L'Onera construit un laboratoire près de Toulouse pour la résistance au feu des nouveaux avions

Le centre français de recherche aérospatiale, l'Onera, vient de lancer la construction sur son site au sud de Toulouse de la plateforme PyCoFire, un laboratoire pour tester la résistance au feu des matériaux composites de plus en plus utilisés par les constructeurs pour alléger le poids des avions. Le banc d'essai servira aussi à préparer l'arrivée des carburants d'aviation durables (SAF) et de l'hydrogène.
La plateforme PyCoFire sera opérationnelle en 2023.
La plateforme PyCoFire sera opérationnelle en 2023. (Crédits : Onera)

"Avec plus de 14 millions d'euros d'investissement, il s'agit pour l'Onera d'un des plus gros investissements en Occitanie depuis 40 ans", salue d'emblée Thierry Alcouffe, directeur du rayonnement scientifique dans le Sud-ouest au sein du centre français de recherche aérospatiale.

L'Onera a lancé ce mercredi 8 décembre la construction sur son site de Fauga-Mauzac, à 30 km au sud de Toulouse, de la plateforme PyCoFire (pour Pyrénées Composite Fire Research), un nouveau moyen d'essai pour évaluer la performance environnementale et le comportement au feu des nouveaux matériaux d'avions.

Faire voler des avions en matériaux composites en toute sécurité

"PyCoFire offre une brique indispensable pour l'aviation décarbonée, poursuit Thierry Alcouffe. L'allégement des avions nécessitera le recours aux composites tout en garantissant le même niveau de sécurité pour les avions. Cette plateforme de recherche qui prépare l'avion du futur en Europe (dont l'idée a été lancée dès 2016, ndlr) est une démonstration de la capacité d'anticipation de l'Onera au service de la filière aéronautique."

Du côté d'Airbus, l'utilisation des matériaux composites est déjà grandement engagée. "Nous utilisons de plus en plus ces matériaux pour répondre à des besoins de poids et de performance énergétique. L'A350 comprend plus de 50% de composites. Mieux comprendre le scénario d'incendie et l'impact sur l'avion est fondamental pour continuer à voler en toute sécurité", estime Delphine Chalies, responsable de l'intégration de la propulsion au sein de l'ingénierie d'Airbus.

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Mais pour le PDG de l'Onera, Bruno Sainjon, la plateforme PyCoFire répondra à une autre mission supplémentaire : "l'aide à la conception des futurs systèmes d'extinction d'incendies moteurs avec un triple défi : remplacer les systèmes actuels au halon au bilan environnemental défavorable, apporter des réponses pour les futurs réacteurs à grand taux de dilution comportant des composites et enfin prendre en compte les futurs carburants, qu'ils soient de synthèse, électrocabrurant ou hydrogène".

Le gaz Halon 1301 est déjà banni des nouveaux programmes avions et les constructeurs aéronautique planchent sur une sortie progressive d'ici 2040. Plusieurs alternatives sont à l'étude et la plateforme PyCoFire permettra de les tester. Concernant les nouveaux carburant, Gillian Leplat, chef de projet de PyCoFire, note : "Autant le carburant d'aviation durable (SAF) est un dérivé du kérosène donc les réactions devraient être assez proches, autant l'hydrogène a un système de combustion différent avec une énergie différente. Nous allons à chaque fois quantifier les flux de chaleur générés par le feu, la répartition de l'incendie dans le compartiment de l'avion et la réponse du matériau à cette sollicitation thermique".

Indépendance des constructeurs vis-à-vis des USA

La plateforme de 517 m2 sera opérationnelle en 2023 et constituera un outil de recherche unique en Europe.

"Aujourd'hui, le seul moyen mondial qui existe pour tester des agents d'extinction de feux sur des moteurs est implanté aux Etats-Unis. L'idée, c'était de rendre Airbus et Safran indépendants aussi de sites américains dans ce domaine. Car pour faire des tests, les constructeurs sont obligés de transmettre des fiches de sécurité donc une partie de ce qu'ils développent, c'est quand même embarrassant", souligne Jérôme Anthoine, directeur du département multiphysique pour l'énergétique de l'Onera.

Sur les 14 millions d'euros d'investissement, 10,3 millions proviennent de fonds Feder (fonds européen de développement régional), 2,15 millions ont été financés par Airbus, ArianeGroup et Safran et 1,55 million sur fonds propres de l'Onera.

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