Schoolmouv : Shannon Picardo lève 1 million d'euros, portrait d'un startupper surdoué

À 22 ans, le Toulousain Shannon Picardo vient de lever 1 million d'euros auprès notamment de Xavier Niel et du fondateur de Blablacar Frédéric Mazella. Sa startup Schoolmouv a réussi à s'imposer sur le marché du soutien scolaire avec des vidéos écrites par des profs de lycée et jouées par des comédiens. Portrait.
Shannon Picardo, fondateur de Schoolmouv

Shannon Picardo fait partie de cette génération d'entrepreneurs très précoce. C'est à l'âge de 17 ans qu'il a l'idée de Schoolmouv. Le lycéen aveyronnais est alors en pleines révisions du bac : "Je n'avais pas les moyens de me payer des cours particuliers et j'ai cherché sur internet des vidéos pour réviser. Je me suis aperçu qu'il n'existait pas de site dédié. J'ai seulement trouvé sur Youtube quelques vidéos de profs se filmant avec leur webcam. Cela m'a beaucoup aidé : j'ai eu 16 à mon épreuve de géo", se rappelle le jeune homme.

Une fois son bac en poche, il intègre un bachelor de TBS (Toulouse Business School) et, en parallèle, l'incubateur de l'école (TBSeeds). "Des étudiants comme lui, on n'en voit pas arriver tous les quatre matins. Il était extrêmement dynamique, très mature pour son âge, avec beaucoup de charisme et une vision nette de ce qu'il voulait faire et du marché de l'éducation", témoigne Olivier Igon, directeur général de la société Menguy's, qui a été son coach à l'incubateur.

L'idée de Shannon Picardo est simple : créer une plateforme de vidéos en ligne pour permettre aux élèves de réviser toutes les matières des épreuves du brevet et du baccalauréat. Dès le début, l'étudiant s'entoure de professeurs de l'Éducation nationale qui rédigent les textes mais abandonne très vite l'idée de les faire passer devant la caméra. "Ce n'est pas leur métier, les profs sont habitués à faire cours devant une classe mais ils ne sont pas à l'aise devant un objectif", relève Shannon. Du coup, il fait appel à des comédiens professionnels pour jouer les fiches de cours (un par matière enseignée) et recrute un ancien de Canal+ pour la réalisation. La première vidéo est mise en ligne à la rentrée 2013 et connaît un succès prometteur : plus de 30 000 visites en quelques mois et des dizaines de commentaires de lycéens enthousiastes qui réclament de nouvelles vidéos. Tous les codes de Youtube sont repris : les vidéos sont courtes (une dizaine de minutes en moyenne), l'acteur parle face caméra pendant que s'affiche sur l'écran le plan du cours et des infographies dynamiques.

Aujourd'hui, Schoolmouv a produit près de 200 vidéos qui couvrent l'ensemble des matières au programme de la 3e à la terminale (L, ES, S, STMG). Dernier fait d'arme : après avoir levé 250 000 euros via Wiseed et BPI France, Schoolmouv vient d'annoncer une levée de fonds d'un million d'euros auprès de BPI France et de grands noms du web : Xavier Niel, le fondateur de Free via le fonds Kima, Frédéric Mazzella le président de Blablacar, le Studio ou encore Capitol Angels. Hébergée chez At Home, une colocation de startups dans l'hypercentre de Toulouse, la startup est un peu à l'étroit. "Nous sommes passés en trois mois de 6 à 22 personnes !", lance Shannon. À 22 ans, il fait partie de cette génération de startuppers en plein essor dans la Silicon Valley qui créent leur boîte avant même d'obtenir leur diplôme du supérieur.

"Je pense que mon père m'a transmis la fibre entrepreneuriale. Au Portugal, où il est coiffeur, il a monté l'une des plus importantes chaînes de salons de coiffure du pays. Ma mère est de son côté professeure d'anglais et d'arts plastiques, elle m'a donné cet intérêt pour l'éducation."

Mais, au-delà de l'inspiration familiale, Shannon Picardo dit avoir été très influencé par le film The Social Network qui retrace le parcours de l'inventeur de Facebook Mark Zuckerberg :

"C'est un peu cliché mais je pense que ça a participé à la démocratisation de l'entrepreneuriat. Pour toute une génération de startuppers, savoir qu'il a pu créer son site alors qu'il était encore étudiant à l'université a été un moteur. Il y a cette démocratisation culturelle et puis des outils techniques qui permettent de créer sa boîte en 10 clics. Sans Youtube, je n'aurai jamais pu lancer Schoolmouv."

Désormais, plus de 80 profs travaillent pour la plateforme. Ils sont recrutés par Damien Jolibert, prof d'anglais dans le secondaire qui s'est mis en disponibilité pour se consacrer au projet : "Au début, j'ai fait appel à mon réseau pour contacter des enseignants intéressés par cette pédagogie de la classe inversée. Maintenant, on leur fait passer un test avant de les recruter, explique-t-il. Ça n'a pas vocation à nous remplacer, il s'agit d'un outil complémentaire pour la révision. Les professeurs peuvent aussi donner en devoir le visionnage d'une vidéo avant le cours et cela leur permet de se concentrer sur l'individualisation de l'enseignement."

schoolmouv


L'équipe de Schoolmouv compte désormais 22 personnes (Crédit : Rémi Benoit).

Depuis la rentrée, une centaine d'élèves du lycée hors contrat Le Cours Rousseau Voltaire à Toulouse disposent d'un abonnement à la plateforme. Le modèle économique du site repose sur l'abonnement : les cinq premières vidéos sont gratuites puis une formule à 30 euros par mois est proposée. Le fondateur de Schoolmouv ne souhaite pas divulguer le nombre d'inscrits à la plateforme mais annonce 1 000 nouvelles inscriptions par jour sur le site.

"Le principal défi sera de convaincre les parents de payer pour un service que les enfants ont adopté. C'est un renversement inédit sur le marché de l'éducation. Habituellement, chez Acadomia par exemple, ce sont les parents qui imposent les cours particuliers à leurs enfants. Là, les élèves se sont appropriés l'outil, remarque Côme Courteault, chargé du développement des startups au sein de TheFamily, société d'investissement parisienne qui suit de près le parcours de la jeune société toulousaine. Ce succès s'explique en partie car Shannon Picardo a crée Schoolmouv alors qu'il était encore au lycée. Il garde encore aujourd'hui une très grande proximité avec les élèves qui utilisent le site."

Shannon scande fièrement : "Certains lycéens nous ont même envoyé des scans de leurs bulletins de note pour nous remercier."

Prochain objectif de la startup : couvrir l'ensemble des matières scolaires du primaire au bac.

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