Alors qu'elle était encore étudiante en troisième année de bachelor au sein de la Toulouse Business School, Emmanuelle Morère (22 ans) commençait déjà à penser à la startup éco-responsable qu'elle désirait créer. En effet, cette dernière souhaitait pouvoir allier sa passion pour la mode et celle pour le développement durable. Désireuse de concrétiser son projet, la jeune femme a alors intégré le pré-incubateur TBS Start, destiné à coacher les futurs entrepreneurs.

 "Le milieu de la mode n'est pas vraiment éco-responsable. Je me suis donc demandée comment faire mieux et j'ai commencé à chercher des alternatives.Tout est venu d'un besoin personnel, car je trouvais difficile d'acheter des vêtements recyclés qui soient féminins et modernes. J'avais vraiment cette volonté de repenser la création d'un vêtement pour qu'il soit plus écologique. C'est de là que Pierrette et Yvonne est née", raconte Emmanuelle Morère.

L'industrie de la mode est la seconde industrie la plus polluante du monde (après le pétrole). Selon les chiffres de l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maitrise de l'énergie), la filière utiliserait 4 % des ressources en eau potable de la planète et dégagerait 1,2 milliard de CO2 par an.

Vêtements made in Sud-Ouest

En choisissant de baptiser son entreprise naissante avec les noms de ses grands-mères, Emmanuelle Morère a souhaité évoquer le Made in France et les valeurs d'autrefois "où l'on ne consommait que le nécessaire sans le superflu". Ainsi, les vêtements réalisés parcourent au cours du processus seulement 1 300 km.

"Je voulais vraiment redorer le savoir-faire français et l'économie française car maintenant, tout est délocalisé. Pour le textile, c'est bien de favoriser les acteurs locaux", explique l'entrepreneuse.

La jupe commercialisée par Pierrette et Yvonne est fabriquée avec du coton classique et du coton recyclé (Crédits : Pierrette et Yvonne).

Pour ce faire, cette dernière utilise des vêtements provenant des associations de collecte comme le Relais, qu'elle fait par la suite retravailler dans des villes du sud-ouest, mais aussi en Espagne.

"Les associations récupèrent les textiles, puis les trient par couleurs, pour ne pas qu'il y ait de produit chimique et de coloration qui soient ajoutés en plus. Le recyclage des fibres se fait à Alicante pour la veste et la jupe, et à Brassac (Tarn) pour le pantalon. Puis les fils sont tissés à Castres (Tarn). Une fois que nous avons le tissu, il est confectionné à Cap-Breton (Landes). Tout est fait au maximum en circuit court et en France", argumente l'étudiante.

Les vêtements recyclés connaissent un essor grandissant depuis quelques années. Les grandes marques (H&M, Camaïeu, Primark etc) proposent des articles en partie recyclés, des startups se sont également positionnées sur ce concept à l'image du Toulousain Hopaal. Même si cette pratique reste encore marginale au regard de l'ensemble de la production, selon l'enquête menée par Newsweek en 2016 qui révèle que seulement 1 % des tissus qui composent nos vêtements sont recyclés pour en créer de nouveaux.

Pour le moment, la première collection proposée par Pierrette et Yvonne n'est destinée qu'aux femmes. Elle est composée d'une jupe (130 euros), d'un pantalon (150 euros) et d'une veste (200 euros) pré-dessinés par l'étudiante qui s'est par la suite entourée de professionnels. "Je n'ai pas de formation de stylisme, j'ai dessiné tant bien que mal les prototypes en fonction des tissus que j'avais, car tous ne sont pas disponibles en matière recyclée", affirme la jeune femme.

Le pantalon commercialisé par la startup est fabriqué avec du polyester, du coton, et 5% d'autres matières recyclées (Crédits : Pierrette et Yvonne).

Collecte de 6000 euros

Pour financer une partie du développement de sa première collection, Emmanuelle Morère a lancé une campagne de crowdfunding le 27 mai sur le site Ulule. L'objectif est d'atteindre 6000 euros en 36 jours.

"J'ai également lancé cette campagne pour reverser 1% des bénéfices à des associations. D'abord AVES france, qui préserve les animaux sauvages, puis Surfrider Foundation Europe qui lutte contre la pollution des littoraux et des océans. Je veux être engagée pour l'environnement et je suis dans une démarche de dé-consommation pour essayer de revenir à des choses plus simples et plus saines", fait savoir la dirigeante.

Actuellement en master de digital marketing à la TSM (Toulouse School of Management), l'étudiante souhaite se consacrer pleinement à son projet une fois ses études terminées dans un mois. "J'aimerais intégrer un incubateur pour être entourée et accompagnée dans la démarche entrepreneuriale car toute seule c'est un peu compliqué. Je voudrais également participer à des salons pour avoir des contacts et trouver des partenaires français pour développer la collection". L'aventure ne fait que commencer.