Participez à la recherche scientifique en jouant à un jeu vidéo ? C'est ce que propose l'Isae-Supaero. Des chercheurs, du département de recherche en neuro-ergonomie et facteurs humains, de l'école d'ingénieurs toulousaine lancent un appel à candidatures afin d'étudier si la performance d'un individu à réaliser des tâches complexes est prédictible au regard de son activité cérébrale enregistrée préalablement. Pour mener à bien ses travaux, l'établissement est à la recherche de 140 volontaires à Toulouse, âgés de 18 à 35 ans, qui pratiqueront le jeu vidéo "Space Fortress".
Cette expérience est la continuité d'un projet, lancé en avril 2021, et qui avait pour but de montrer l'intérêt d'une stimulation cérébrale pour améliorer la performance à une tâche complexe. Les résultats ont démontré que la stimulation unilatérale du cortex préfrontal droit permet d'améliorer la performance sur le long terme pour la réalisation de tâches complexes. Il s'agit de la première étude qui signale qu'un certain type de stimulation cérébrale permet de consolider ce que l'individu a appris avec un gain de 10% par rapport à une situation sans stimulation.
"Il s'agit de trouver dans le cerveau les marqueurs, les traces, la quantification de ce qui se passe et où cela se passe afin d'expliquer toutes les choses extraordinaires que le cerveau est capable de faire. Ces dernières années, il y a eu pas mal d'engouement sur l'utilisation des jeux vidéo et le lien avec le vieillissement cérébral, la performance cérébrale, la gymnastique cérébrale, etc. Dans un premier volet, nous avons eu des résultats assez encourageants qui ont montré que lorsqu'on stimule certaines parties du cerveau en jouant à ce jeu vidéo il était possible d'améliorer sa performance dans le jeu. Dorénavant, ce qui nous intéresse, c'est de savoir quel est le lien entre notre capacité et nos activités de la vie de tous les jours, notre performance à l'école, au travail, etc", éclaire Sébastien Scannella, chercheur en neuroergonomie au sein de l'Isae-Supaero.
Prédire la performance d'un individu
Les chercheurs veulent ainsi quantifier, sur le plan statistique, le lien entre la performance à "Space Fortress" et la capacité du cerveau humain à être bon dans des grandes fonctions cognitives aussi appelées contrôle exécutif et qui regroupent : l'attention, la mémoire de travail, la capacité à inhiber les choses non intéressantes, etc. Ce deuxième volet porte également sur la prédiction de la performance d'un individu.
"Parallèlement à savoir à quel point le jeu utilise et implique les fonctions dont nous avons besoin au quotidien, il y a la question de savoir : est-ce-que quelque part dans le cerveau, il y a un marqueur, un indicateur de notre capacité à réaliser cela ? Notre hypothèse est que certains paramètres de l'activité du cerveau permettent de prédire notre capacité à réaliser telle ou telle tâche."
Un jeu vidéo complexe
Comment va se dérouler l'expérience ? Les participants s'engagent à venir s'entraîner pendant deux sessions d'environ 1h30 chacune et durant lesquelles il faudra réaliser plusieurs parties du jeu vidéo, "Space Fortress". Lors de la première session, une mesure de l'activité cérébrale au repos sera effectuée avec un électroencéphalographe. Un bonnet constitué d'électrodes enduites de gel sera positionné sur la tête du participant. La seconde partie est effectuée dans les jours qui suivent, durant laquelle le participant se soumettra à des tests cognitifs mesurant l'inhibition, la mémoire à court-terme ainsi que la capacité à réorienter l'attention.
Le choix du jeu n'est pas anodin. En effet, "Space Fortress" a été mis au point par des neuropsychologues et a été pensé de manière à solliciter des fonctions cérébrales particulières. Il demande au participant simultanément de piloter un vaisseau spatial, de détruire des forteresses et des mines en plus de capturer des bonus.
"C'est un jeu complexe qui implique plusieurs sous-tâches. Chacune des quatre sous-tâches, qui sont à faire parallèlement dans ce jeu vidéo, sollicite particulièrement une fonction cérébrale comme la mémoire, l'attention, etc. Cela permet d'isoler les fonctions cérébrales utiles pour réaliser cette tâche complexe de manière globale", explique Sébastien Scannella.
Pour participer, les candidats doivent avoir entre 18 et 35 ans et ne présenter aucun antécédents neurologiques ou psychiatriques et ne pas avoir déjà joué à Space Fortress. Les volontaires peuvent candidater par mail ([email protected]) ou s'inscrire sur ce lien.
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