Startup : à Toulouse, Drivoo propose la livraison entre voisins

Drivoo a développé avec succès la livraison collaborative à Toulouse. La ville sert de laboratoire et de tremplin pour s'installer à Paris et faire connaître cette solution innovante de livraison entre voisins pour des petites courses. La startup s'inscrit dans la mouvance de l'économie collaborative.
Livraison d'un colis par un "driver" dans les rues de Toulouse

Lorsqu'ils passent une commande sur le site web de Carrefour du centre commercial Labège 2, les Toulousains ont désormais la possibilité de se faire livrer leurs courses par leurs propres voisins pour 9,90 euros. Derrière ce nouveau service, une startup locale : Drivoo.

Comme d'autres entreprises venant "ubériser"' l'économie, Drivoo profite des nouvelles technologies et applications mobiles pour réinventer le service de livraison. Elle a d'ailleurs été élue meilleure startup de e-commerce 2015 lors du challenge de la Fevad, la fédération du e-commerce. Ce concept commence à s'installer en France, dans quelques villes. Il propose un service de livraison urbaine effectuée par des livreurs amateurs qui profitent de leurs déplacements quotidiens habituels domicile-travail ou de leurs trajets pour les courses pour livrer aux voisins des petits colis (max 30 kilos), le jour même, pour un tarif fixé par l'enseigne. Pour Drivoo, la livraison collaborative se veut un système complémentaire des transporteurs "du dernier kilomètre" mais en tirant parti des transports en commun ou de transports doux (vélo, roller, marche...).

Objectif : Paris

Depuis sa création en 2014, Drivoo, fondé par Mohamed Mebarek, a pris ses marques à Toulouse. L'entreprise a conclu des partenariats  dans la ville avec Carrefour Labège 2, Biocoop, Carmila, Biocoop, MinutePapillotte, efoodstudent, toulouseadomicile et une soixantaine de fleuristes.

Le fondateur de la startup espère passer à la vitesse supérieure en desservant la capitale, ce qu'il a commencé à faire depuis novembre 2015. Il travaille déjà avec des magasins Franprix  Carrefour, des fleuristes et des applications de livraison de nourriture. Drivoo mise sur la signature de nouveaux contrats avec des enseignes (DailyMonop) et d'autres indépendants à Paris. Mohamed Mebarek, qui a travaillé dans une société de transports, et ses 6 autres associés sont donc en train de réaliser une levée de fonds auprès de sociétés de capital-risque et d'industriels de la distribution, qu'ils espèrent boucler avant l'été 2016.

Toulouse comme tremplin

Mais il n'est pas seul : d'autres startups comme Stuart espèrent aussi rafler la mise. Cependant, la startup Drivoo a un avantage compétitif : le nombre de ses livreurs, 5 000 personnes (drivers) inscrites au niveau national, annonce-t-elle, sans pouvoir préciser toutefois le nombre de personnes réellement actives. Elle doit en grande partie ce nombre important de livreurs au succès toulousain. La ville a servi de laboratoire et de tremplin.

"Nous avons choisi d'y lancer l'application en raison de la configuration de la ville, avec un petit centre-ville et des rues piétonnes qui favorisent une livraison rapide, à vélo ou à pied", explique le fondateur de la startup.

Les trois-quarts du chiffre d'affaires sont encore réalisés à Toulouse. Le succès a été rapide et a même dépassé les attentes de la startup. Le nombre de livreurs inscrits sur le site a vite grimpé, pour atteindre 3 000 personnes.

Mais si la startup a rapidement pu atteindre la masse critique de livreurs, le nombre de commandes de clients peut paraître relativement faible. "Notre souci aujourd'hui est d'éviter le côté décevant de l'application pour les drivers qui ne trouveraient pas de courses", admet Mohamed Mebarek. Drivoo ne communique pas le nombre de courses réalisées par ses livreurs.

Cependant, grâce à tous ses livreurs, "90 % des commandes dans les zones de livraison éligibles sont acceptées par les drivers en moins d'une minute et 100 % en moins de 5 minutes", affirme le fondateur de la startup. Et le rythme d'inscription reste toujours élevé avec environ 30 nouveaux drivers par jour.

Business modèle

Des inscriptions aisées car les drivers n'ont pas besoin d'être auto-entrepreneurs. Deux-tiers d'entre-eux sont d'ailleurs des étudiants. Ils sont rémunérés "en nature" grâce à un système de points cumulés sur un compte leur permettant d'accéder à des chèques cadeaux sur wedoogift, avec un plafond de 450 euros par mois. "Nous sommes très attentifs au profil des drivers pour que leur activité leur offre seulement un revenu complémentaire et pour préserver un esprit citoyen de la plateforme", explique Mohamed Mebarek.

"Les drivers ont adhéré au principe de chèques cadeaux. Nous leur reversons 70 à 90 % du tarif de la course facturée à l'enseigne partenaire. Ils ne sont pas mal rémunérés. Nous ne voulons pas de low cost. Cela correspond souvent à un tarif supérieur à celui pratiqué par les transporteurs", ajoute-t-il.

Ce système de points cadeaux apparaissait nécessaire pour Drivoo, compte tenu de l'absence de texte de loi sur l'économie collaborative et le risque d'un travail dissimulé.

Lors de sa création, un des points clés de l'entreprise était justement la sécurisation de son activité en termes juridiques. Pour cela, elle a notamment profité des ressources de l'Incubateur Midi-Pyrénées (Mipy) qui lui a permis de "construire un modèle économique et surtout juridique qui tienne la route", souligne Mohamed Mebarek.

"Face au vide juridique criant sur ces questions, nous avons travaillé et dépensé beaucoup en frais d'avocats pour avoir un modèle clair : il n'existe pas de liens de subordination entre nous et les drivers (ces derniers ne sont pas sanctionnés s'ils ne prennent pas la course), il n'y a pas de rémunération directe, et nos activités sont couvertes par un assureur (Mapfre, NDLR) en responsabilité civile", affirme l'entrepreneur.

Comme de nombreuses entreprises de l'économie collaborative, Drivoo attend une mise au point sur la réglementation pour que la guerre entre les taxis et les VTC ne deviennent pas un jour celle des transporteurs et des "drivers".

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