cette innovation même si son intérêt est déjà démontré", comme l'explique le professeur Vaysse, afin de constituer un dossier de remboursement total auprès des organismes compétents. "Notre ambition est de démocratiser le soin personnalisé", lance Léonarda Sanchez. D'ici là, la priorité pour la dirigeante est d'assurer en 2021 "l'ouverture d'une dizaine de points de distribution et commercialisation en France, dans le respect de l'intimité des patientes". En complément, la présidente de Newteam Medical veut déjà engager l'export.

"Nous voulons rapidement ouvrir la commercialisation à l'étranger, d'ici fin 2021, tout d'abord dans la zone Espagne-Portugal, mais aussi en Europe de l'Est (...) Jusqu'à maintenant, nous sommes une société saine et indépendante qui réalise ses objectifs. Mais nous pourrions envisager une augmentation de capital par la suite pour accélérer notre commercialisation à l'étranger", conclut-elle.

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