Simulation : Dassault Systèmes nouvel allié des hôpitaux et lieux culturels contre la Covid-19

C'est le fruit d'une rencontre entre un ingénieur en aéronautique et l'équipe d'un hôpital près de Metz. Ensemble, ils parviennent à démontrer l'intérêt de la modélisation des flux d'air pour lutter contre la contamination de la Covid-19. En quelques mois, les collaborations avec d'autres établissements se multiplient. Désormais, ce sont les lieux culturels, dont le Bikini à Toulouse, qui font appel au savoir-faire d'Emmanuel Vanoli.
Il y a quelques mois, Dassault Systèmes a mené une vaste étude pour la Philharmonie de Paris, afin d'étudier le mouvement de l'air dans la salle de spectacle.
Il y a quelques mois, Dassault Systèmes a mené une vaste étude pour la Philharmonie de Paris, afin d'étudier le mouvement de l'air dans la salle de spectacle. (Crédits : Dassault Systèmes)

C'est peut-être l'une des plus belles histoires entrepreneuriales générées par la Covid-19 et c'est l'histoire d'Emmanuel Vanoli. Un an en arrière, cet homme de 35 ans, passé dans sa jeunesse par Toulouse pour suivre une formation d'ingénierie en aéronautique, est alors un salarié parmi tant d'autres de Dassault Systèmes.

Spécialisé sur l'étude des écoulements des flux d'air, l'ingénieur au sein de son service édite des logiciels à base de 3D et de simulation pour étudier les mouvements de l'air dans des systèmes industriels et mécaniques. De par l'identité de son employeur, l'activité au quotidien d'Emmanuel Vanoli est beaucoup portée sur les industries automobile et aéronautique. Sans surprise, la crise sanitaire n'est pas sans conséquence sur son niveau de travail.

Mais un malencontreux événement dans sa vie privée va chambouler son quotidien. Un membre de sa famille, en l'occurence sa grand-mère, est contaminée par la Covid-19. Elle se retrouve sous assistance respiratoire à l'hôpital gériatrique de Marange-Silvange, près de Metz.

"Au fil des jours et des discussions avec l'équipe de médecins de l'établissement, je comprends qu'il y a une inquiétude sur la circulation du virus dans l'air (nous ne sommes alors qu'au début de l'épidémie en France, ndlr) et moi dans le même temps, au travers de diverses lectures, je me renseigne sur le sujet", raconte Emmanuel Vanoli à La Tribune.

"Cela a eu un effet boule de neige"

Pour avoir la réponse aussi bien aux questions de l'équipe médicale qu'aux siennes, l'ingénieur propose d'utiliser le logiciel de Dassault Systèmes pour modéliser et simuler le mouvement de l'air contaminé, émanant du service Covid-19 au sein de l'hôpital.

"J'ai récupéré les plans de vieux bâtiment, tout comme ceux du système d'aération, pour créer un jumeau numérique du bâtiment, puis nous avons fait tousser virtuellement des patients atteints de la Covid-19 pour observer le mouvement de l'air contaminé dans l'hôpital. Et les résultats ont été très intéressants et sans appel. Nous avons observé qu'une partie de l'air provenant des chambres de patients malades de la Covid-19 circule vers le service des personnes en Ehpad, celui des personnes fragiles. C'est un problème d'autant plus que c'est aussi à proximité de cette zone que les soignants se retrouvent pour prendre une pause, parfois sans leur masque. À partir de ce moment, notre rôle est de réduire au maximum le risque de circulation de l'air potentiellement contaminée en dehors du service Covid. Mais reconstruire le système de ventilation n'a aucun sens et cela prendrait trop de temps", raconte l'ingénieur.

Après plusieurs modélisations, un scénario semble bien fonctionné : celui d'ouvrir des fenêtres à des points stratégiques. Avec cette action, l'air du service Covid est plus rapidement évacuée du bâtiment et le renouvellement de l'air est plus efficace. Une expérience qui, rapidement, fait beaucoup de bruit dans le milieu médical.

"Cela a eu un effet boule de neige ! Les médecins ont commencé à en parler entre eux et au fil du temps, nous avons noué des collaborations avec d'autres établissements hospitaliers", admet Emmanuel Vanoli.

Toulouse fait appel à Dassault Systèmes

Si la Chine avait déjà utilisé les compétences de Dassault Systèmes dès février 2020 pour son hôpital de Wuhan construit dans l'urgence, en France c'est une nouveauté. Ainsi, l'hôpital de la Pitié Salpêtrière, ou encore l'hôpital Bichat pour son service de réanimation, font appel aux services de l'ingénieur, pour ne citer que ces exemples. Chaque intervention provoque par la suite des adaptations dans chaque service concerné portant par exemple sur l'inclinaison des lits pour faciliter une meilleure évacuation de l'air ou leur positionnement dans la chambre. "Au final, ces compétences de simulation des flux d'air peuvent convenir à n'importe quel pathogène qui peut se transmettre dans l'air. Désormais, les médecins et nous pensons que cette activité est pérenne", commente l'expert.

Encore plus ces dernières semaines, durant lesquelles certains établissements culturels ont flairé la bonne affaire pour faire pression sur les pouvoirs publics afin d'obtenir leur réouverture, avec des jauges d'accueil intéressantes jusqu'à la fin de la crise sanitaire. "L'enjeu est énorme pour eux", confesse Emmanuel Vanoli. "L'idée est de trouver les bons leviers sur lesquels jouer pour limiter au maximum le risque de contamination. Néanmoins, chaque salle est unique, il n'y a donc pas de mesure parfaite et générale", poursuit-il. C'est tout d'abord la Philharmonie de Paris qui fait appel aux services de Dassault Systèmes, étude que l'établissement rend public en décembre dernier et qui arrive aux oreilles des collectivités locales toulousaines, dont le Sicoval. L'intercommunalité du sud-est toulousain veut mener le même travail pour "sa" salle de spectacle Le Bikini, mais aussi son espace Diagora, lieu de multiples rencontres et événements professionnels.

Dassault Systèmes

En quelques jours, après obtention des plans, Dassault Systèmes est parvenue à reproduire à l'identique la salle de concert du Bikini (Crédits : Dassault Systèmes).

"La volonté du Sicoval est de mener cette étude, dans un premier temps de manière virtuelle en modélisant numériquement les deux salles de spectacle, puis à l'issue de cette première phase qui se déroule actuellement pour se terminer d'ici 3 semaines, réaliser ces mêmes tests en conditions réelles c'est-à-dire en public. Cette seconde phase est bien entendu sous tendue à l'approbation de l'Agence Régionale de Santé (ARS) qui devra donner son autorisation", commente la collectivité.

Ainsi, les résultats de la première phase sont attendus pour le début du mois de mai. "Autant d'éléments qui doivent permettent à l'État d'envisager la réouverture des lieux culturels dans les meilleures conditions et délais.", ajoute le Sicoval, soutenu financièrement par la région Occitanie et le conseil départemental de Haute-Garonne dans cette démarche. Pour mémoire, le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé une réouverture de certains lieux culturels à compter de la mi-mai.

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