Startup : Yestudent rentabilise les canapés des étudiants

Le Toulousain Camille Raymond, 24 ans, est le cofondateur du site internet Yestudent. Cette plateforme, qui oscille entre le couchsurfing et Airbnb, permet aux étudiants en voyage ou en période de concours de se loger à prix modique sur le canapé d'un autre étudiant. Quelques mois après sa création, le site dispose de plus de 5 000 couchages en France et dans 25 pays.
Camille Raymond et son équipe de Yestudent dans les locaux de la place de la Bourse

Depuis deux mois, Camille Raymond passe le plus clair de son temps place de la Bourse à Toulouse. Le cofondateur de la plateforme Yestudent vient d'emménager dans un grand appartement avec quatre jeunes startups toulousaines : Citizen Farm, Meet My designer, School Mouv et les Ateliers Tersi. La moyenne d'âge avoisine les 25 ans et les jeunes pousses travaillent côte à côte dans un vaste open space baptisé Athome (À la maison). Au milieu de cette nouvelle génération de startuppers, Camille Raymond semble comme un poisson dans l'eau. Le Toulousain de 24 ans a commencé à créer ses premiers sites internet dès l'âge de 13 ans, en compagnie de Soffyan, un "pote de collège" qui deviendra son premier associé à la naissance de la plateforme Yestudent.
Ce site web lancé en juin 2014 propose aux étudiants en voyage ou en période de concours de se loger à prix modique sur le canapé d'un autre étudiant.

"L'idée m'est venue lorsque j'ai dû passer tous les concours des écoles de commerce après le bac. J'avais des épreuves dans 10 villes, de Lille à Lyon en passant par Toulouse. Un vrai tour de France. Pour l'épreuve de Toulouse Business School, j'avais trouvé une location sur Blagnac mais le concours se déroulait à l'autre bout de la ville, à Balma !"

Le projet se concrétise deux ans plus tard, quand, en deuxième année à TBS, Camille Raymond doit plancher sur une solution de web marketing. Avec deux camarades de promo, il propose alors le site internet Yestudent. Premier succès : "Les profs nous ont mis 20/20", se souvient Camille. Sur la lancée, les trois associés récoltent 4 000 euros en vidant leurs livrets d'épargne. Un professeur de TBS complète les fonds restants pour faire naître l'entreprise. En échange, les jeunes étudiants doivent réaliser pour lui deux sites internet.

À mi-chemin entre Airbnb et le couchsurfing

Réservé aux étudiants, la plateforme Yestudent dispose d'un business model à mi-chemin entre Airbnb (location d'appartements entre particuliers) et le couchsurfing (complètement gratuit) :

"Les étudiants hébergés paient entre 10 et 15 euros la nuit. À Paris, les tarifs varient entre 15 et 20 euros. L'étudiant qui les accueille peut venir les chercher à la gare ou leur donner des informations sur la ville", explique Camille Raymond.

Le site touche une commission sur la transaction. En parallèle, la startup a lancé Yestudent campus, une plateforme dédiée aux établissements universitaires. "TBS utilise notre plateforme lors de ses épreuves d'admissibilité. Pendant les concours, les étudiants peuvent plus facilement se loger", poursuit le cofondateur du site.

Testée en juin 2014 sur Toulouse, la plateforme a reçu en quelques semaines 400 demandes d'hébergement. Depuis janvier, le site internet est disponible dans toutes les principales villes étudiantes de France. De fil en aiguille, des étudiants français basés à l'étranger proposent à leur tour un canapé. Aujourd'hui, Yestudent dispose de 5 000 points de chute dans une vingtaine de pays. Une croissance impressionnante. Pourtant, le pari était risqué face aux mastodontes de l'hébergement entre particuliers.

"Ce n'est pas l'idée qui fait la valeur d'une entreprise mais sa capacité à vendre et à s'imposer le plus rapidement sur le marché ", nuance Côme Courteault, chargé du développement des startups (growth hacker) au sein de TheFamily. Cette société d'investissement parisienne suit de très près le parcours de la jeune société toulousaine.

"Yestudent est dans un secteur très concurrentiel entre le couchsurfing et Airbnb. Mais Camille Raymond et ses associés sont très réactifs, ils vont très vite dans le développement de leur plateforme. En deux semaines, ils sont capables de résoudre un problème technique qui freine la fréquentation, inverser la tendance et se retrouver à gérer un afflux de demandes."

Une très forte réactivité sans doute acquise au fil des parties de poker. Car l'anecdote est peu banale. Une fois le bac en poche, Camille Raymond a choisi de tout plaquer pendant un an pour vivre du poker.

"Quand je jouais au poker, je misais sur 20 tables en même temps, ce qui me laissait une demi-seconde pour prendre une décision. Mais le risque est mesuré puisque le poker est un jeu basé essentiellement sur les statistiques. C'est comme lorsque l'on crée son entreprise".

Aller vite, toujours plus vite. Camille Raymond veut, d'ici à la rentrée, passer la barre des 10 salariés. Pas de répit pour lui cet été : il compte en profiter pour développer l'offre de Yestudent à Barcelone et Londres, deux grandes destinations étudiantes.

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