GeekJunior.fr : le premier média high-tech pour ados est toulousain

Fondé par l'entrepreneur gaillacois Christophe Coquis, GeekJunior.fr est un site d'information high tech (jeux vidéo, téléphonie, etc.) qui revendique 150 000 visiteurs uniques en un an. Sa particularité ? Il s'adresse aux adolescents, les "grands oubliés" de la presse en ligne. Accompagné par Ekito, le média est en passe de devenir une "startup de presse", et peaufine son modèle économique.
Christophe Coquis, entrepreneur touche-à-tout, à fondé GeekJunior en 2014

C'est l'histoire d'un père de famille de Gaillac (Tarn) qui est passé par tous les métiers de la presse : de directeur de la publication à rédacteur en chef en passant par le commercial, le marketing et l'édition. Il y a un an, cet autodidacte a décidé de monter son propre média en ligne. Un défi. Difficulté supplémentaire : il s'adresse à une cible "de niche", et le tout dans un contexte difficile pour le secteur. Sinon, ce ne serait pas drôle. Car cet homme-là aime les défis.

La génèse de GeekJunior.fr

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 Christophe Coquis, fondateur de GeekJunior © photo GeekJunior

Et cet homme-là s'appelle Christophe Coquis. Ne pas se fier à sa discrétion ni à sa timidité apparente : c'est un entrepreneur dans l'âme, diplômé d'HEC, qui a passé près de 20 ans dans la presse et l'édition (Gazette du Midi, Castor et Pollux Éditions, entre autres).

"J'ai notamment fondé le site d'info locale Gaillac Info en 2008, auquel était associé un magazine print. Nous étions un des premiers 'bi-média'. Cela a bien fonctionné pendant trois ans, et permis la naissance d'Albi Info. Je faisais tout, notamment la rédaction d'articles, et ma femme s'occupait de la mise en page !"

Au bout de trois ans pourtant, le couple se lance dans une nouvelle aventure et part s'installer à Barcelone : Christophe Coquis y a été nommé rédacteur en chef de Softonic, un site d'information high tech, où il dirige une équipe de 6 journalistes et gère la version française. "Ce qui est drôle, c'est que je n'ai pas du tout une formation de journaliste", commente-il dans un sourire.

Jamais en manque d'idées, il propose alors à ses patrons de développer Softonic Junior : un site high tech pour les ados. En vain. L'idée ne séduit pas et un plan social, en 2014, contraint le couple et ses deux enfants à revenir en France. Le retour à Gaillac marque le début de GeekJunior.fr.

Les ados, "grands oubliés de la presse en ligne"

"J'ai monté le site internet et publié les premiers articles pour voir ce que ça allait donner. Pour créer un média en ligne, le plus simple est encore de tester l'idée. Au bout de six mois, il y avait 30 000 visiteurs uniques, ce qui était modeste mais encourageant pour un média de niche."

La cible ? Les ados entre 10 et 16 ans, "les grands oubliés de la presse en ligne", selon Christophe Coquis (lui-même père de deux adolescents). Le ton employé sur GeekJunior est direct (usage du tutoiement), et les articles courts. Par exemple, l'article "Journées mondiales sans téléphone portable : pourras-tu y arriver ?" compte 1 300 signes (espaces compris). À titre de comparaison, l'article que vous êtes en train de lire en compte 6 100.

En bas des articles, un encadré "About Christophe Coquis" décrit ainsi l'entrepreneur auprès de ses jeunes lecteurs : "Journaliste web et père de deux ados, j'aime tester de nouvelles applications, regarder des séries télé tard le soir et, un jour, je gagnerai un match sur FIFA 15 contre mon fils." L'écriture est décontractée.

"Il existe des médias pour les enfants, pour les adultes, mais pas pour les ados. GeekJunior.fr a pour ambition de divertir autant que de faire de la pédagogie. Le site mêle des articles sur les dernières applis, sur des vidéos et sur des jeux, autant que sur les précautions à prendre sur les réseaux sociaux, par exemple", explique-t-il.

Trouver un modèle économique

La formule marche. GeekJunior.fr revendique 150 000 visiteurs uniques par an et en espère un million d'ici à la fin de l'année. Une application smartphone vient d'être lancée. L'heure est venue de réfléchir à la "monétisation des contenus", autrement dit, à la question de la rentabilité. Pour engranger des revenus grâce à la presse en ligne, il existe pour l'instant deux solutions, souvent utilisées ensemble : la première est de faire payer les articles aux lecteurs, la deuxième est de proposer aux annonceurs de publier leur publicité sur le site.

 "Je ne peux pas faire payer les articles à des ados, assure l'entrepreneur. Et faire payer leurs parents reviendrait à rendre le site accessible uniquement aux familles qui en ont les moyens, et je ne le souhaite pas."

Exit donc la première option. Le modèle économique de GeekJunior.fr sera donc basé sur la publicité. Mais pas n'importe comment.

"Je pense que le modèle actuel de bannières pub sur les sites internet est en train de décliner. Tout d'abord parce que les gens installent de plus en plus d''ad block', ensuite parce que c'est pénible : les gens en ont assez de ces publicités que l'on n'arrive pas à enlever et cela est contre-productif. Enfin, ces bannières se vendent de moins en moins bien."

La solution pour laquelle s'est décidée Christophe Coquis réside dans les articles "partenaires", dit "sponsorisés". C'est-à-dire des articles qui font la promotion de l'entreprise qui les a achetés, mais qui contiennent un réel contenu journalistique.

"Avec l'offre que je suis en train de finaliser, je veux adresser les fabricants de matériel, éditeurs de jeux vidéo ou de solutions numériques. Microsoft, par exemple, pourrait être intéressé."

geekjunior

GeekJunior vient de lancer son appli Android

Devenir une startup de presse

L'objectif est de pouvoir transformer GeekJunior en entreprise, plus précisément "en startup de presse". Christophe Coquis aimerait pouvoir se dégager un salaire, embaucher des freeelance et améliorer le site. Enfin, pourquoi pas, développer GeekJunior en plusieurs langues. Dans ce projet, la future startup est accompagnée par l'accélérateur privé Ekito à Toulouse. Elle envisage même une levée de fonds d'ici à la fin de l'année.

L'exemple "quasi-réussi" du site d'info Melty motive Christophe Coquis, qui imagine un partenariat avec le site "news, tendance et youth culture" fondé par Alexandre Malsch.

 "Nous sommes le Melty des plus jeunes, celui qui arrive juste avant."

En attendant, le gaillacois n'hésite pas à viser les "gros poissons" de l'industrie de la presse. Sur Twitter, Christophe Coquis lance un appel à Xavier Niel et Mathieu Pigasse (co-actionnaires du groupe Le Monde). Et pourquoi pas ?

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