Quaternion, une startup toulousaine au festival de Cannes

Depuis le lancement du festival de Cannes, le 8 mai, plusieurs dizaines de restaurants, de discothèques et de bars éphémères se sont installés sur les plages cannoises, spécialement pour l’occasion. Parmi les traditionnels chapiteaux blancs qui abritent ces événements, s’est glissée une structure en bois, à la forme étonnante, qui attire tous les regards des passants. Ce pavillon temporaire, nommé Ekilaya, est l’oeuvre de Quaternion, une startup toulousaine spécialisée dans l’architecture "haute couture accessible".
Sur la plage cannoise, la structure Ekilaya abrite un restaurant éphémère.
Sur la plage cannoise, la structure Ekilaya abrite un restaurant éphémère. (Crédits : Quaternion)

"Deux, trois jours avant l'ouverture du restaurant éphémère cannois qu'abrite la structure, énormément de gens sont venus la regarder de plus près, la toucher et poser des questions. Le pari de stimuler la curiosité est pour nous réussi" se réjouit Mathieu Sudres, co-fondateur de Quaternion. En effet impossible de passer devant Ekilaya sans se retourner. Cette structure, en kit, est conçue avec des briques en bois qui une fois assemblées entre elles, comme un jeu de lego, donnent une forme de coque. "Il s'agit d'une maille en bois extrêmement légère a laquelle on fait subir une transformation afin de lui donner cet aspect", précise le jeune entrepreneur.

Ce graphisme est justement le facteur qui a attiré la célèbre marque d'eau pétillante San Pellegrino et l'a motivé à choisir Ekilaya pour abriter son restaurant éphémère, sur la plage varoise, le temps du célèbre festival de Cannes.

"Les organisateurs avaient un choix compliqué à faire, et très récurrent dans l'événementiel, entre un abris sur-mesure très coûteux ou un tente blanche banale. Cet entre-deux les a conduits à notre solution", raconte Mathieu Sudres.

Quaternion

Ekilaya abrite le restaurant éphémère d'une grande marque de boissons installé sur une plage pour le festival de Cannes (Crédits : Quaternion)

Entre les stars, les invités et les curieux, le nombre d'habitants explose dans la cité azuréenne pendant la quinzaine du cinéma. Une forte affluence qui devrait offrir à la jeune pousse de la visibilité.

"C'est un très beau projet. C'est une vitrine exceptionnelle sur laquelle nous misons beaucoup pour attirer de nouveaux clients et pourquoi pas, revenir l'année prochaine", se projette le co-fondateur.

"Le projet de tous les défis"

Cet événement représente également la première sortie en extérieur du pavillon Ekilaya, jusque là utilisée en intérieur seulement.

"C'est le projet de tous les défis pour nous. La logistique a été très complexe à gérer. Nous avons mobilisé douze personnes et une grue pour monter ce restaurant sur la plage", se souvient Mathieu.

Pour le festival, l'équipe de Quaternion a dû prouver que sa construction était capable de résister à tous les intempéries (neige, vent pluie).

Un système en kit et une démarche écologique

Proposée à la vente et location, la construction Ekilaya est le premier concept de la startup toulousaine. Ce projet a été inspiré par un architecte allemand, des années 60, Frei Otto et revisité par les deux architectes à l'origine de Quaternion Mathieu Sudres et Simon Hulin.

"La spécificité de l'entreprise est d'avoir une forte compétence dans les outils numériques, qui nous permet de revisiter les processus traditionnels de construction", souligne Mathieu Sudres.

Son système en kit rend la structure adaptable à différents lieux, usages et contextes. "C'est du sur-mesure. Nous pouvons monter des structures allant de 40m2 à 200m2. Notre système facilite également le transport "par exemple pour Cannes, nous avons utilisé un camion de 20 m2 à peine pour 200 m2 de surface déployée", illustre le co-fondateur.

Ce projet s'inscrit également dans une démarche écologique. Il ne nécessite pas énormément de matière première.

"Avec 1 m3 de bois nous allons construire 60 m2 de structure. D'ailleurs, le frêne provient d'Isère. Nous disposons d'un circuit de production court avec des fournisseurs locaux", souligne-t-il.

Tous ces facteurs permettent, au final, de réduire la facture du client. Pour un événement en intérieur par exemple, la location d'un stand ou d'une tente traditionnelle coûte entre 25 000 et 30 000 euros pour quatre jours. Le prix d'Ekilaya se situe lui entre 5 000 et 10 000 euros selon la surface souhaitée, pour une durée d'une semaine.

"Chez nos concurrents, la conception est précisément adaptée et n'est réutilisable nul part. Au contraire, Ekilaya est démontable et remontable à l'infini", ajoute Mathieu Sudres

Une future extension à l'étranger

Créée en 2016 par Mathieu et Simon à l'époque fraîchement diplômés de l'école d'architecture de Toulouse, Quaternion propose de "l'architecture, industrialisée, haute couture et accessible". La jeune pousse a réalisé pour l'instant une dizaine de prestations, principalement dans la capitale.

Elle voit désormais les choses en grand et souhaite s'étendre à l'étranger.

"Nous avons identifié un premier pays qui nous intéresse fortement c'est les Émirats arabes unis et plus précisément Dubaï. La ville reçoit de grands événements, notamment l'Exposition universelle en 2020. C'est un marché qui nous intéresse et que l'on regarde de très près. Nous avons également commencé à discuter avec des distributeurs en Espagne, Italie, Allemagne", confie le jeune chef d'entreprise.

Dans ces pays frontaliers européens, la stratégie de Quaternion, est de trouver des distributeurs locaux qui assureront la commercialisation ainsi que la logistique (montage, démontage).

En France, les deux collaborateurs ont également identifié des opportunités dans les emplois saisonniers, en bord de mer.

"La loi littoral se durcit de plus en plus. Toutes les concessions de plages construites en béton vont être démolis. C'est évidemment un marché que l'on cible puisque notre système y est complètement adapté"

Une future levée de fonds 

Lancée sur le marché depuis septembre 2017, Quaternion a réalisé une dizaine de prestations, essentiellement sur Paris. Cependant, le coeur du développement technique de la startup se trouve à Toulouse.

"Nous restons attachés à ce territoire où nous savons la chance d'être aidés et soutenus par la Région Occitanie et de nombreux partenaires comme le bureau d'études Terrell, L'Insa ou encore les charpentiers de la Tournée du Coq qui nous aident énormément."

 La jeune pousse a atteint un chiffre d'affaires de 90 000 euros en 2017. Son objectif pour l'année en cours se situe entre 200 000 et 300 000 euros.

"L'idéal serait de lever une somme de 700 000 euros afin d'atteindre les 1 million de chiffre d'affaires en 2020", espère Mathieu Sudres.

Cette levée de fonds devrait contribuer au développement à l'international. Cette future expansion devrait entraîner deux recrutements supplémentaires dans l'équipe.

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