Startup : un serious game pour la préservation des zones humides

Fondée en 2010 par un chercheur du CNRS, la startup toulousaine Acceptables avenirs a mis au point des outils pour mesurer l'impact économique, sociétal et écologique d'un projet sur la population. Elle a notamment développé l'an dernier un serious game sur la gestion des zones humides. Désormais, la société cherche aussi à appliquer ces outils de concertation aux domaines de l'aéronautique et de la e-santé.
Capture d'écran du serious game "Zones humides protect"

Comment arriver à concilier l'avis des agriculteurs, des habitants et des défenseurs de l'environnement sur un projet territorial ? La mission paraît impossible, en témoigne le climat de tension extrême qui entoure les débats autour du barrage de Sivens, dans le Tarn. Et pourtant, dans le Gers, un outil inventé par un ancien chercheur du CNRS a réussi à faire collaborer toutes les parties. Après 20 ans de recherches sur la gestion de l'eau, Philippe Vervier s'est lancé en 2006 dans le projet européen Concert'eau. L'objectif était de trouver des solutions innovantes à destination des agriculteurs du département pour diminuer les concentrations d'azote et améliorer la qualité de l'eau potable. Éleveurs, associations écologistes et riverains ont été invités à soumettre leurs propositions. La plateforme collaborative développée par Philippe Vervier a ensuite permis d'évaluer les effets des différentes propositions :

"Un triangle permet de visualiser à la fois l'impact économique (sur le revenu des agriculteurs), l'impact sociétal (la perception des habitants) et l'impact écologique (la qualité de l'eau). Si une solution est très positive pour l'économie mais que son impact environnemental est très mauvais, le triangle est déséquilibré et donc la proposition ne peut pas tenir la route", détaille le chercheur.

L'outil a permis de faire changer les habitudes : "Au début, les agriculteurs disaient qu'ils se ne sentaient pas responsables, ils clamaient qu'ils n'étaient pas les seuls à polluer l'eau puisqu'on y trouvait aussi des herbicides. Lors des dernières réunions du projet, une centaine d'agriculteurs étaient présents et ils sont arrivés avec 36 propositions."

Enquêtes publiques et serious games

Ce succès a amené Philippe Vervier à créer la startup Acceptables avenirs pour appliquer ces outils de concertation à d'autres projets et d'autres secteurs. La startup a été sollicitée par exemple par Veolia, qui cherchait à comprendre pourquoi son nouveau système d'assainissement suscitait le mécontentement de ses clients. Autre exemple, un institut australien lui a demandé une simulation de l'impact sociétal d'un système de stockage du carbone sur les hauts fourneaux d'Arcelor-Mittal à Florange. La société développe toute une série d'outils à destination des entreprises : enquêtes participatives, logiciel de simulation et cartes interactives.

En mai 2014, Acceptables avenirs a même développé, en partenariat avec la société toulousaine Tataragne, un serious game sur la gestion des zones humides. Dans ce jeu en ligne baptisé Zones humides protect, l'utilisateur est invité à construire et développer une ville tout en maîtrisant la qualité de l'eau et la préservation des zones humides. Le jeu est utilisé par les élèves en master écologie au sein de l'université Paul-Sabatier et dans un lycée agricole.

La société a également été contactée par la préfecture du Tarn alors que le projet de barrage de Sivens attisait les tensions entre agriculteurs et écologistes. Mais la mise en œuvre de tels outils était difficile dans un tel contexte. En effet, dans le dossier Sivens, des instances représentatives existaient déjà, très structurées et légitimes, pour faire valoir les points de vue des agriculteurs, des élus locaux et des représentants d'associations écologistes.

"Nous avions aussi été contactés par la Région Poitou-Charentes mais, de la même manière, notre dispositif ne s'adaptait pas à la situation."

L'aéronautique et la e-santé en ligne de mire

Désormais, la société cherche à déployer ses outils de concertation dans le domaine de l'aéronautique et de la e-santé. "Ils peuvent être appliqués en interne de l'entreprise dans l'aéronautique pour améliorer les relations entre ceux qui conçoivent l'avion et toute la partie production", explique Philippe Vervier. Le fondateur de la startup a aussi travaillé pour une société toulousaine dans le domaine de la silver economy, qui cherchait à savoir comment les Toulousains verraient l'arrivée de robots domestiques.

Après un passage au sein de l'Incubateur Midi-Pyrénées, Acceptables avenirs est actuellement hébergé à la pépinière Prologue du Sicoval, à Labège, et bénéficie d'un accompagnement de BPIFrance. L'entreprise de 6 salariés a réalisé un chiffre d'affaires de 464 000 euros en 2014 et prévoit une croissance de 50 % cette année. La société a déjà remporté plusieurs prix : concours national de l'innovation 2011, Eco'innov 2012 et le prix du programme de l'Agence de l'eau.

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