Startups : qui a levé le plus de fonds en 2016 à Toulouse ?

En 2016 plusieurs startups toulousaines ont effectué des levées de fonds, au premier rang desquelles Sigfox, hors catégorie avec son tour de table de 150 millions d'euros. 11 startups ont levé au moins un million d'euros, Delair-Tech et Brico Privé signant les plus gros montants. Au total, 185 250 000 euros ont été levés sur l'année.
(Crédits : CC0 Public Domain)

Sigfox, la levée de fonds record

  • La veille de la visite de François Hollande dans son entreprise, Ludovic Le Moan, CEO de Sigfox, a annoncé le 18 novembre 2016 la clôture d'un nouveau tour de table financier record de 150 millions d'euros afin d'accélérer l'expansion de son réseau international et atteindre une couverture mondiale. Parmi les nouveaux actionnaires, les industriels Total et Salesforce. "Nous devrions être bénéficiaires en 2018. En 2014, le chiffre d'affaires était de 3,5 millions d'euros. Il devrait être multiplié par 10 d'ici la fin de l'année 2016 et nous visons plusieurs dizaines de millions d'euros en 2017", confiait alors Ludovic Le Moan à La Tribune, confirmant une entrée au Nasdaq pour 2018.

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  • Toujours dans le secteur des objets connectés, Connit a réalisé une levée de fonds importante de 3,1 millions d'euros. Née en 2012 sous l'œil bienveillant de Sigfox, la startup, qui prospère dans ses locaux de l'IoT Valley à Labège, propose aux entreprises et aux collectivités d'augmenter leur productivité et leur efficacité grâce à l'IoT.

"Nous transformons une donnée physique mesurable (température, taux d'humidité, consommation d'électricité) en une information numérique (une data) qui devient alors un outil d'aide à la décision. L'objectif est de rendre nos clients plus écologiques et plus efficaces", a expliqué l'un des quatre cofondateurs, Yann Gabay, spécialiste du big data, lors de la levée de fonds en septembre dernier.

Ce tour de table, conclu au mois d'août 2016, a été réalisé auprès d'Engie (client de Connit), du Groupe Claire (réseaux d'eau) et du fonds d'amorçage Emertech.

Quatre levées de fonds dans l'aéronautique

  • Derrière Sigfox, Delair-Tech signe la 2e plus grosse levée de fonds en région avec 13 millions d'euros. Acteur important des drones professionnels, la société a en effet annoncé le 11 mars 2016 l'entrée au capital d'Andromède (famille Hériard-Dubreuil, une des plus grosses fortunes de France) qui devient l'investisseur principal. BPI France, qui accompagne Delair-Tech depuis ses débuts a également participé au tour de table. Ces fonds doivent permettre à la startup (qui a quitté Toulouse pour Labège) de poursuivre son internationalisation. Déjà présente dans une trentaine de pays, la société toulousaine veut désormais déployer son offre sur les cinq continents et se rapprocher des grands comptes à l'étranger.

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  • Très médiatisée en 2016 (elle a reçu de nombreux prix), la startup Donecle, spécialisée dans le drone d'inspection pour l'aéronautique, a levé en octobre 2016 un million d'euros auprès de Drone Invest, filiale de Delta Drone, pour doubler son effectif et recruter cinq personnes.

"Les fondateurs d'origine restent majoritaires, certifie le cofondateur de la société Matthieu Claybrough. Notre souhait n'est pas de vendre notre société à un groupe aéronautique. Nous voulons attaquer des marchés pour pouvoir financer de la R&D et développer des capteurs plus puissants capables de détecter les enfoncements sur les carlingues."

L'entrée de Delta Drone Invest au capital pourrait préfigurer l'avenir de Donecle. "Notre spécialité est le logiciel. Nous resterons maître là-dessus, mais si nous devons produire des volumes importants de drones, nous pourrons faire appel à un fabricant comme Delta Drone par exemple."

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  • Un million d'euros, c'est également le montant levé en juin dernier par la startup 3D Trust, par ailleurs récompensée lors des Trophées de l'Aéronautique 2016 dans la catégorie Numérique. La startup, intégrée au sein du Airbus Bizlab depuis septembre 2015, a fait rentrer à son capital ACE Management (société de gestion de portefeuilles spécialisée dans l'aéronautique), et Prismadd (société d'impression 3D, filiale de We Are Aerospace). Cette levée de fonds est complétée par un prêt d'amorçage de Bpifrance et permettra à 3D Trust de poursuivre le développement de son produit avec l'aide d'ingénieurs et de spécialistes, pour ensuite pouvoir le vendre aux grands industriels. Concrètement, la startup se positionne sur la digitalisation de la supply chain et propose une méthode innovante pour sécuriser les données envoyées dans le cadre d'une impression 3D.

