Kyanos veut créer une usine de microalgues en Occitanie

La startup toulousaine Kyanos a mis au point une technique pour cultiver une microalgue bleue, riche en protéines, qui peut servir à la fabrication de compléments alimentaires et équilibrer un régime vegan. La jeune pousse espère implanter d'ici à 2018 une usine sur un terrain de 10 hectares pour en produire 200 tonnes par an et mise sur l'alimentation du futur.
Vinh Ly, PDG de la startup Kyanos

Toulouse est-elle en passe de devenir une ville pionnière dans la culture de microalgues ? Après Alg&You, inventeur de la phytotière, qui permet de cultiver chez soir de la spiruline, la startup toulousaine Kyanos se lance à son tour sur ce marché. Cette dernière a été officiellement créée début 2016 avec l'objectif de produire à grande échelle la microalgue bleue Klamath (ou Afa sous son nom scientifique). "La particularité de cette algue est qu'elle n'est récoltée que dans un seul lac, le lac Klamath, situé en Oregon aux États-Unis. Le problème est que la récole ne s'effectue qu'une fois par an sur une période de 3 mois, et les conditions météo peuvent influer sur la récolte. Nous avons mis au point une technologie (en cours de brevetage) qui permet de créer des cultures de cette microalgue en Occitanie", explique Vinh Ly, porteur du projet.

L'algue convoitée pour ses protéines végétales

Cet entrepreneur toulousain, qui a passé 9 années à vendre des jets privés pour Airbus, s'est ensuite tourné vers la vente de compléments alimentaires. C'est par ce biais qu'il a fait la découverte des propriétés nutritionnelles de la microalgue bleue.

"Elle contient de la vitamine B12 que l'on ne retrouve que dans la viande et qui peut manquer dans un régime vegan. Mais aussi des vitamines C, des protéines, de la PEA (phényléthylamine, NDLR) appelée également la molécule de l'amour, réputée pour être un antidépresseur naturel. On la sécrète quand on est amoureux et certains l'utilisent pour faciliter leur concentration", détaille Vinh Ly.

L'algue Afa contient aussi de la phycocyanine, au pouvoir antioxydant, et qui est surtout un colorant bleu naturel. "Il y a plus de phycocyanine dans l'Afa que dans la spiruline, qui est déjà utilisée dans les bonbons bleus de Haribo, par exemple. Le fait qu'elle soit plus concentrée dans l'algue Afa peut nous permettre de l'extraire à moindre coût et de la vendre aux industriels de l'agroalimentaire", commente l'entrepreneur.

Un terrain de 10 hectares pour une usine de microalgues

Kyanos cible en priorité les fabricants de compléments alimentaires qui pourront transformer la microalgues en poudre ou en gélules. La startup se positionne donc sur un modèle économique différent des fermes artisanales de microalgues en train d'émerger en France (et notamment d'Alg&You, qui s'adresse plutôt aux particuliers).

Kyanos veut plutôt s'inspirer des usines de microalgues qui existent déjà aux États-Unis, à Hawaï ou en Chine. L'une d'elle produit déjà 500 tonnes de spiruline par an. Après des études de faisabilité concluantes réalisées auprès du laboratoire toulousain Critt Bio Industrie, la jeune biotech a commencé à cultiver quelques kilos de microalgues dans un conteneur isotherme et stérilisé installé dans le hangar d'Artilect Fablab à Toulouse. "Cela nous a permis de montrer des prototypes et de convaincre déjà quelques partenaires dans l'agroalimentaire", poursuit Vinh Ly. Kyanos, Critt Bio Industrie ainsi que la société Ederna se sont réunis pour former le consortium Afactory qui a remporté un appel à projet Easynov lancé par la Région. Courant février, la startup doit déménager à la pépinière de l'Oncopole pour se positionner davantage comme une biotech.

Mais l'objectif du projet est avant tout de trouver un terrain de dix hectares dans la région Occitanie pour y implanter son usine de microalgues. "Nous visons à terme la production de 200 tonnes de microalgues par an et 10 à 20 millions de chiffre d'affaires annuel", estime le porteur de projet. Pour y parvenir, la startup veut lever 3 millions d'euros. Pour l'instant composée des trois fondateurs, l'entreprise veut lancer une phase de recrutement de quelques ingénieurs courant 2017 puis des techniciens comme opérateurs de la future usine.

Nourrir la planète et ravitailler Mars ?

La startup compte s'appuyer sur un marché de la protéine végétale en plein essor avec des consommateurs de plus en plus préoccupés par leur empreinte environnementale.

"Une tonne d'algues cultivée permet d'absorber 2 à 3 tonnes de CO2. Cela contribue au ralentissement du réchauffement climatique et permet de s'inscrire dans l'alimentation durable. En 2050, il y aura plusieurs milliards d'habitants en plus sur la Terre qu'il faudra nourrir, il faudra trouver des alternatives à la protéine animale contenue dans la viande. La protéine végétale est une solution envisagée", analyse Vinh Ly.

L'entrepreneur imagine de développer à terme des conteneurs où il serait possible de cultiver les microalgues et qui pourraient être disposés à proximité des zones urbaines, près des consommateurs, en limitant l'empreinte carbone nécessaire pour transporter les aliments. Une version low-tech pourrait également être disponible pour les pays en voie de développement. La jeune pousse rêve enfin d'envoyer ses conteneurs sur Mars pour ravitailler plus facilement les colonies humaines plutôt que d'envoyer des sondes depuis la Terre remplies de nourriture.

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