Bernard Foing (ESA) : "Le village lunaire est déjà une réalité"

L'astrophysicien de l'agence spatiale européenne, Bernard Foing, est revenu à l'occasion d'une conférence à Toulouse sur les avancées de la recherche pour la création d'une base permanente sur la Lune.
Bernard Foing est le directeur du groupe international lunaire à l'ESA, l'agence spatiale européenne.
Bernard Foing est le directeur du groupe international lunaire à l'ESA, l'agence spatiale européenne. (Crédits : YouTube)

50 ans après les premiers pas de Neil Armstrong lors de la mission Apollo 11, des scientifiques du monde entier travaillent sur l'implantation d'un village lunaire (ou Moon Village).

"Il s'agit de créer une base installée de manière permanente sur le seul satellite de la Terre. Elle serait assurée par des humains et des robots. Contrairement aux missions Apollo, l'idée est de s'y établir de manière durable", explique Bernard Foing, le directeur du groupe international lunaire à l'ESA, l'agence spatiale européenne.

À l'occasion d'une conférence donnée le 30 avril à Toulouse à l'invitation de l'Académie de l'air et de l'espace, l'astrophysicien a fait le point sur les recherches et les projets commerciaux en vue de réaliser cet objectif.

Où créer une base lunaire ?

Le scientifique a lui même été le père de la mission Smart-1. La sonde lancée en 2003 est restée trois ans en orbite autour de la Lune. "Les données récoltées ont permis d'établir une cartographie précise de la Lune avec l'emplacement des différents cratères mais aussi d'étudier les processus volcaniques et tectoniques et d'observer les pôles", décrit Bernard Foing. De quoi aider à repérer les zones d'atterrissage les plus propices en vue de la création d'une base lunaire. Un demi-siècle après Apollo 11, alunir reste une opération délicate. Dernier exemple en date, le petit atterrisseur israélien Beresheet qui s'est crashé en avril dernier.

De plus, sur place, les températures peuvent atteindre des niveaux extrêmes, entre -150°C et +150°C, en raison de l'absence d'atmosphère. Différentes pistes sont envisagées pour y permettre à des humains de s'y installer malgré tout.

"Des recherches sont même menées pour voir si l'on pourrait créer une structure dans les tubes de lave des cratères", cite le directeur.

L'Esa poursuit ces observations en menant régulièrement des campagnes, sur Terre cette fois, par exemple à proximité du volcan de La Réunion. Outre l'agence spatiale européenne, la Chine multiplie les missions. "Dans le cadre la mission Chang'3, ils ont posé un rover. Il y est en permanence depuis cinq ans. Le village lunaire est déjà une réalité", juge Bernard Foing.

À quand des humains ?

Reste à franchir le pas de géant en envoyant des humains vivre sur la Lune. Sur ce volet, malgré les retards pris par la mission Orion, la Nasa continue d'afficher l'objectif d'envoyer d'ici 2024 des astronautes. L'Esa est chargée de son côté de réaliser le module du futur équipage.

"Dans un premier temps, le module serait envoyé de manière automatique en orbite autour de la Lune. Ensuite, il est prévu d'embarquer un équipage de quatre personnes", détaille Bernard Foing.

Pour le scientifique, la coopération avec les robots sera essentielle dans l'optique d'une installation prolongée de l'homme sur la Lune.

"Imaginons des robots qui font des boucles de dizaines de kilomètres à travers la Lune pour récupérer des données et des astronautes qui viennent de manière temporaire pour récolter les échantillons", illustre-t-il. L'impression 3D est une piste également. Si un astronaute a oublié un instrument ou est face à un outil défaillant, il peut en imprimer un autre."

Des équipes de recherche de l'Esa testent aussi actuellement les plantes capables de résister dans un futur village lunaire afin de renforcer l'autonomie alimentaire des astronautes.

Quel modèle économique ?

Dans cette course au village lunaire, les agences gouvernementales ne sont plus seules. Des acteurs privés rêvent eux aussi de s'y installer. En 2007, Google avait lancé un concours à destination des entrepreneurs pour poser un engin spatial sur la surface de la Lune mais aucune équipe n'y est parvenue. De son côté, le créateur de SpaceX, Elon Musk, veut envoyer une bande d'artistes en orbite autour de la Lune, en espérant dupliquer ce système pour coloniser, un jour, la Lune et Mars, et faire de l'humanité "une espèce multiplanétaire".

Bernard Foing souligne aussi l'apparition de modèles économiques hybrides. "Des ingénieurs allemands de PTscientists ont conçu un atterrisseur lunaire qui est sponsorisé par l'opérateur télécoms Vodafone, le constructeur automobile Audi et la marque Redbull", explique-t-il. Le financement privé viendra-t-il au secours des finances exsangues des États pour réaliser des villages lunaires ? Réponse dans quelques années.

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Commentaire 1
à écrit le 02/05/2019 à 20:22
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Ben non, il n'y a pas de base permanente sue Lune....le titre n'est donc pas une réalité....

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