Une chercheuse australienne étudie l'intelligence des abeilles grâce à la réalité virtuelle à Toulouse

Scarlett Howard, chercheuse australienne, tente de comprendre l'intelligence des abeilles à l'aide de la réalité virtuelle au Centre de recherches sur la cognition animale à Toulouse. Lauréate du prix Jeunes talents L'Oréal-Unesco pour les femmes et la science, elle a reçu une bourse de 20 000 euros qui lui permettront d'approfondir ses recherches. Interview.
Scarlett Howard est lauréate du prix Jeunes talents L'Oréal-Unesco pour les femmes et la science.
Scarlett Howard est lauréate du prix Jeunes talents L'Oréal-Unesco pour les femmes et la science. (Crédits : Fondation l’Oréal / Jean-Charles Caslot)

"Comprendre l'intelligence des abeilles grâce à la réalité virtuelle", c'est le sujet d'étude de Scarlett Howard. Cette chercheuse a quitté Melbourne en Australie, pour venir étudier les abeilles au Centre de recherches sur la cognition animale à Toulouse. Diplômée d'une maîtrise en sciences (zoologie) et d'un doctorat sur les capacités cognitives des abeilles, Scarlett Howard est une spécialiste du comportement animal. Pour son étude, elle a reçu le prix Jeunes talents L'Oréal-Unesco pour les femmes et la science, le 8 octobre dernier. Un prix qui lui a permis d'obtenir une bourse de 20 000 euros pour ses recherches.

La Tribune : Pourquoi s'intéresser à l'intelligence des abeilles ?

Scarlett Howard : Depuis que j'ai découvert que les abeilles étaient capables d'accomplir et d'apprendre des tâches et des règles complexes, j'ai été fascinée par leur intelligence et j'ai voulu travailler auprès d'elles pour étudier leurs capacités cognitives. J'ai la chance d'étudier les abeilles depuis 6 ans, maintenant, et cela fait un an que je concentre mes recherches sur leur intelligence grâce à mon étude au sein du Centre de recherche sur la cognition animale. C'est un centre qui a fait ses preuves en matière de recherche de haute qualité sur l'apprentissage, la cognition et la neurobiologie des abeilles, c'est pourquoi je suis venue les étudier ici, à Toulouse.

Qu'essayez-vous de démontrer avec votre étude ?

S. H. : Je veux comprendre comment le cerveau miniature des abeilles peut assimiler toutes les choses complexes que nous observons. Telles que les règles relationnelles, le comptage, la distinction des couleurs, et plus encore. Elles sont par exemple capables de se déplacer dans un labyrinthe, de reconnaître un visage humain, d'additionner et même de soustraire. Les abeilles peuvent aussi communiquer une direction, une distance et la qualité des fleurs à leur ruche.

J'essaye aussi de déceler ce dont le cerveau d'abeille a besoin pour apprendre et appliquer des règles pour résoudre des tâches. Je cherche les parties du cerveau de l'abeille qui lui permettent d'intégrer des règles et des concepts. Quelles parties du cerveau les abeilles utilisent-elles pour apprendre, de quel neurotransmetteur ont-elles besoin et quels gènes sont activés ?

Comment la réalité virtuelle peut-elle déterminer l'intelligence des abeilles ?

S. H. : La réalité virtuelle nous permet de contrôler exactement ce que les abeilles voient lorsqu'elles apprennent des tâches visuelles, ce qui nous permet de savoir exactement ce qu'elles ressentent pendant leur apprentissage.

Par exemple, pour l'étude, je me sers d'un système de réalité virtuelle qui fait marcher une abeille attachée sur une balle en lévitation, soutenue par un flot d'air. Devant elle, est placé un écran qui lui permet de se projeter dans un monde virtuel où elle peut naviguer à sa guise. Elle reste donc au même endroit mais elle a l'impression de se déplacer dans l'espace.

Que pourrait changer vos découvertes ?

S. H. : Mes recherches nous permettront de mieux comprendre comment le cerveau des petites abeilles apprend et traite l'information visuelle. La recherche comblera une lacune dans nos connaissances sur l'intelligence des abeilles. Comme mes recherches sur la neurobiologie de l'apprentissage des abeilles sont toujours en cours, je n'ai pas de découvertes à partager de cette recherche, cependant, mon travail sur la capacité numérique des abeilles a montré qu'elles sont capables d'apprendre les règles du nombre, ajouter, soustraire et distinguer différentes quantités.

Das quels domaines les connaissances acquises au cours de cette étude peuvent-elles avoir un impact ?

S. H. : La recherche aura un impact dans de nombreux domaines, notamment la cognition des insectes, le comportement des animaux, la neurobiologie animale et bien d'autres. Il nous donnera un aperçu de la façon dont les abeilles peuvent apprendre des tâches complexes avec de petits cerveaux, ce qui peut nous amener à comprendre comment les animaux avec des cerveaux plus grands et plus complexes apprennent et traitent des informations et des concepts visuels.

Vous avez récemment remporté le Prix Jeunes talents L'Oréal-Unesco. Qu'est-ce que cela va vous apporter ?

S. H. : 820 candidatures avaient été déposées pour ce prix. Parmi ces candidates, 35 femmes ont été sélectionnées par un jury de scientifiques. Cette bourse me permettra d'être plus autonome dans mes recherches en tant que jeune chercheuse. Je pourrai utiliser le prix de 20 000 euros pour approfondir mes propres recherches et répondre à des questions importantes dans mon domaine.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 15/11/2019 à 9:12
Signaler
"Scarlett Howard est lauréate du prix Jeunes talents L'Oréal-Unesco " L'Oréal ferait bien de bannir les perturbateurs endocriniens de la composition de ses produits, on pourrait le prendre au sérieux. Quand à l'UNESCO qui expose sa dépendance env...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.