À Toulouse, le PDG du CNRS rappelle que la recherche "ne peut se nourrir de symboles"

Le n°1 du CNRS Antoine Petit vient de rendre son rapport en vue de l'élaboration d'une loi de programmation pluriannuelle de la recherche. De passage à Toulouse, il a dessiné les enjeux de la réforme et inauguré un nouveau microscope de pointe né d'un partenariat avec une entreprise japonaise.
Antoine Petit est le PDG du CNRS.
Antoine Petit est le PDG du CNRS. (Crédits : CNRS)

C'était une revendication de longue date au sein de la communauté scientifique : avoir une prévision budgétaire sur plusieurs années des moyens humains et financiers alloués à la recherche. En février dernier, le gouvernement avait annoncé la création d'une loi de programmation pluriannuelle de la recherche. Antoine Petit, PDG du CNRS, le premier organisme de recherche français, a remis cette semaine ses propositions à Édouard Philippe pour mettre en place une telle réforme.

Cinq milliards d'euros de fonds publics manquent à l'appel

De passage à Toulouse le 24 septembre, il a lancé :

"Cette loi pluriannuelle est un symbole. Maintenant, la recherche ne nourrit pas de symboles. Il faudra que l'investissement soit à la hauteur des ambitions. La recherche est confrontée à une compétition mondiale."

Pour le moment, on ignore le montant qui sera alloué à la recherche dans le cadre de cette loi. Combien faudrait-il ?

"La France pourrait déjà se conformer aux engagements pris lors du traité de Lisbonne (signé en 2007, ndlr). Ce texte prévoyait d'allouer 3% du PIB national à la recherche dont 1% par des fonds publics et 2% par le privé. Aujourd'hui, nous sommes à 0,78% de l'État et 1,44% par le privé. Pour se conformer au 1% public, la France devrait rajouter cinq milliards d'euros", détaille Antoine Petit.

Le CNRS dispose à ce jour d'un budget annuel de 3,4 milliards d'euros. Face à une enveloppe contrainte, le CNRS a fait le choix au cours des dernières années de diminuer le nombre de labos.

"Nous sommes passés de 2 400 à 1 000 laboratoires. Nous avons réalisé beaucoup de fusions d'équipes trop petites pour en faire de plus grandes structures. Il y a des thèmes de recherches prioritaires et d'autres moins. Cela ne veut pas dire que nous allons supprimer les labos de thèmes moins prioritaires. Mais sur ces derniers, il ne faut garder que les labos où nous avons des équipes excellentes. Par exemple, notre équipe qui fait des recherches sur le Népal et le Tibet est la meilleure au monde dans son domaine", fait-il remarquer.

Toulouse, deuxième centre du CNRS en France

Le CNRS compte 33 000 collaborateurs en France dont 3 000 à Toulouse, deuxième ville la plus importante du centre après Paris-Saclay. Antoine Petit a profité de son déplacement pour inaugurer un nouveau microscope de pointe alloué au Centre d'élaboration de matériaux et d'études structurales (Cemes).

"Au sein du CNRS, 150 laboratoires ont noué des partenariats industriels. La particularité avec ce microscope est qu'il ne s'agit pas d'une entreprise française mais japonaise (Hitachi High Technologies Corporation). Le Cemes avait l'expertise scientifique et l'entreprise japonaise disposait du microscope, c'est pourquoi cette coopération prend tout son sens", estime le PDG du CNRS.

Jusqu'à présent, le labo du CNRS ne disposait que d'un microscope capable de faire des photos d'un phénomène physique à l'échelle atomique à un instant donné. L'outil japonais est capable d'observer l'évolution temporelle par exemple de champs électriques ou magnétiques en produisant de petits films.

"Il s'agit d'un équipement unique au monde, a salué Antoine Petit. Ce succès s'ajoute à la création récente des instituts interdisciplinaires d'intelligence artificielle et des écoles universitaires de recherche après les échecs aux Idex qui avaient refroidi le moral des troupes".

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