Collins Aerospace utilise des innovations dernier cri pour rénover les avions de l'Armée de l'air

Les équipes toulousaines de Collins Aerospace pilotent le chantier de rénovation de la flotte des avions C-130H de l'Armée de l'air française en collaboration avec les effectifs bordelais de Sabena Technics. Ces avions militaires dont le design date des années 50 ont bénéficié d'un saut technologique avec l'arrivée d'écrans LCD et d'une avionique dernier cri. Tout au long du chantier, les mécaniciens ont fait appel à de l'impression 3D et des iPad équipés d'outils de réalité augmentée. Une digitalisation nécessaire face à la concurrence des pays à bas coût mais aussi pour continuer à recruter.
Collins Aerospace utilise des outils de réalité virtuelle pour visualiser sa suite avionique.
Collins Aerospace utilise des outils de réalité virtuelle pour visualiser sa suite avionique. (Crédits : Rémi Benoit)

Les avions de l'Armée de l'air vont bénéficier d'un sacré coup de jeune. La France a engagé un grand chantier de rénovation de sa flotte de 14 appareils C-130H, des aéronefs conçus par l'Américain Lockheed Martin dans les années 50 et mis en service dans les années 80. Et c'est les équipes toulousaines de Collins Aerospace qui ont été chargées en 2017 par la DGA (direction générale de l'armement) de piloter en tant que maître d'oeuvre ce projet.

"C'est relativement inhabituel. Le schéma le plus classique, c'est que ce sont des sociétés comme Sabena Technics, des MRO (sociétés de maintenance aéronautiques, ndlr), qui sont maîtres d'œuvre. Dans certains cas, ce sont les avionneurs eux-mêmes, Lockheed Martin ou Airbus qui le réalisent. Le défi, c'est de rénover ces avions dont la structure a été imaginée dans les années 50 pour qu'ils puissent opérer à peu près jusqu'en 2035", a fait savoir Fabien Willig, directeur des programmes militaires de la branche avionique de Collins Aerospace en Europe et au Moyen-Orient à l'occasion d'une conférence organisée le 23 novembre à Toulouse dans le cadre de l'événement La Fabrique Défense.

Écrans LCD, carte digitale et système d'alerte

Collins Aerospace a été chargée de définir l'avionique modernisée des avions en s'appuyant sur l'expertise du constructeur Lockheed Martin. De leur côté, les équipes bordelaises de Sabena Technics étaient chargées de fabriquer et d'intégrer les équipements à bord des avions. Deux premiers avions de la flotte ont déjà terminé leur modernisation. L'ampleur du chantier était immense et a demandé de grandes modifications dans l'avion. "Il y a 50 km de câbles par avion. Pour la partie mécanique, il a fallu mettre en place toute la structure pour accueillir de nouveaux équipements. Pour positionner les antennes, nous avions besoin de faire des trous dans l'avion", ajoute Fabien Willig.

Nicolas Huard, directeur de l'ingénierie avionique de Collins Aerospace complète :

"Nous avons installé des écrans LCD haute visibilité. La nouvelle avionique permet de présenter les informations de façon beaucoup plus synthétique et qui sont interprétables immédiatement par l'équipage. Cela permet de libérer les pilotes d'activités assez basiques d'interprétation des informations, surtout lors de missions délicates. Nous avons intégré un système d'alerte qui n'existait pas précédemment, une carte digitale de l'avion, un système d'affichage tête haute qui permet à l'équipage de continuer à piloter l'avion tout en regardant à l'extérieur, ce qui est particulièrement utile pour des missions à basse altitude."

Impression 3D et réalité augmentée pour optimiser la rénovation

Tout au long du chantier, les mécaniciens ont fait appel à des innovations dernier cri pour optimiser la rénovations des avions.

"Ces appareils ont connu un certain nombre de modifications depuis leur mise en service. Nos compagnons ont connu parfois des surprises au moment d'installer les équipements dans l'avion. Il pouvait y avoir une cloison qui ne figurait pas sur les plans de l'appareil. Et du coup, nous ne pouvions pas installer les éléments. Il faut donc s'adapter en permanence et cela coûte beaucoup d'argent.