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  • Également hébergée au sein du Airbus Bizlab, Uwinloc a levé 1,5 million d'euros auprès d'investisseurs privés en 2016. La startup propose une nouvelle solution de localisation et d'identification à base d'étiquettes connectées, particulièrement adaptée au tracking de gros volumes de flux logistiques indoor. Une solution déjà testée par Airbus. Une levée de fonds institutionnelle de 3 millions d'euros devrait être conclue au 1er semestre 2017.
  • Enfin, Syntony, société sélectionnée lors des Trophées de l'Aéronautique 2016 dans la catégorie Numérique, a levé un million d'euros auprès de l'Irdi en juin 2016. La société de Colomiers, spécialisée dans la radionavigation par satellite, espère ainsi favoriser son développement et financer de nouveaux projets.

Panneaux solaires, cours en ligne, cybersécurité, bricolage...

Cinq autres sociétés toulousaines ont levé plus d'un million d'euros cette année, dans des secteurs différents.

  • Sunibrain, entreprise spécialisée dans l'amélioration du rendement des panneaux photovoltaïques, a levé 1,3 million d'euros en avril pour permettre à la société d'accélérer son programme de R&D. Ce tour de table voit entrer au capital de nouveaux investisseurs privés tels que Galia Gestion ou Wiseed, et ce malgré une filière photovoltaïque en perte de vitesse depuis 2010 (moratoire sur le photovoltaïque) provoquant la fermeture de nombreuses entreprises.

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  • Dans un secteur complètement différent, à 22 ans, le Toulousain Shannon Picardo a levé 1 million d'euros en juin, auprès notamment de Xavier Niel et du fondateur de Blablacar Frédéric Mazella. Sa startup Schoolmouv a réussi à s'imposer sur le marché du soutien scolaire avec des vidéos écrites par des profs de lycée et jouées par des comédiens. Hébergée chez At Home, une colocation de startups dans l'hypercentre de Toulouse, la startup est un peu à l'étroit. "Nous sommes passés en trois mois de 6 à 22 personnes !", lance Shannon. Aujourd'hui, Schoolmouv a produit près de 200 vidéos qui couvrent l'ensemble des matières au programme de la 3e à la terminale (L, ES, S, STMG). Plus de 80 profs travaillent pour la plateforme. Prochain objectif de la startup : couvrir l'ensemble des matières scolaires du primaire au bac.
  • Le fonds d'investissement Ardian et BpiFrance ont investi en juin dernier 7 millions d'euros dans Brico Privé. Avec 33 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2015, et 55 millions d'euros cette année, rien ne semble arrêter la plateforme de vente privée de bricolage basée à Toulouse. Avec 3 millions de membres et une filiale en Espagne, la société a l'ambition de doubler son réseau de membres et son chiffre d'affaires d'ici à 2018.

  • La société toulousaine de sécurité informatique ITrust a finalisé le 2 juin une levée de 2 millions d'euros auprès du fonds fintech de Newalpha. Cela va lui permettre de développer la commercialisation de son programme de détection de virus aux signaux faibles. La startup s'implante aux États-Unis et vise une introduction en bourse d'ici à 5 ans.

    Lire aussi : Cybersécurité : ITrust lève 2 millions d'euros pour s'implanter aux États-Unis
  • Enfin, Enobraq, une entreprise de biotechnologies développant des procédés de fermentations industrielles à partir de CO2, a finalisé un premier tour de financement de 2,9 millions d'euros mené par Auriga Partners et Sofinnova Partners. IRDInov et CEA investissement ont aussi participé à ce tour d'amorçage. Les fonds levés permettront à la société toulousaine de développer son programme de recherche visant à obtenir une preuve de concept avancée d'ici à fin 2017.

Moins d'un million d'euros

En 2016, trois startups locales ont levé moins d'un million d'euros : il s'agit de Yestudent (plateforme entre le couchsurfing et Airbnb, qui permet aux étudiants de se loger à prix modique sur le canapé d'un autre étudiant) qui a levé 450 000 euros. TableOnLine, site de réservation en ligne de tables de restaurants, a levé 700 000 euros. Enfin,  Innov'ATM, qui développe un logiciel capable de mieux anticiper les arrivées et les départs des avions sur les tarmacs d'aéroports, a levé 500 000 euros.

Les levées de fonds ratées

Malheureusement, 2016 a vu aussi quelques levées de fonds ratées qui ont précipité la fermeture de certaines startups. C'est le cas des Ateliers Tersi, Fourchette et Bicyclette, et Meet My Designer. Un temps en danger, Moi Chef a finalement redressé la barre et poursuivi son activité.

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