L'Occitanie, futur territoire de la data ?

La région Occitanie abrite une multitude d'acteurs qui se développe autour du marché des données : acteurs publics, startups, industriels, chercheurs... Facebook s'est également associé avec un accélérateur local pour trouver une pépite de la data. Par ailleurs, le Conseil régional entend développer un écosystème autour de la data pour faire de la région un acteur modèle dans la protection des données et leur exploitation. Analyse.
Pierre Maggioni, directeur général du MiPih, au coeur du data-center toulousain.
Pierre Maggioni, directeur général du MiPih, au coeur du data-center toulousain. (Crédits : Rémi Benoit)

La région Occitanie est-elle le nouvel eldorado de la data ? La question mérite d'être posée au regard des nombreuses initiatives qui ont émergé ces dernières semaines. Le réseau social américain Facebook vient d'annoncer s'être associé avec l'accélérateur de startup WeSprint, installé à Toulouse (mais aussi Marseille et Montpellier), pour déployer son programme d'accompagnement "Startup Garage" en Occitanie. Un dispositif de développement basé à Paris réservé aux startups qui travaillent sur la data.

"Jusqu'au 10 février, nous allons recevoir des candidatures de jeunes pousses basées en Occitanie, qui se positionnent sur l'économie de la donnée, leur gestion et leur protection. Par la suite, faisant partie du comité de sélection composé également de deux autres accélérateurs de startups, nous choisirons les entreprises qui correspondent aux critères demandés par Facebook", détaille Arnaud Laurent - CEO et co-fondateur de WeSprint.

Les heureux élus bénéficieront ainsi, pendant six mois, d'un accompagnement de la part de Facebook et de ses partenaires. Un "lot" qui comprend la participation aux ateliers de formation du Startup Garage à Paris, des conseils sur-mesure fournis à distance par des experts de Facebook, la participation au programme "Privacy by Design" du Startup Garage et l'accès à Station F à Paris notamment. Une vingtaine de places sont à prendre. Avant de voir émerger dans la sélection d'éventuelles pépites technologiques ?

Les données de 530 établissements de santé

La région Occitanie bénéficie déjà d'un riche écosystème de la data sur son territoire, avec quelques fleurons industriels. C'est le cas notamment du MiPih, le 1er établissement français certifié hébergeur de données de santé, qui est par ailleurs un groupement d'intérêt public (Gip), avec les établissements de santé français comme financeurs.

"Les établissements de santé adhérent à la structure gratuitement, puis nous facturons nos diverses prestations, à savoir l'hébergement de données et/ou l'info-gérance applicative (la gestion de données grâce à des logiciels de gestion conçus par le MiPih, ndlr). Actuellement, nous comptons 530 hôpitaux et établissements de santé français comme clients, dont 315 qui hébergent leurs données chez nous", explique Pierre Maggioni, le directeur général du Gip.

Data center Toulouse

L'hébergeur de données médicales MiPih dispose d'un data center à Toulouse et à Amiens (Crédits : Rémi Benoit).

Mis en service en 2011, ce data center toulousain occupe une surface de 1 000 m2 dans un endroit tenu secret pour des raisons de sécurité et où sont stockés pas moins de 3,6 péta, sachant qu'un seul péta représente 1 000 téra...

"Nous hébergeons les données des messageries internes, les informations des systèmes de gestion des médecins, de la facturation, des dossiers médicaux et des dossiers administratifs... Mais ce qui compte le plus ce n'est pas l'hébergement, mais ce qu'on fait de ces données. Ce sont des données vivantes qui doivent être traitées dans le but d'améliorer la prise en charge des patients et non pas faire du profit commercial. Un tel objectif nécessite de l'investissement et cela représente donc plus de la moitié de notre budget annuel", poursuit le dirigeant.

Après un budget de 77 millions d'euros pour l'année 2018, le MiPih disposera d'un budget en hausse pour l'année 2019 assure Pierre Maggioni, preuve de l'importance du sujet.

"Se distinguer par une gestion éthique"

"Nous avons une foule de données à gérer dans le monde, dont en Occitanie où beaucoup de données sont issues d'activités industrielles importantes. Il y a donc une nécessité d'assurer une souveraineté et une sécurité à cette big data, plutôt que de l'envoyer dans des hébergeurs à l'étranger", a martelé Nadia Pellefigue, vice-présidente de la Région Occitanie en charge du Développement économique, de la recherche, de l'innovation et de l'enseignement supérieur.

Data center Toulouse

Nadia Pellefigue veut faire de l'Occitanie une référence sur la data./ (Crédits : Rémi Benoit)

En visite au sein du MiPih vendredi 25 janvier, l'élue régionale veut notamment s'appuyer sur le savoir-faire de cet établissement pour créer un Data Pôle voire un écosystème régional autour de la data, réunissant startups, industriels, chercheurs et établissements publics.

"Comment peut-on archiver des données publiques et privées en toute confiance sur notre territoire ? La solution se trouve dans la création d'un tiers de confiance et c'est bien le projet du Data Pôle. L'Occitanie doit se distinguer par sa gestion éthique des donnés et donc s'illustrer comme une référence dans la protection de la data", conclu Nadia Pellefigue.

Lire aussi : Comment l'aéroport de Toulouse veut exploiter les données des passagers

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