Nous avons travaillé sur des techniques pour minimiser les erreurs et les aléas grâce à de la réalité augmentée. L'impression 3D nous permet de fabriquer très rapidement des éléments et d'aller vérifier sur l'avion si on peut les installer. Grâce à un iPad équipé d'outils de réalité augmentée, le mécanicien peut vérifier si ses plans sont conformes à ce qu'il observe sur l'appareil. Sur des avions de cette génération, nous avons l'obligation d'être imaginatif si à la fin nous voulons être compétitifs", détaille Gilles Foultier, directeur général adjoint en charge des activités militaires du groupe Sabena Technics.

Du côté de Collins Aerospace, des outils de réalité augmentée ou virtuelle sont également utilisés pour développer des interfaces homme/machine sur le programme C-130 comme sur d'autres projets. Le concept de jumeaux numériques permet notamment de tester les nouvelles fonctionnalités avioniques dans une copie virtuelle de l'avion.

collins aerospace

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Collins Aerospace dispose d'un banc d'essai pour prototper les nouvelles solutions pour les cockpits (Crédits : Rémi Benoit).

Concurrence de la main d'oeuvre

Ces outils ne sont pas des gadgets et deviennent au contraire nécessaires pour rester compétitifs, d'après Gilles Foultier.

"Le métier de la maintenance aéronautique, c'est toujours le même : restituer à un avion du potentiel pour lui permettre de continuer à voler en toute sécurité. Mais la façon dont on fait ce métier évolue aujourd'hui très sensiblement. D'abord à cause de la compétition des pays à bas coût de main d'oeuvre. Les pays d'Europe de l'est, d'Afrique du Nord ou du Moyen-Orient se positionnent fortement sur ce métier de la maintenance aéronautique avec des prix de vente qui sont de l'ordre de 40 à 50 dollars de l'heure contre 60 à 70 euros de l'heure pour des sociétés comme la mienne. Il faut apporter de l'imagination, de la créativité et des outils pour offrir une solution plus compétitive que celle de nos concurrents de ces différents pays. La transition numérique le permet, la digitalisation le permet."

Sabena Technics veut notamment doter tous ses mécaniciens d'un iPad mini durci, résistant aux chocs et aux intempéries utilisés pour avoir accès à la documentation des avions, aux stocks de matériel. La caméra leur permet de prendre des prises de vue du défaut ou de l'anomalie constatée et à distance l'ingénieur du bureau d'études peut apporter des solutions. La société de maintenance aéronautique commence également à tester des robots équipés d'une solution d'intelligence artificielle. Le compagnon peut poser des questions à la machine qui, en fonction de l'expertise accumulée, lui apportera des solutions sans avoir besoin de consulter un ingénieur du bureau d'études. Pour sa part, Collins Aerospace réfléchit à numériser la manuel de vol des avions (dont la version papier avoisine les 2.000 pages) avec des liens hypertextes pour naviguer plus facilement à l"intérieur.

Au-delà de la concurrence des pays à bas coût, cette transition numérique vise à faciliter les recrutements.

"Nous avons 200 alternants sur un effectif français de 2.500 collaborateurs. Ce type d'outils peut être utile pour rendre attrayant le métier d'ingénieur dans les sociétés MRO. Si on leur dit qu'ils vont devoir faire un métier en 2025, comme on le faisait en 1965, ces jeunes talents vont partir en courant. Il faut leur offrir des outils leur permettant de faire un métier qui reste fondamentalement le même mais dans des conditions qui se rapprochent des outils utilisés dans la vie de tous les jours comme les tablettes", conclut le directeur général adjoint de Sabena Technics.

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Commentaire 1
à écrit le 26/11/2021 à 8:52
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Espérons que ces simulateurs soient d'un bien meilleur niveau que les simulateurs de conduite de bagnoles des auto écoles sinon c'est du fric foutu en l'air.

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