Wyca veut séduire les intégrateurs industriels avec le robot Elodie

À l'occasion du salon Siane, l'entreprise toulousaine Wyca Robotics, spécialiste dans le développement de robots indoor à navigation autonome, a présenté sa nouvelle plateforme robotique, Elodie. Évolution de Keylo, leur précédent robot, la plateforme mobile, modulaire et autonome s'adresse aux intégrateurs de solutions industrielles. La société prépare une levée de fonds afin d'accélérer son déploiement commercial.
Nicolas de Roquette, président et fondateur de Wyca Robotics et Patrick Dehlinger, directeur général, préparent une levée de fonds.
Nicolas de Roquette, président et fondateur de Wyca Robotics et Patrick Dehlinger, directeur général, préparent une levée de fonds. (Crédits : Rémi Benoit)

Après Keylo, voici Elodie. La startup Wyca, basée à Aucamville (Haute-Garonne), vient de présenter sa toute nouvelle plateforme robotique modulaire lors du salon Siane, qui se tenait à Toulouse. Spécialisée dans les robots indoor à navigation autonome, la société, fondée en 2015,  a mis au point cette plateforme à destination des intégrateurs de solutions industrielles.

"Nous avons décidé de nous adresser aux intégrateurs au lieu de vendre directement nos robots aux clients finaux. Nous avons donc réalisé une plateforme générique sur laquelle les intégrateurs vont déployer la solution précise et optimisée correspondant au besoin de leurs clients, comme par exemple un robot de surveillance ou une borne d'information mobile. C'est ce qui constituera le robot dans sa mission. À l'image d'Ariane Space, il leur est fourni le lanceur, et eux y implantent le satellite, la mission", explique Patrick Dehlinger, directeur général de Wyca Robotics.

Wyca Elodie

Le robot Elodie a une capacité d'emport de 150 kg (Crédits : Rémi Benoit).

Développé en partenariat avec la société industrielle de mécanique de précision, Usitech et sa filiale Occion, le robot Elodie est fabriqué à Brens, dans le Tarn. Une collaboration qui a bénéficié d'un financement de Bpifrance et de la Région Occitanie de 100 000 euros. Elodie va être prochainement fabriquée aussi en Israël et aux Etats-Unis par l'usine Bynet. Wyca cherche également à se rapprocher de fabricants en Allemagne et en Angleterre. Une production qui se fera à la commande.

"Nous avons décidé de ne pas commander de robot aux usines, comme nous l'avons fait avant avec Keylo car cela nous a posé beaucoup de problèmes de croissance et de livraison. C'est l'usine qui vend en direct le robot, soit à un revendeur à valeur ajoutée, c'est-à-dire à un intégrateur qui le revend à un client, soit à un client qui le lui achète directement. Cela nous permet de ne pas avoir de limite de fabrication ou de problème d'export", détaille le dirigeant.

Un robot indoor autonome

Totalement cybersécurisée, Elodie est composée de batteries en lithium polymère, d'un système de connexion (Wifi, 4G, Lora), de l'Edge Computing pour le traitement des données clients et de ports de communication informatique haute vitesse (40Gb/s). Grâce à son système de fixation polyvalent et sa capacité d'emport de 150 kg, elle peut accueillir des casiers et rouleaux pour transporter les pièces dans les usines, des caméras pour réaliser des inventaires, des écrans pour la téléprésence et l'information ou encore des bras robotiques pour la manutention. Ainsi, ce robot modulable peut embarquer tout type d'équipement, en fonction des besoins identifiés par les intégrateurs et les clients.

"Elodie est destinée aux intégrateurs qui ne veulent pas développer leur propre robot. Nous leur proposons une plateforme très ouverte. Les intégrateurs peuvent faire ce qu'ils veulent sur le robot. Les API (interface de programmation d'application) sont très simples avec ce programme. On peut distribuer les ordres et récupérer les états du robot exactement de la même manière que si l'on faisait un site web", souligne Patrick Dehlinger.

Elodie dispose aussi de caméras 3D et infrarouges et d'un radar optique longue portée. Des équipements qui lui permettent de naviguer en toute autonomie à l'intérieur d'un bâtiment. Et ce même en présence d'humains et lorsque le robot atteint sa taille maximale, soit 165 cm.

"Il n'y a pas de GPS dans un bâtiment. Il faut alors apprendre au robot à se déplacer sans aide extérieure. Pour cela, il s'appuie sur une carte du bâtiment, compte ses tours de roues pour savoir où il est et s'il dérape il peut se servir de son radar, qui lui permet de voir en 2D sur un plan, jusqu'à 30 mètres de distance. Le problème est qu'avec cette vision en plan, il voit juste les pieds d'une table et pas son plateau donc nous avons complété cela par de l'intelligence artificielle qui va déterminer s'il va pouvoir passer en-dessous de la table ou non. Tout ceci combiné, le robot peut se déplacer par lui-même, en toute autonomie, et s'il croise un humain il va pouvoir l'éviter et pour autant ne pas perdre son chemin", expose le directeur général.

Elodie est d'ores-et-déjà commercialisée au prix de 18 000 euros. Wyca compte déjà des commandes et les premiers clients seront livrés dès le premier trimestre 2020. Même si pour le moment les intégrateurs ont acheté un ou deux robots chacun, la startup espère leur vendre 15 à 20 robots chacun en 2021.

Une vingtaine de robots déployés

"Au départ, nos robots s'adressaient au marché du self stockage. Ils permettaient d'augmenter les plages horaires d'accueil avec des robots de service interactifs. Ces derniers peuvent contacter un responsable ou accompagner quelqu'un dans le labyrinthe des box, par exemple. Puis, les robots ont été modifiés pour du retail, la sécurité ou encore de la télémédecine", raconte Patrick Dehlinger.

Parmi les clients de la startup, on retrouve Trax Retail, en Israël, qui gère 100 000 magasins, et le groupe Bynet, spécialisé dans le service, la fabrication, l'industriel, l'armée et le médical. La jeune pousse travaille aussi avec Diginova, société de service hollandaise, PTI Security Systems et OpenTech Alliance en Angleterre, Zebrabox, centre de self-stockage suisse ou encore la clinique Bizet en France. Elle dispose aussi de clients en Allemagne et aux États-Unis.

Wyca compte aujourd'hui 16 robots déployés et actifs à travers le monde. Quatre autres servent de plateforme de démonstration ou de recherche. Par ailleurs, la jeune pousse travaille sur un nouveau robot pour 2021. Celui-ci s'appelle Fredo, et pourra transporter  500 kilos à 5 tonnes.

Une levée de fonds de 2,5 millions d'euros

L'entreprise, qui ne communique pas sur le chiffre précis, indique faire moins de 500 000 euros de chiffre d'affaires. Pour accentuer son activité commerciale et accélérer la phase de commercialisation d'Elodie, embaucher de nouveaux collaborateurs et s'implanter aux Etats-Unis d'ici 2021, la startup prépare une levée de fonds.

"Nous voulons lever 2,5 millions d'euros mais pas forcément en une seule fois. Nous allons sans doute faire deux tours de table. Le premier, d'un million d'euros, sera bouclé à la fin du premier trimestre 2020", informe Patrick Dehlinger.

Sept salariés, dont six à Aucamville et un à Paris, travaillent au sein de Wyca. Une dizaine d'emplois supplémentaires va être créée dans les 18 mois. La jeune pousse compte embaucher des commerciaux et renforcer ses équipes technique, recherche et production.

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