Des startuppeurs du monde entier en immersion dans la French Tech toulousaine

Ekito et le Connected Camp accueillent depuis quelques mois à Toulouse quatre startups étrangères dans le cadre du French Tech Ticket. Malgré la barrière de la langue, ces jeunes entrepreneurs ont commencé à nouer des contacts avec de grandes entreprises françaises. Reportage.
Les startuppeurs viennent d'Australie, de Slovénie et d'Irlande.

Esteban Bayro Kaiser a emménagé à Toulouse à la fin de l'hiver sans parler un mot de français. "C'était compliqué pour ouvrir un compte bancaire, j'ai fini par opter pour la seule banque qui parlait anglais", se remémore le jeune entrepreneur allemand, cofondateur de la société de e-santé WearHealth. Comme lui, des startuppeurs découvrent depuis quelques mois la vie toulousaine.

Dans le cadre du programme national French Tech Ticket, quatre startups étrangères sont accueillies pendant un an dans deux accélérateurs de la Ville rose (Ekito dans l'hypercentre de Toulouse et le Connected Camp à Labège). Ces entrepreneurs bénéficient d'un titre de séjour et d'une bourse de financement de 45 000 euros par projet. Ils peuvent également suivre des sessions de formation sur le marketing, la manière de "pitcher" leur société ... Et même une séance de média-training. "Nous avons appris comment parler aux journalistes, on nous a aussi dit de leur proposer des croissants avant l'interview", glisse espiègle Esteban Bayro Kaiser attablé à l'entrée d'Ekito à côté d'un sac rempli de chocolatines.

" Être à Toulouse nous permet d'avoir accès à un marché plus vaste"

Plus sérieusement, changer de pays peut être une opportunité pour accélérer le croissance de sa startup, comme en témoigne Jernej Adamic, cofondateur de la société slovène Zenodys positionnée dans l'Internet des objets  :

"L'IoT est peu développé en Slovénie, nous avons donc peu de clients potentiels sur place. Par ailleurs, la Slovénie est un marché très petit : le pays compte seulement deux millions d'habitants et les grandes entreprises du pays sont considérées comme des entreprises de taille moyenne en France. Être à Toulouse nous permet donc d'avoir accès à un marché plus vaste."

S'installer en Europe était même une évidence pour la startup australienne Tarot Analytics qui veut optimiser le temps de livraison des entreprises de transport : "En Australie, les villes sont vraiment éloignées entre elles, parfois il n'y a que trois personnes au m2. En France, la densité de population est beaucoup plus forte, c'est le marché parfait pour développer notre solution", assure Jesse Treharne, cofondateur de la startup.

Toulouse, un bon écosystème pour lancer sa startup

Chez ces jeunes entrepreneurs, point de rêve d'intégrer la Silicon Valley ou un incubateur à proximité de la Tour Eiffel : "Lorsque nous avons candidaté au French Tech Ticket, nous n'avons postulé qu'aux accélérateurs en dehors de Paris afin de profiter d'un écosystème plus petit qui facilite l'accès à un réseau, raconte Catherine Downes, cofondatrice de l'application irlandaise de réservation de places de cinéma Usheru. J'avais déjà été hébergée par une structure d'accompagnement à Londres et c'était difficile d'être mis en relation avec les bonnes personnes. Certes, beaucoup de grands chefs d'entreprises sont basés à Paris mais rien ne nous empêche depuis Toulouse d'aller de temps en temps dans la capitale pour des réunions. La Silicon Valley a moins d'intérêt pour notre activité dans l'industrie du cinéma, il y a beaucoup plus de films indépendants en France qu'à Hollywood. "

Pour Jesse Treharne, "c'est le bon moment pour lancer sa startup à Toulouse. Même si l'écosystème est jeune, il a à sa disposition des ressources suffisantes pour aider les jeunes entreprises". Le jeune Australien apprécie aussi le faible coût de la vie dans la Ville rose : "à Sydney nous n'aurions pas les moyens d'avoir un appartement en plein centre-ville".

Grâce à des cours de français tout au long de sa scolarité, Jesse Treharne est arrivé en France en maîtrisant déjà la langue. Ce n'est pas le cas de son associé Simon Webb qui consacre plusieurs heures chaque jour à cet apprentissage. Même programme pour Esteban Bayro Kaiser qui confie que la barrière de la langue est l'obstacle majeur rencontré à Toulouse, même si ajoute-t-il "au Connected Camp, j'arrive toujours à trouver quelqu'un pour m'aider à faire la traduction". Et après six mois passés dans le Sud-Ouest, il ne s'imagine pas repartir.

"Nous voulons rester en France car nous avons des contacts avec des clients potentiels. Nous travaillons sur un système d'alerte des chefs d'entreprise en cas de chute d'un salarié qui travaille dans une zone où le réseau téléphonique passe difficilement, une mine par exemple. Ce type de solution n'est possible que via le réseau bas-débit de Sigfox. Dans l'idéal, nous aimerions travailler avec la SNCF ou Enedis. J'aime aussi le climat toulousain sachant que j'habitais avant près de Hambourg en Allemagne et que j'ai des origines colombiennes".

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.