Biotech : comment Enobraq veut utiliser le CO2 pour améliorer les rendements agroalimentaires

Pour sa troisième année d’activité, la biotech toulousaine EnobraQ annonce sa seconde levée de fonds en deux ans d’un montant de deux millions d’euros et ouvre son capital à trois structures de recherche. Cette somme sera destinée au développement de trois nouveaux projets, notamment pour améliorer le rendement de certaines productions agroalimentaires.
La jeune biotech confirme sa seconde levée de fonds en deux ans d’un montant de deux millions d’euros
La jeune biotech confirme sa seconde levée de fonds en deux ans d’un montant de deux millions d’euros (Crédits : DR)

En 2015, lors de son lancement , le projet d'Enobraq était de modifier une levure (micro-organisme), utilisée dans l'industrie agro-alimentaire, et de remplacer le glucose (sucre) qu'elle contient par du CO2.

"Comme le gaz carbonique est inerte, nous avions fait le choix de lui insuffler de l'énergie par de l'hydrogène. Malheureusement, nous nous sommes heurtés à des verrous techniques très compliqués sur cette partie là. Et après des mois à chercher d'autres options, nous avons été contraints d'arrêter le projet, en septembre dernier, principalement pour des raisons technico-économiques ", raconte Christophe Dardel directeur général de la startup.

Généraliser l'utilisation du CO2 comme matière première

Au lieu de s'arrêter sur cet échec, l'équipe de la jeune biotech a décidé de rebondir "sur les découvertes et avancées réalisées durant la recherche sur la levure", affirme Christophe Dardel.

Sa nouvelle stratégie de R&D repose dorénavant sur trois axes. Tout d'abord, l'équipe de chercheurs s'est aperçue, lors des ses premiers travaux, qu'elle était capable grâce à son procédé d'améliorer le rendement de productions industrielles "jusqu'à 20%".

"Nous allons cette fois travailler sur des bactéries ou des champignons (micro-organismes) et non plus de la levure et remplacer cette fois encore les matières premières (acide citrique ou acide lactique par exemple, ndlr) par du gaz carbonique (CO2)", explique le directeur général d'Enobraq.

La preuve de concept devrait être apportée d'ici deux ans et permettrait de réduire de 15% en moyenne les coûts de fabrication des professionnels de l'industrie agro-alimentaire notamment.

Ensuite, la startup développe un procédé de production d'acide lactique, généralement utilisé dans les produits alimentaires et les boissons gazeuses. Cette avancée pourrait diminuer la dépendance aux produits fossiles, économiser des ressources nécessaires à l'alimentation mais aussi contribuer à réduire l'empreinte carbone. "Sur cette partie, nous sommes soutenus et financés par la communauté européenne puisque cette recherche s'inscrit dans un de ses projets", se réjouit le CEO.

Enfin, pour son troisième axe, la société s'intéresse à la modification de la RuBisCo, la protéine la plus répandue au monde. Présente dans les plantes et céréales, elle permet la fixation du CO2 dans les végétaux. "Grâce à nos recherches de pointe sur l'utilisation du CO2 nous avons la capacité de multiplier par 50 le rendement de cette protéine. C'est pour l'instant en cours de pilotage, mais si elle fonctionne cette technologie ne sera pas un OGM et répondra à un enjeu mondial, qui est comment produire des aliments en quantités importantes tout en gardant une bonne qualité ?", se projette Christophe Dardel.

 Deux millions d'euros levés et une ouverture du capital pour concrétiser des innovations

Afin de financer ses trois nouveaux axes, la startup s'est tournée vers ses quatre actionnaires, qui avaient apporté, en 2016, une somme de 2,9 millions d'euros pour le projet de levure. Sofinnova Partners (fonds de capital-risque français), Auriga Partners (spécialisés dans l'investissement), Irdinov (fonds d'amorçage dédié au financement de sociétés innovantes) et SuperNovaInvest (société de gestion) ont encore fois répondu présents en apportant la somme de deux millions d'euros, destinée à financer les futurs projets d'Enobraq.

"Ils nous renouvellent leur confiance. Pour ce deuxième projet ils ont été convaincus par les différentes molécules et technologies utilisées. Mais aussi par la diversité de marchés auxquels nous nous adressons et les différents horizons de commercialisation", assure Christophe Dardel.

Afin de mener à bien ses nouveaux projets, la société Enobraq a également ouvert son capital à l'INRA (Institut national de la recherche agronomique), l'INSA (Institut national des sciences appliquées) et le CNRS (Centre national de la recherche scientifique). Ces grands noms de la R&D sont sous la tutelle de la Toulouse White Biotechnology (TWB), l'incubateur d'Enobraq. "Ces institutions ont souhaité entrer au capital, afin de bénéficier d'un retour financier en cas de succès. Elles ne participent pas à la levée de fonds mais apportent un savoir-faire et une crédibilité à la nouvelle stratégie", explique Christophe Dardel.

"Cette nouvelle levée de fonds et le soutien de trois grands centres français de recherche publique va nous permettre d'étoffer nos champs d'actions et d'aboutir à la concrétisation de procédés durables", se félicite le directeur général.

En plus du financement européen sur une partie du projet et la levée de fonds, la jeune biotech recherche des financements publics, notamment de la part de la région.

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