Toulouse s'interroge sur l'éthique des sciences

Robots médicaux, voitures sans chauffeur, biotechnologies... Les nouvelles technologies soulèvent nombre de questions éthiques. Face à ces enjeux, l'Université fédérale de Toulouse vient d'annoncer la création d'une chaire Unesco baptisée "Éthique, science, société". Décryptage.
La chaire étudiera notamment l'impact de la robotique sur la santé.

"Pour une science ouverte et responsable", voilà le titre de la conférence inaugurale de la chaire "Éthique, science, société" qui se tiendra le 13 juin prochain dans la Ville rose. Cet intitulé résume la vocation de ce nouvel espace de réflexion porté par l'Université fédérale de Toulouse.

"Il ne s'agit pas d'une chaire bioéthique, centrée exclusivement sur les enjeux de santé mais de voir globalement les questions éthiques soulevées par l'innovation technologique", indique Emmanuelle Rial-Sebbag, responsable de la chaire Unesco et directrice de recherche rattachée à l'unité épidémiologie et santé publique de l'Inserm.

OGM, big data et médiation scientifique

Quatre thèmes de recherche y seront alors déclinés.

"Le premier sujet est l'éthique des nouvelles technologies en santé avec par exemple toutes les questions autour de l'édition du génome. Ensuite, les recherches de la chaire vont aussi s'intéresser au numérique et à la robotique. La digitalisation, l'intelligence artificielle et le big data ont des impacts sur la santé, notamment au niveau des données médicales. Le troisième thème concerne les liens entre biotechnologies et l'environnement. Cela peut être les OGM mais aussi l'impact des nouvelles technologiques sur la transition énergétique. Enfin, l'éthique des techniques de l'information sera étudiée avec l'accélération de l'accès à l'information et quel est le rôle de la médiation scientifique", poursuit la chercheuse.

À ces quatre thèmes s'ajoutent trois axes de recherche transversaux : la chaire comme lieu de test de programmes d'éducation pilotes ; l'éducation des plus jeunes et l'accès aux connaissances ; les questions liées au genre, dont le rôle des femmes. Ainsi, la structure pourrait approfondir la place des femmes dans l'écosystème des nouvelles technologies. Dans la Silicon Valley, beaucoup déplorent une nouvelle économie trop masculine. Mais la chaire veut aussi observer les bénéfices des innovations pour les femmes.

Autre particularité de cette nouvelle structure, elle repose sur des collaborations avec des chercheurs toulousains mais aussi de laboratoires à l'étranger. Pour la partie toulousaine, les trois universités (Capitole, Jean Jaurès et Paul Sabatier) seront accompagnées de l'école d'éthique des sciences de l'Institut catholique et de l'Institut fédératif d'études et de recherches interdisciplinaires santé et société. Par ailleurs, des collaborations sont engagées avec des groupes de recherche basés en Espagne, au Canada mais aussi dans des pays africains (Côte d'Ivoire, Cameroun, Bénin).

"Les questions éthiques posées par les nouvelles technologies ne sont pas les mêmes à Toulouse et dans les pays du Sud".

Un pilier du projet 3IA

La chaire Unesco baptisée "Éthique, science, société" sera pleinement intégrée dans la candidature toulousaine pour devenir un institut de recherche en intelligence artificielle (3IA). "Nous serons probablement un pilier du projet sur la partie acceptabilité sociale de l'IA", estime Emmanuelle Rial-Sebbag. Lors sa venue en novembre dernier à Toulouse pour présenter la stratégie nationale en faveur de la recherche en intelligence artificielle, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédéric Vidal, avait fait remarquer :

"Face la compétition mondiale de la Chine et des États-Unis, le gouvernement veut prôner une intelligence artificielle différente, au service de l'humain. Il faut une acceptation des usages par la société. Le projet de Toulouse est un excellent projet puisqu'il pose une des questions fondamentales de l'intelligence artificielle qui est la certification et la compréhension des modes d'apprentissage des algorithmes. C'est au cœur de ce qui fera l'intelligence artificielle de demain".

Lire aussi : Intelligence artificielle : le gouvernement salue "l'excellent projet toulousain"

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Commentaire 1
à écrit le 04/02/2019 à 16:19
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Une science n'a pas d'éthique puisque en quête de vérité elle ne peut pas s'adosser à un dogmen c'est grotesquen le chercheur est là pour trouver et pour rien d'autre c'est son but. Par contre la science est orientée soit pas les états à une époq...

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