La startup Agreenculture veut développer l'agro-écologie

Depuis 2016, la startup toulousaine Agreenculture développe des robots afin d'accompagner les agriculteurs et les industriels dans leur transition écologique. Dotés d'intelligence artificielle, ces derniers offrent une précision plus grande, permettent de gagner du temps, mais aussi de respecter les sols notamment en limitant l'utilisation d'intrants (eau, produits chimiques, engrais etc). L'entreprise vient de lancer une levée de fonds pour industrialiser son boitier intelligent.
Le robot agricole Céol, créé par Agreenculture.
Le robot agricole Céol, créé par Agreenculture. (Crédits : Agreenculture)

"La robotique apporte des solutions. Elle ne doit pas faire peur et ne doit pas être vue comme un outil ou un système qui va supprimer des emplois", lance Christophe Aubé, président d'Agreenculture. Fils d'agriculteur, le jeune entrepreneur a d'abord été diplômé de l'ENAC, avant de s'expatrier en Inde où il faisait du développement logiciel pour le groupe Safran.

"Je me suis rendu compte, en côtoyant des Indiens hors du groupe Safran, qu'ils étaient capables de monter des business intéressants avec des moyens très limités. C'est cela qui m'a poussé à me questionner, et à me demander comment moi, fils d'agriculteur avec zéro moyen, je pourrais monter des activités car j'étais vraiment porté par l'innovation", raconte Christophe Aubé.

En 2015, dans un contexte politique où les réflexions écologiques prenaient de l'ampleur (avec la Cop 21), le jeune homme décide de quitter le groupe Safran. Issu d'un milieu familial agricole et riche d'une connaissance logicielle aéronautique grâce à son expérience professionnelle, il décide de lier les deux mondes à travers l'agriculture de précision et d'y introduire une notion environnementale. Dès lors, l'ex-salarié de Safran s'est intéressé aux systèmes robotiques.

"Je me suis dit que l'agriculture de précision existait déjà sur les tracteurs et qu'il fallait maîtriser la partie positionnement (le système GPS). Faire de l'écologie prend du temps et les agriculteurs n'en ont pas forcément. ll fallait que le positionnement soit au service de la robotique qui va automatiser les tâches. Derrière, il fallait couvrir la majorité des surfaces, les petites comme les grandes, donc j'avais envisagé la partie gestion de flotte. La dernière étape c'était de pouvoir capter la data (les images, l'environnement)", explique l'ingénieur.

Céol, le robot agricole éco-responsable

Pour concrétiser son projet, Christophe Aubé a décidé de travailler avec la société toulousaine Nav On Time qui a fait faillite au bout de cinq mois. Il décide alors de racheter tous les actifs de cette dernière et de s'associer avec Emmanuel Goua de Baix (qui travaillait déjà depuis 6 mois avec lui) pour démarrer l'entreprise.

"Nous avons fait le premier robot dans le jardin et petit à petit, nous nous sommes structurés en cherchant des compétences clés en intelligence artificielle. Aujourd'hui, nous sommes 24 collaborateurs", précise le président.

"La très grande majorité des agriculteurs désherbe chimiquement et nous voulons les emmener vers une agriculture beaucoup plus écoresponsable". Pour concrétiser leur désir de faire du smart-farming (opérations agricoles qui vont utiliser le moins d'intrants possible), l'équipe a conçu un robot polyvalent de 500 kilos nommé "Céol" pour travailler en B to C. Ce dernier est doté d'une intelligence artificielle et d'une technique de géo-positionnement très haute précision pour analyser son environnement.

"Nous avons commencé avec un petit robot qui est adressé au marché des sapins de Noël. Ils ont des besoins très particuliers et n'intéressent aucun machiniste agricole. Nous leur apportons une solution complète et cela nous permet de déployer notre système et d'avoir une bonne connaissance terrain", argumente le numéro un d'Agreenculture.

En 2018, Agreencluture s'est associée avec le fabricant de matériel agricole Kuhn et au groupe d'ingénierie Ausy afin de créer un robot de 2 tonnes destinés aux industriels.

Levée de fonds de 2 millions d'euros

Pour mener à bien ce projet, Agreenculture a annoncé une levée de fonds atteignant les 2 millions d'euros avec une deadline prévue pour fin juin. L'objectif : pouvoir industrialiser leur technologie à travers un boitier intelligent et s'adresser à des marchés d'industriels de plus en plus larges.

"Nous sommes à la recherche de fonds ou d'industriels qui ont un intérêt à ce que cela fonctionne. Par exemple, l'Irdi Soridex Gestion, le fonds de gestion attaché à la Région a un intérêt : c'est que le projet créé des emplois localement mais aussi de l'activité économique", déclare le dirigeant.

D'ailleurs, l'entreprise a lancé un partenariat avec la société Pellenc, qui fait en majorité du matériel pour la viticulture. Parallèlement, l'entreprise toulousaine va continuer son partenariat avec Khun pour réfléchir à la robotique grande culture et à partir de mi-mai, la startup compte s'ouvrir à des milieux hors agricole comme des grandes maisons de Champagne. L'entreprise a même pour projet de travailler sur le désherbage des voies ferroviaires et d'atteindre un chiffre d'affaires de 1,4 million d'euros (contre 600 000 euros en 2018), ainsi que d'embaucher 6 à 10 personnes.

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