NewTeam, la startup toulousaine créatrice de prothèses mammaires sur mesure

À Toulouse, la startup NewTeam va commercialiser des prothèses mammaires externes faites sur mesure pour les femmes ayant subi une mastectomie. Sélectionnée par l'Incubateur Midi-Pyrénées, la jeune entreprise a pour objectif de diminuer les douleurs dorsales dues au déséquilibre causé par le mauvais calibrage des prothèses standardisées. Leonarda Sanchez-Comte, qui pilote ce projet depuis 2011, veut démocratiser ce dispositif médical avec un prix relativement peu coûteux.
Leonarda Sanchez-Comte a inventé cette prothèse mammaire externe

Grâce à ses prothèses mammaires externes en silicone fabriquées sur mesure, Leonarda Sanchez-Comte veut améliorer les conditions de vies des femmes ayant subi une mastectomie. La startuppeuse travaille à l'élaboration d'un prototype depuis 2011. Aujourd'hui, le projet est en phase de finalisation et la prothèse fait l'objet d'une étude clinique pilotée depuis février 2017 par la plateforme EDIT et le CHU de Toulouse.

"Je mène ce combat seule depuis longtemps. Pour un grand laboratoire, développer un dispositif médical en 4 ou 5 ans, c'est tout à fait correct. Alors je suis plutôt fière des 6 ans de travail de ma petite startup", confie Leonarda Sanchez-Comte, fondatrice de NewTeam.

En France, on recense chaque année 54 000 nouveaux cas de cancer du sein et, parmi eux, 20 000 nécessitent des mastectomies. Après une ablation mammaire, 47 % des patientes n'ont pas recours immédiatement à la reconstruction, par peur de l'opération, ou bien à cause d'une contre-indication médicale. Elles attendent en moyenne plusieurs années et certaines femmes choisissent même de ne jamais subir cette intervention. Après une mastectomie, les patientes portent donc souvent des prothèses mammaires externes. Ces dernières sont soit glissées dans le soutien-gorge (et sont donc non-adhérentes), sois elles sont permanentes et adhèrent au torse. Cette deuxième catégorie ne peut cependant être portée que plusieurs mois après l'opération.

"Chaque année, on compte plus de 150 000 prothèses externes vendues en France et environ 2 millions dans toute l'Europe. Tous les modèles sont standardisés et ne s'adaptent pas à la morphologie des femmes. Ce mauvais calibrage provoque pour 78 % des porteuses un déséquilibre qui entraîne des douleurs dorsales handicapantes dans la vie de tous les jours", explique Leonarda Sanchez-Comte.

Un calibrage précis pour des prothèses mammaires innovantes

Les prothèses sur mesure en silicone de NewTeam, nommées MeAvanti, sont temporaires et non adhérentes. D'ici à quelques années, l'entreprise prévoit de proposer aussi un dispositif permanent et adhérent. Chaque prothèse sera calibrée à 5 grammes près pour que le poids de la poitrine soit homogène, contrairement aux prothèses standardisées qui sont bien moins adaptées (pour certaines, 150 grammes de différence de poids entre les deux seins).

L'esthétisme est très important pour Leonarda Sanchez-Comte puisque ce dernier a, selon elle, un impact sur le moral et la confiance en soi de la patiente. Pour plus de réalisme, la pigmentation de la peau et les détails de la poitrine sont pris en compte dans la fabrication de la prothèse.

Pour garantir une telle précision, Leonarda Sanchez-Comte s'est entourée de plusieurs industriels afin d'avoir accès au matériel dont elle a besoin. Par exemple, c'est l'entreprise canadienne TechMed3D qui lui fournit des scanners 3D ainsi qu'un logiciel spécialement créé pour scanner avec précision la poitrine des femmes. Une balance avec une marge d'erreur de 0,01g pour peser le sein vient quant à elle d'un partenaire européen dont le nom n'a pas encore été communiqué. Pour le silicone des prothèses, la startup collabore depuis juillet 2016 avec l'entreprise toulousaine Gaches Chimie, spécialisée dans la distribution de produits chimiques, et avec la société Prevent Transformation, experte en fabrication de matériel médico-chirurgical.

NewTeam veut vendre du sur-mesure à prix standard

Les premières ventes des prothèses MeAvanti devraient se faire d'ici à la fin de l'année 2017. Mais d'ici là, NewTeam doit encore obtenir le marquage CE (conformité européenne) pour garantir que son produit respecte les normes en vigueur. Étant un dispositif médical de classe 1, les prothèses sont soumises à une réglementation souple. De plus, pour être remboursables par la sécurité sociale, elles doivent impérativement être inscrites dans les LPP (Listes des produits et prestations).

"Nous pensons que MeAvanti aura un impact positif sur les dépenses de la sécurité sociale puisque les femmes porteuses de nos prothèses auront moins mal au dos et, de fait, auront des frais de santé moins importants que des personnes atteintes de troubles dorsaux", ajoute Leonarda Sanchez-Comte

Un site internet ainsi que des points de vente comme des pharmacies ou encore des centres orthopédiques permettront à celles qui le souhaitent de commander les prothèses MeAvanti. Il faudra compter une dizaine de jours entre les mesures et la réception. Leur prix devrait être d'environ 240 euros TTC, pour s'aligner sur les offres standards. En comparaison, certaines prothèses mammaires sur mesure commercialisées dans des pays comme l'Angleterre, par exemple, peuvent atteindre 2 500 euros.

Un premier chiffre d'affaires prévu pour 2018

Originaire du Nicaragua, Leonarda Sanchez-Comte a toujours eu un attrait particulier pour l'international. Après plusieurs années d'étude et de travail à Moscou, elle a vécu trois ans au Brésil puis s'est installée en France avec son mari. En 2011, elle apprend qu'elle souffre d'un cancer de la thyroïde et, durant la même période, plusieurs de ses amies sont atteintes d'un cancer du sein.

"Un jour, l'une d'entre elles m'a fait part de ses maux de dos. Nous nous sommes rendues compte que ce problème venait de la lourdeur de ses prothèses. J'ai voulu l'aider alors, dans ma cuisine, j'ai créé un prototype, une maquette qu'elle a fini par porter, c'était la première MeAvanti", se rappelle Leonarda Sanchez-Comte.

Récemment, la startuppeuse a été retenue par l'Incubateur Midi-Pyrénées pour faire partie de la promotion 2017. Cette sélection lui permet d'être accompagnée jusqu'à la commercialisation de son produit. Elle espère réaliser son premier chiffre d'affaires en 2018 et multiplier ce dernier par 3 en 2019.

"Je souhaite développer mon entreprise, mais toujours dans le respect de mon objectif premier qui est de proposer une solution médicale confortable à toutes les femmes, peu importe leurs revenus. Cette prothèse sera pour tout le monde ou ne sera pour personne", affirme Leonarda Sanchez-Comte

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