Toulouse : une alternative à Tor plus rapide et adaptée au live streaming de masse

Des chercheurs toulousains du LAAS-CNRS ont conçu QasTor, une alternative au protocole du navigateur Tor qui permet de surfer en ligne de manière anonyme. Grâce à une nouvelle architecture d'algorithmes, cette nouvelle version offre un bond de qualité de service et une grande réduction de la bande passante consommée. De quoi rendre possible par exemple le live streaming de masse tout en respectant la vie privée de ses utilisateurs. L'innovation a déjà tapé dans l'oeil d'une société de diffusion d'images.
Squeezie est l'un des streamers les plus suivis sur la plateforme de live streaming Twitch.
Squeezie est l'un des streamers les plus suivis sur la plateforme de live streaming Twitch. (Crédits : Capture d'écran Twitch)

Naviguer sur Internet de manière anonyme tout en disposant d'une qualité de service pouvant rivaliser avec Firefox ou Chrome, c'est le défi que se sont lancés des chercheurs toulousains du LAAS-CNRS. Ils ont mis sur pied QarTor, une alternative au navigateur Tor, utilisé pour contourner la censure dans certains pays mais aussi pour pénétrer dans le dark web avec des garanties plus fortes qu'avec seulement un VPN ou un Proxy.

« Tor a été très bien pensé il y a une vingtaine d'années, mais aujourd'hui, il ne satisfait plus les besoins du moment. Nous voulons proposer une solution pour changer notre façon de protéger les protocoles de communication et trouver le bon compromis, entre la quantité de données échangées entre les utilisateurs et la protection de la vie privée », explique Éric Alata, enseignant-chercheur INSA au LAAS-CNRS et responsable du projet.

Jusqu'à trois fois moins de bande passante consommée

Avec QasTor, l'équipe de recherche toulousaine vise une connexion plus rapide pour de la navigation web et plus adaptée pour du live streaming de masse. « Les utilisateurs d'Internet regardent de plus en plus de vidéos, dont notamment des live par exemple sur Twitch, c'était important de pouvoir prendre en compte au moins cette demande dans le dans une version de Tor plus avancée », avance Cyrius Nugier, doctorant au LAAS-CNRS.

Avant de développer :

« Pour anonymiser les échanges, on est obligés d'avoir quelque chose qui est fonctionnellement plus lent à cause des relais mis en place pour ne pas identifier les utilisateurs reliés au serveur. Avec le navigateur Tor, l'usage est de passer par trois relais. Si 10.000 personnes se connectent sur Tor, chacune d'entre elles va demander à trois relais de faire transiter l'information. De notre côté, nous avons développé un protocole de mise en commun de la bande passante pour éviter de copier un flux de données plusieurs fois inutilement. Cela permet de réduire entre deux fois et demi à trois fois la bande passante utilisée pour une communication avec beaucoup d'utilisateurs, dit autrement de faire chuter la quantité totale de données échangées. »

« Au-delà de l'exemple de Twitch, on peut aussi prendre l'exemple de Netflix. Combien de personnes regardent le même film lorsqu'il vient tout juste de sortir sur la plateforme ? Le visionner en mode live consommerait énormément moins de bande passante », fait remarquer Éric Alata.

Pour réduire la bande passante, l'équipe de recherche a opté pour une gestion des relais par groupes, rendue possible par le chiffrement par attributs qui pourra dépendre d'un ensemble de critères géographiques, hiérarchiques, temporels... Un système qui permet notamment une reconnexion automatique sans redémarrer de zéro tout le protocole d'établissement de la communication. Cette nouvelle architecture d'algorithmes a aussi l'avantage qu'elle restera inviolable même lorsque les ordinateurs quantiques entreront en service.

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Une société de diffusion d'images intéressée

L'innovation est en phase de maturation au sein de Toulouse Tech Transfer et a déjà tapé dans l'oeil d'une société spécialisée dans la diffusion d'images. D'autres partenariats sont à l'étude afin de transférer cette invention vers le monde socio-économique afin qu'elle puisse trouver des débouchés industriels, notamment dans le domaine de la cybersécurité. Les travaux de recherches, déjà valorisés par un brevet, devraient aussi faire l'objet d'une publication scientifique prochainement.

Les équipes du LAAS-CNRS planchent en parallèle sur d'autres projets pour que les internautes reprennent la main sur leur vie privée avec par exemple une alternative à Doctolib pour éviter de monnayer des informations médicales ou encore un système de vote électrique protégeant mieux les données échangées.

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