Tous les quinze jours, une quarantaine d'amateurs de cryptomonnaies se réunit à Toulouse à l'heure de l'apéro pour parler bitcoin, ethereum et autres systèmes novateurs de paiement numérique qui ont émergé au cours des dernières années. À l'origine de ce rendez-vous, figurent les fondateurs de BitConseil. Ce média toulousain d'analyse des cryptomonnaies a été créé en 2015 par Benoit Huguet, passionné par le phénomène :

"Après mes études d'économie à l'université de Toulouse, j'ai voyagé en Argentine où j'ai découvert le bitcoin en 2012. Avec les cryptomonnaies, pour la première fois dans l'histoire, n'importe qui dans le monde peut transférer de la valeur sur Internet sans passer par le réseau bancaire traditionnel : c'est une révolution énorme", explique-t-il.

Au-delà de la prouesse technologique, Benoit Huguet y voit un moyen pour les citoyens de reprendre le contrôle de la monnaie :

"Lors de mon séjour en Argentine, le pays était confronté à une importante inflation, la monnaie perdait chaque année 20 à 30% de sa valeur ce qui rendait impossible le moindre emprunt. Il est difficile de comprendre l'intérêt des bitcoins dans une économie florissante mais ce type de monnaie trouve son utilité dans une économie troublée comme c'était le cas en Argentine. C'est un algorithme qui gère la monnaie au lieu des États.

Aujourd'hui, un ado peut créer sa propre banque avec le même degré de sécurité et faire transiter des fonds partout dans le monde, ce qui était réservé jusqu'ici à des acteurs détenteurs de fonds propres importants", explique-t-il.

"Raconter de l'intérieur cette révolution sociale, technologique et financière"

Avec le site internet BitConseil, Benoit Huguet et ses trois associés veulent "raconter de l'intérieur cette révolution sociale, technologique et financière" sous forme d'articles d'analyse long-format mais aussi des comptes-rendus de conférences pointues sur ce domaine. Après avoir dispensé quelques tutos sur Youtube pour répondre aux questions des internautes, le média a publié au mois de novembre un guide de 120 pages (en vente au format pdf sur leur site) pour expliquer le fonctionnement des cryptomonnaies et de la blockchain. "Une première partie théorique revient sur comment ça marche et d'où viennent ces nouvelles monnaies. La partie pratique explique où en acheter, comment s'en servir et sécuriser les transactions", détaille Benoit Huguet.

Au-delà de cette activité de média et d'édition, BitConseil développe depuis début 2017 du conseil et de la formation. "À l'origine, les levées de fonds en monnaies virtuelles (ICO) étaient réservées aux startups du milieu des cryptomonnaies ou de la blockchain qui cherchaient à financer leurs propres besoins. Mais aujourd'hui, le secteur est tellement vigoureux que d'autres acteurs en dehors de cet écosystème cherchent à utiliser les cryptomonnaies comme les fintech (startups financières) ou des biotech (startups dans le secteur de la santé)", explique Nazim Morera, confondateur. Dernièrement, BitConseil a accompagné Hush, le nouveau projet de néobanque développé par Éric Charpentier (ex-Morning).

La jeune société hébergée dans la colocation de startups AtHome lance aussi des sessions de formations aux entreprises en monnaies virtuelles. "Les profils sont variés : experts-comptables, notaires, conseillers en gestion du patrimoine. Ces professions cherchent à s'approprier ces nouveaux outils qui peuvent être de nouveaux supports d'investissement et qui sont utilisés par leurs entreprises clientes", ajoute-t-il.

Enfin, les quatre associés aimeraient fédérer d'autres passionnés des cryptomonnaies autour d'événements dans le prolongement des apéros organisés avec la Mêlée numérique. À partir de janvier 2018, une fois par mois, une conférence-débat sera organisée à la Cantine et une autre à AtHome avec une pointure du secteur.

Fondé en 2009, le bitcoin vaut aujourd'hui plus de 14 000 euros. De quoi attiser des critiques sur sa volatilité et attirer les spéculateurs. "Certains envoient des mails en promettant de multiplier par 10 la mise en bitcoin en ayant zéro impôt sur la plus-value. Ce sont ce qu'on appelle des scammeurs (professionnels de la fraude, ndlr). À chaque fois qu'une nouvelle technologie émerge, des arnaques surgissent", estime Nazim Morera. "C'est une technologie encore au stade expérimental et c'est un investissement à risque. Mais il n'est pas pertinent de comparer le phénomène du bitcoin à la bulle internet puisque les capitaux qui circulent sont nettement moindres", complète Morgan Calmejane, autre confondateur.

Les entrepreneurs toulousains croient en l'avenir des cryptomonnaies. "Elles permettent à des millions voire des milliards d'objets connectés de pouvoir échanger de l'argent sans passer par le réseau bancaire classique. Les acteurs traditionnels s'y intéressent et même le milieu de la recherche s'y met", relève Benoit Huguet. Dans le sillage du bitcoin, plus d'un millier de monnaies virtuelles ont émergé en quelques années. De quoi donner du grain à moudre à BitConseil...