Spatial : EarthCube conçoit un algorithme pour mieux surveiller les pipelines

La startup toulousaine EarthCube a mis au point un algorithme qui analyse les images satellites et détecte automatiquement les anomalies sur les pipelines des plateformes pétrolières, les sites classés secret défense ou les camps de réfugiés. À terme, la jeune société aimerait créer un réseau de nanosatellites pour observer à bas coût ces zones sensibles.
Renaud Allioux est le cofondateur d'EarthCube.

Les algorithmes permettront-ils un jour de mieux détecter des problèmes sur les sites sensibles ? C'est le pari de la startup toulousaine EarthCube. Fondée début 2016 par un ancien ingénieur d'Airbus Defence and Space et un ancien manager chez Areva, la jeune société veut utiliser algorithmes, capteurs infrarouges et nanosatellites pour mieux exploiter les données spatiales.

"Aujourd'hui, l'observation de la Terre fonctionne très bien pour des missions ponctuelles et quand on sait ce que l'on veut regarder : repérer la maison de Ben Laden pour faire un raid, observer un chantier nucléaire, récupérer l'image qui précède un crash d'avion... Par contre, on arrive très mal à gérer la surveillance en continu de zones sensibles", explique Renaud Allioux, cofondateur d'EarthCube.

L'entrepreneur rappelle qu'il existe trois millions de kilomètres de pipelines dans le monde pour faire transiter le pétrole : difficile pour les entreprises d'assurer une surveillance permanente de zones aussi étendues : "En Belgique, Total dépêche des hélicos pour survoler quotidiennement les abords de la plateforme de raffinage d'Anvers. En cas d'anomalie, un salarié est chargé de prendre une photo et de signaler le problème. En Argentine, des drones sont utilisés et en Papouasie ce sont des satellites radars. Mais si vous utilisez un drone pour survoler 300 km de pipelines, il faut ensuite quelqu'un pour regarder ces images. Ces méthodes manuelles demandent un temps d'analyse important avec le risque de passer à côté d'anomalies. Dans le domaine de la défense, on rate déjà des événements à cause de cette problématique". De leur côté, les compagnies pétrolières chiffrent à plusieurs milliards d'euros chaque année le coût engendré par la non-détection de fuites dans les pipelines.

Évaluer les fuites de carburant

La startup EarthCube a donc planché sur un algorithme capable de détecter automatiquement des anomalies sur un réseau à partir d'images fournies aussi bien par les satellites, les drones ou les hélicoptères. "À partir de clichés de référence, le logiciel est capable de détecter une anomalie", décrit Renaud Allioux. De premiers tests sont menés par la société avec Total. En plus de l'usage de l'algorithme, des caméras thermiques (enregistrant les différents rayonnements infrarouges) sont installées sur leurs hélicoptères : "Cela permet de mieux repérer les points chauds au sens large : fuites d'hydrocarbures, changements de terrain, activité humaines...".

Ce mode de surveillance pourrait se décliner sur d'autres zones sensibles comme les sites classés secret défense ou les camps de réfugiés. "Certains acteurs du secteur de la défense aimeraient repérer les dégazages illégaux de pétroliers en mer ou les personnes qui passent une frontière. La Banque mondiale aimerait pouvoir détecter d'importants déplacements de population pour se préparer, par exemple quand 10 000 réfugiés affluent en une journée dans un camp", ajoute-t-il.

Selon lui, les images des satellites pourraient également être utilisées "pour mesurer des indicateurs économiques à l'échelle d'un pays":

"Le groupe Bloomberg, spécialisé dans l'information financière, établit à partir de données administratives comme les permis de construire, un indicateur de la construction immobilière en Chine. Mais à partir d'images satellites, d'avions ou de drones, on serait capable de dire "tel jour tant de maisons ont été construites en Chine" et de fournir des services de détection et d'analyse à partir du terrain", imagine Renaud Allioux.

À terme, EarthCube aimerait créer un réseau de nanosatellites équipés de caméras thermiques pour observer la Terre à moindre coût et de manière plus réactive. "Aujourd'hui, il faut 3 à 15 jours pour recevoir une image satellite. Les délais seraient beaucoup plus courts avec un nanosatellite. De plus, les nanosatellites permettent une observation de la Terre à bas coût en réduisant par 10, voire par 100, le coût d'acquisition des images. Le nanosatellites en lui même vaut 120 000 fois moins cher qu'un satellite standard", commente-t-il.

Une levée de fonds en 2017

La startup a déjà commencé à vendre son logiciel algorithmique à des acteurs du secteur de la défense (ministères de la défense, sociétés privées d'analyse stratégique). Elle propose également un service de surveillance à des compagnies d'énergie (pétrole, eau, gaz), des assurances et des structures environnementales. La jeune société dispose par ailleurs d'un contrat avec le Cnes pour développer la technologie.

EarthCube a intégré l'an dernier l'Esa Bic, l'incubateur de l'agence spatiale européenne, et est désormais hébergée au sein de l'Incubateur Midi-Pyrénées. Elle a également reçu un million d'euros d'avances remboursables via BPIFrance et escompte réaliser une levée de fonds dans le courant de l'année 2017.

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