Botdesign met ses robots intelligents au service de la santé

La startup toulousaine Botdesign est une spécialiste des chatbots intelligents dans le secteur de la santé. Elle déploie ses robots conversationnels dans les hôpitaux, les crèches et les maisons de retraite pour faciliter le quotidien des aidants et des professionnels de santé. L'entreprise va lancer plusieurs levées de fonds pour se développer sur le plan commercial et à l'international.
Huit EHPAD en Aquitaine, disposent d'un robot conversationnel qui dépiste les fausses routes.
Huit EHPAD en Aquitaine, disposent d'un robot conversationnel qui dépiste les fausses routes. (Crédits : Botdesign)

Hôpitaux, maisons de retraite, crèches... Botdesign n'a même pas trois ans d'existence et l'entreprise investit déjà de nombreux établissements de santé et d'accueil avec ses robots conversationnels. Créée en 2017 par Olivier Thuillard et Jean-Louis Fraysse, respectivement ingénieur biomédical et docteur en pharmacie, la société toulousaine propose notamment ses services à l'unité d'oncogériatrie du CHU de Toulouse. Un de leurs robots assure le suivi des patients en chimiothérapie à leur domicile. Le chatbot leur pose des questions et analyse les réponses puis, il transmet les conclusions aux soignants sous forme d'un système d'alertes pour les aider dans leur décision.

"Ce sont 280 patients qui sont suivis et appelés toutes les semaines par ces soignants. Notre système de codification leur permet de prioriser le suivi. Il y a l'alerte verte : le patient est à contacter dans la semaine, l'alerte orange : le patient doit être appelé dans les 48 heures et l'alerte rouge : il faut joindre le patient dans la journée. Cette classification leur permet de mieux organiser les temps d'appel et d'être plus efficace sur le suivi à domicile. Ainsi, ils peuvent prendre en charge plus de patients qui sont parfois sur liste d'attente", détaille Jean-Louis Fraysse président de Botdesign.

Autre bénéficiaire d'un robot de la startup, le service d'anesthésie obstétrique de l'hôpital américain de Paris. Les patientes de cette unité disposent d'un chatbot sécurisé pour préparer leur entrée à l'hôpital lors de l'accouchement.

"Le robot leur demande leur poids, si elles ont des allergies, des maladies, si elles prennent un traitement... Elles ont aussi la possibilité de visiter virtuellement la salle de réveil et d'avoir de l'information sur ce qu'est une anesthésie générale, une péridurale. Notre chatbot a pour but de mieux accompagner les patientes en amont de leur parcours hospitalier mais aussi de gagner du temps sur leur accueil. Ce qui est indéniablement bénéfique pour les équipes d'accueil et d'orientation du service", explique Jean-Louis Fraysse.

Une fois que le chatbot a collecté les informations, il les classe et réalise une synthèse pour les professionnels. Ceux-ci peuvent ensuite se transmettre les dossiers entre eux en toute confidentialité grâce à un protocole de sécurisation des données de santé. "Toutes les données sont cryptées, chiffrées et stockées en HDS, comme l'exige le code de la santé publique", souligne le dirigeant.

Dépister l'autisme et les troubles de la déglutition

Outre leurs fonctions de suivi, les robots de Botdesign permettent de détecter différents troubles, difficilement perceptibles par les soignants et aidants. Trois crèches parisiennes de la Croix-Rouge, disposent ainsi, depuis janvier, d'un chatbot de dépistage des troubles du spectre autistique. À Toulouse, trois autres crèches le testent aussi. Le robot a été mis au point par le MiPih et Botdesign, sous la direction du professeur de psychopathologie développementale Bernadette Rogé, à l'université de Toulouse Jean-Jaurès.

"Tous les algorithmes de chacune de nos applications sont testés et approuvés par des professionnels de santé concernés", informe le président.

Ainsi, le robot conversationnel aidera à déceler des retards de langage ou de motricité, avant l'âge de 18 mois. Passé cet âge, le chatbot accompagnera le professionnel dans la détection d'absence de regard lors d'une discussion ou de non-réponse de l'enfant à son prénom. À 36 mois, une vérification sera réalisée pour savoir si la synthèse du robot était la bonne auprès d'un professionnel.

"À partir des données récoltées dans les crèches de Toulouse et Paris, nous allons réaliser une étude scientifique. 50 enfants ont déjà été testés dans les crèches parisiennes. Avec celles de Toulouse, nous allons pouvoir en tester 50 de plus tous les trois mois. À terme, nous espérons avoir évalué 1 000 enfants dans deux ans pour pouvoir réaliser notre étude", se projette le co-fondateur de Botdesign.

Si l'enfant s'avère être touché par un trouble autistique, le robot dirigera ses parents vers des associations et le centre de ressources de l'autisme. En plus de l'autisme, Botdesign, qui emploie sept salariés dont une data analyst à Paris, s'est lancé dans la détection de troubles de la déglutition. Huit EHPAD en Aquitaine, ont à leur disposition un robot conversationnel qui dépiste les fausses routes. "60% des résidents en EHPAD sont concernés par ce problème". Après avoir rendu son analyse, le robot propose aux soignants des menus équilibrés, avec des fiches recettes et indique s'il faut épaissir la texture de la nourriture ou non.

Une levée de fonds de 1,5 million d'euros en 2021

Pour accompagner le déploiement commercial de ses chatbots et investir dans la recherche et développement, Botdesign prépare une levée de fonds de 800 000 euros dans les prochaines semaines. Des fonds qui lui permettront notamment d'embaucher son premier commercial en décembre et un autre en mars 2020.

La startup compte aussi réaliser un tour de table de 1,5 million d'euros pour début 2021. Avec cette levée de fonds, l'entreprise souhaite s'ouvrir à l'international et plus précisément aux États-Unis, en Suisse et en Espagne où "le marché de la santé est florissant", estime Jean-Louis Fraysse. Dans le même temps, Botdesign veut déployer ses services aux médecins libéraux. L'entreprise est en train de créer un chatbot qui  permettrait à ces médecins d'avoir une aide face à des maladies peu communes. Lors d'une consultation, le robot leur fournirait des questions à poser aux patients qui permettraient de poser un diagnostic sur la maladie.

L'entreprise, qui sera rentable en 2022, table sur un chiffre d'affaires annuel de plus de 11 millions d'euros en 2024.

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