Assistants vocaux : le Toulousain Wizzili, une alternative à Amazon Echo et Google Home ?

Série CES Las Vegas (2/5). À l'occasion du salon mondial de l'électronique, focus sur Wishi, startup toulousaine qui fait partie de la délégation régionale au CES. Elle a conçu Wizzili, un assistant personnel à reconnaissance vocale. À la différence des enceintes connectées lancées par Amazon ou Google, Wizzili plaide pour un usage plus transparent des données personnelles des utilisateurs.
Grégoire Tyrou est le fondateur de Wizzili.
Grégoire Tyrou est le fondateur de Wizzili. (Crédits : Rémi Benoit)

C'est l'un des produits high-tech phares du moment. Amazon a vendu en 2017 plus de 20 millions d'enceintes dotées de l'assistant vocal Alexa. De son côté, Google a écoulé 7 millions d'exemplaires de son Google Home. D'abord déployés sur les smartphones via le système Siri d'Apple, les assistants vocaux sont aujourd'hui en train de s'étendre au domaine de la domotique. À partir d'une simple commande vocale, il est possible de faire une liste de courses, déclencher la lumière dans le salon, lancer une musique...

À Toulouse, la jeune société Wishi travaille depuis plus de deux ans sur le lancement de son assistant personnel à commande vocale. Baptisé Wizzili, l'objet permet par la voix d'envoyer un certain nombre d'informations (aliments à racheter, rendez-vous à inscrire dans le calendrier...) ensuite centralisées dans une application mobile unique. "Papa de deux jeunes enfants, je voulais trouver une solution pour mieux gérer ces tâches du quotidien comme les courses ou les différentes activités de mes petits", explique Grégoire Tyrou, son fondateur. Cet ingénieur télécoms a travaillé pendant dix ans pour le site R&D de Motorola à Toulouse avant de se lancer sur ce projet en 2015.

Vers une intelligence artificielle plus personnalisée

"Nous n'avons pas la prétention d'être en compétition avec Amazon ou Google. Plutôt que faire beaucoup de choses de manière basique, c'est-à-dire allumer une lumière ou lancer une musique, on préfère exclusivement se concentrer sur cette cible de jeunes parents qui veulent passer plus de temps avec leurs enfants", poursuit Grégoire Tyrou.

La startup Wishi est en train de finaliser un partenariat avec des chercheurs en intelligence artificielle de l'Université Paul-Sabatier pour proposer des fonctionnalités plus poussées :

"Mon fils va dire 'Wizzili, j'ai fini les céréales' et l'assistant va savoir que c'est mon fils qui parle et qu'il faut racheter des Chocapic qu'il a l'habitude de manger. C'est-à-dire qu'il sera capable d'identifier le locuteur et ajouter l'article le plus pertinent. Nous aimerions aussi nouer des partenariats avec des commerces pour que le paquet de Chocapic soit ajouté à la liste de vos achats sur un site de commerce en ligne, détaille l'entrepreneur.

Une autre fonctionnalité pourrait être de savoir le matin quand passe mon prochain bus. Si c'est moi ou mon épouse qui parle, ce n'est pas la même ligne de bus et l'assistant va donner une réponse adaptée. L'idée est d'aller dans une intelligence plus personnalisée".

Différents modes d'allumage pour limiter les risques de piratage des données personnelles

 Une première version de Wizzili sera commercialisée à la fin de l'année (en français et en anglais, au tarif d'une centaine d'euros, un prix de vente nettement plus élevé que l'enceinte d'Amazon (29 euros). Mais Grégoire Tyrou assume ce modèle économique.

"Le modèle de ces grosses entreprises est de vendre des produits pas cher au prix d'une exploitation sans limite des données personnelles des données des utilisateurs. On ne dit par qu'on ne va pas utiliser les données mais l'idée est de rééquilibrer les choses. Il y a beaucoup de personnes convaincues que la technologie peut les aider au quotidien mais qui ne vont pas le faire parce qu'il y a une défiance par rapport à l'exploitation des données", remarque l'ingénieur.

Des craintes loin d'être injustifiées face à la multiplication des cas de piratages à distance de l'Amazon Echo ou de Google Home. En décembre dernier, la Cnil (Commission nationale informatique et libertés) rappelait que les enceintes connectées sont en veille permanente et qu'elles sont donc susceptibles d'enregistrer les conversations privées.

Face à ce risque, la startup toulousaine réfléchit à laisser les consommateurs choisir entre plusieurs modes d'allumage de l'assistant vocal : "On pourrait avoir un bouton pour allumer l'assistant mais dans ce cas on perd l'aspect main libres ; on peut imaginer aussi qu'au bout d'une minute d'inutilisation il s'éteint ; enfin le troisième mode serait conforme aux produits actuellement dans le commerce avec un objet allumé en permanence", décrit Grégoire Tyrou.

Sur ce plan éthique, Wishi a noué un partenariat avec une université londonienne d'anthropologie qui étudie les interactions homme/machine. Hébergée au sein de La Cantine à Toulouse, la jeune société envisage une levée de fonds d'un million d'euros d'ici fin 2018. Composée de trois personnes, l'entreprise envisage de recruter quatre collaborateurs supplémentaires cette année (principalement des ingénieurs). Elle fait partie de la délégation régionale actuellement au CES de Las Vegas, même si elle cible en priorité le marché européen pour écouler ses produits.

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